Notes historiques

ÉTOILE sous la Révolution - Léopold LAMOTHE

 

Notes historiques

Grace à sa merveilleuse situation et à la nature de son sol, la commune d’Étoile est une des plus riches du département. Toute la grande plaine en effet appartient aux terrains d’alluvions, un peu maigres et caillouteux cependant, vers le nord, mais très fertiles au midi, sauf quelques landes arides sur les bords du Rhône. Encore, ces derniers terrains se prêtent-ils admirablement à la culture de la vigne, qui s’y trouve mieux à l’abri des attaques du phylloxéra.

Les plateaux de Donnay et des Beaugros, grès ferrugineux très énergiques, sont de même formation, quoique antérieurs aux premiers (alluvions anciennes). Enfin, la partie du territoire avoisinant les communes de Montéléger, Montoison et Ambonil, consiste en couches tertiaires (miocène et pliocène), a sous-sol généralement molassique. Or, cette pierre grossière, par ses débris coquilliers : pectens, volutes, murex..., apporte sans cesse à la terre arable un élément précieux, le phosphate de chaux, convenant surtout à la culture des céréales et du sainfoin. C’est à peine si les maigres assises néocomiennes font une timide apparition au quartier de Campannes, tandis qu'elles se montrent dans les trois quarts du département, et l’on ne saurait le regretter puisqu’elles ne donnent jamais qu’un sol ingrat par sa pauvreté.

Une poignée de sable de notre grand fleuve laisse voir bien des éléments divers au lavage. L’or y est relativement en assez grande quantité. C’est ainsi, qu’il y a cinquante ans, plusieurs familles d’orpailleurs vivaient de leur intéressante industrie. On estime, d’ailleurs, à plus de 150 millions, le précieux métal que le Rhône renferme dans son sein. Inutile d'ajouter qu’après les lavages, qui n’ont rien de difficile, on verse quelques gouttes de mercure sur le sable resté au fond de la sébile ; ce métal absorbe l’or, et il ne reste plus qu’à porter le liquide ä une certaine température pour amener l’évaporation du premier.

Le fer y est naturellement plus abondant : on le rencontre en grains microscopiques, d’un brillant remarquable. Citons encore les rubis, presque aussi nombreux que les grains de quarts, mais trop petits pour être utilises, l’émeraude, le saphir, la topaze, en un mot, toutes les pierres précieuses qu’on trouve dans la nature. Les Alpes ont été leur patrie- primitive, et le Rhône, I ‘Isère, les ont amenées là.

Il n’entre pas dans notre cadre d’écrire l’histoire complète d’Étoile; nous voulons, seulement, rappeler des faits qui intéressent directement la commune. Disons, d'abord, que son territoire était compris dans le pays de Ségalauniens (*).

Le premier outil de l’homme, on le sait, fut une pierre dure, taillée en forme de hache, le fer n’étant pas encore connu. Cet instrument, emmanché dans des os de renne, lui servait à la chasse et à la guerre. C’est avec ce coin, aussi, qu'il abattait les arbres qui devaient entrer dans la construction de sa cabane, lorsqu’il abandonna, enfin, la triste et sombre caverne (**).

On trouve encore de ces haches antiques en travaillant le sol ; elles sont désignées, dans nos campagnes, sous le nom de pierres du tonnerre, et les gens ignorants croient qu’elles préservent de la foudre. Lorsque le temps est à l’orage, on les jette au milieu du feu, et l’habitation est ainsi préservée !

Les ornements de nos ancêtres consistaient, à cette époque reculée, en petits morceaux de serpentine, de silex, etc., tailles et percés avec soin. Ces grains de colliers s’appellent ici : pierres de crapaud, de serpent, du lézard... selon la couleur et la forme. Elles passent pour guérir les bestiaux de certaines maladies, telles que la clavelé.

Le remède est d’ailleurs facile : on met tremper les pierres dans l’eau bouillante, et on donne à boire cette eau a la bête. Quelquefois, aussi, elles sont cousues dans la laine d’un mouton, et alors, tout le troupeau est préservé. Qu’en pensez-vous, MM. les vétérinaires ?

(*) Tribut gauloise

(**) En face d’Étoile, dans les rochers qui dominent Soyons, on voit plusieurs de ces cavernes

Habitées par les premiers hommes : on y trouve des ossements, des cendres, des pointes de flèche, des couteaux en silex, etc. Les plus connues sont celles de Néron et du Renard. Des fouilles bien conduites permettraient découvrir de véritables trésors de l’époque préhistorique. Le musée de St-Germain, leur doit une partie du ses inestimables collections.

Nos ancêtres furent témoins du passage d’Annibal (2l7 avant J.-C.) Le général carthaginois franchit le Rhône avec son armée et trente-sept éléphants, destines à épouvanter les Romains.

Plus tard (120 avant J.C.), notre vallée vit s’abattre sur elle une nuée de barbares, les Teutons et les Cimbres, chassés de leur pays par un débordement de la Baltique. On sait que Marius les extermina à Aix et à Verceil, débarrassant ainsi sa patrie de ces hôtes importuns.

JULES CÉSAR fit la conquête de la Gaule de  58 à 55 ans avant. J.-C. Les Romains civilisèrent leurs nouvelles provinces ; de sorte que loin de penser comme FAUJAS de SAINT-FOND, qui parle dans son discours, a la Fédération d’Étoile  des brigands de Rome », nous dirons, au contraire, que cette conquête fut un véritable bienfait pour nos ancêtres. Puis la Gaule embrassa le christianisme et se couvrit peu à peu de routes et de monuments romains. La première voie construite est celle d’Arles à  Vienne, passant à La Paillasse.

La décadence de l’empire des Césars amène l’invasion des barbares (407 ans après J.-C.). La riche vallée du Rhône devint la proie des Burgondes. Mais CLOVIS battit leur roi GONDEBAUD et rendit leur État tributaire.

Les Sarrazins ravagèrent longtemps cette contrée : ils enterraient leurs morts dans des cercueils en tuiles dites sarrasines, que l’on confond souvent avec les tuiles romaines. Il est à remarquer que nous ne saurions descendre des Francs, ici, mais des Gallo-Romains, des Burgondes et des Maures.

En 879, plusieurs évêques réunis à Mantaille (prés St-Rambert), indignes de la faiblesse de Louis le Bègue, qui les laissait sans appui contre les incursions des Sarrasins, choisirent, pour roi, son beau-frère BOZON. C’était l’ancien royaume de Bourgogne qui renaissait. Un de ses successeurs, Rodolphe le Fainéant légua ses États à Conrad, empereur d’Allemagne (993). Telle est l’origine des prétentions de nos voisins d'0utre-Rhin sur la vallée du Rhône. Ils ont bonne mémoire, on le voit !

Toutefois, l’autorité des souverains germaniques fut plutôt nominale que réelle ; ils se contentèrent de concéder de nombreuses chartes aux seigneurs et au clergé, pour montrer qu’ils étaient bien les véritables maitres.

Des pluies continuelles avaient noyé la terre : la moisson fut perdue,  et il fallut, grands et petits, se nourrir de bêtes et d’oiseaux. Cette ressource épuisée, la faim se fit cruellement sentir, et après avoir essayé de se nourrir avec l'écorce des arbres ou d’herbe des ruisseaux, il fallut se résoudre à dévorer des cadavres. Le voyagent assailli, succombait sous les coups de ses agresseurs ; ses membres étaient déchirés, grillés au feu et dévorés. D’autres, fuyant leur pays, et croyant fuir la famine, recevaient l’hospitalité sur les chemins et leurs hôtes les égorgeaient la nuit pour en faire leur nourriture.

Quelques-uns présentaient à des enfants, un œuf ou une pomme pour les attirer a l’écart et les immolaient à leur faim. Les cadavres furent déterrés en beaucoup d’endroits, pour servir à ces  tristes repas. Un misérable usa même porter de la chair au marché pour la vendre cuite. Arrêté, il ne chercha pas à nier son crime ; en le garrotta et on le jeta dans les flammes. Un autre alla dérober cette chair qu’on avait enterrée, la mangea et fut brûlé de même.

On a trouvé, près de Macon, dans la forêt de Châtenay, une église isolée, consacrée à Saint-Jean. Un scélérat s’était construit, non loin de là, une cabane ou il égorgeait tous les passants et les  voyageurs qui s’arrêtaient chez lui. Le monstre se nourrissait ensuite de leurs cadavres. Un homme, un jour, vint y demander l’hospitalité, avec sa femme et se repose quelques instants. Mais, en jetant les yeux sur tous les coins de la cabane, il y vit des têtes d’hommes, de femmes et d’enfants. Aussitôt il se trouble, il pâlit, il veut sortir. Mais, son hôte s’y oppose. La crainte de la mort  double les forces du voyageur. Il court en toute hâte à la ville communiquer au prince Otton et aux habitants cette affreuse découverte. Un envoie, à l’instant, un grand nombre d’hommes pour vérifier le fait : ils trouvent, ii leur arrivée, cette bête féroce dans son repaire, avec quarante-huit tètes d’hommes dont il avait mangé la chair. On l’amène à la ville, on l’attache à une poutre et on le jette au milieu du feu. Nous avons, nous-même, assisté ii son exécution.

Un essaya, dans la même province (Bourgogne) un moyen dont  nous ne croyons pas qu’on se soit avisé ailleurs. Beaucoup de personnes mêlaient une terre blanche, semblable à l’argile, avec  ce qu’elles avaient de son et de farine, et elles en formaient des pains pour satisfaire leur faim cruelle. C’était le seul espoir qui leur restât d’échapper à la mort, et le succès ne répondit pas a  leurs vœux. Tous les visages étaient pâles et décharnés, la peau tendue et enflée, la voix grêle et imitant le cri plaintif des oiseaux expirants.

Le grand nombre des morts ne permettaient pas de leur donner la sépulture, et des loups, depuis longtemps attirés par l’odeur des cadavres, venaient déchirer leur proie jusque dans les villes.

Comme on ne pouvait pas donner à tous les morts une sépulture particulière, à cause de leur grand nombre, des hommes, pleins de la grâce de Dieu, creusèrent dans quelques endroits des  fosses nommées charniers ou l’on mettait cinq cents corps et quelquefois plus. Ils gisaient, là, confondus, pêle-mêle, demi-nus, souvent même, sans aucun vêtement. Les carrefours, les fossés, servaient même de cimetières. Raoul de GLABER, chroniqueur et témoin oculaire.

C’était le bon vieux temps ! Ces famines n’étaient, d’ailleurs, pas rares, puisqu’on en compta quarante-huit de 970 à 1040, c’est-à-dire en soixante-dix ans.

L’ordre religieux des chevaliers du Temple était tout-puissant dans cette région, et les restes de leurs couvents ne sont pas rares. Un n'a pas oublié l’expression populaire : boire comme un Templier. Ils furent chassés ou brûlés par Philippe le Bel, avec l’assentiment du pape Clément V. Leur plus grand tort était, peut-être, d’avoir accumulé des richesses immenses.

Nous avons déjà dit que les empereurs d’Allemagne n’eurent jamais, ici, que l’ombre de la puissance. Certains seigneurs profitèrent de ce qu’ils étaient bien loin pour se rendre indépendants. En 1349, le comte HUMBERT II, céda sa province et la France.

Louis XI séjourna quelques années à Valence : il logea aussi au château d’Étoile. Plus tard, Henri II se rendit également ici pour visiter la célèbre Diane de Poitiers.

On sait que les guerres religieuses désolèrent le Dauphiné. Grace à ses remparts, Étoile eut peu à souffrir de ces tristes luttes de l’intolérance.

Une délibération du 16 juillet 1769 nous apprend qu’ « ou n’enterre plus dans la nef de l’église  paroissiale depuis trente ans (1739), époque ou on la fit tabler a neuf : on n’enterre plus que dans des caveaux, où plusieurs familles ont droit ».

Les officiers municipaux déclarent  que les inhumations dans l’église seront défendues dans l’intérêt public, sauf pour les personnes qui ont droit de caveaux.

Sur la place de l’église, en face de l’habitation du comte DUPONT, s’élevait le pilori, poteau auquel on attachait les condamnés, pour les exposer à la vue du public, à la sortie de la grand’messe. Un carcan, passé au cou du criminel, le tenait immobile, tandis qu’un mouvement de rotation, imprimé au poteau, permettait aux spectateurs de le voir, quelle que fut, d’ailleurs, leur place.

Cet affreux supplice moral cessa en 1789.

Se présentent à l’hôtel de Ville : honnêtes: Pierre FRAUD, du Bourg-lès-Valence, tenant la boucherie de Saunières, et Jean PLANTIER, boucher à Étoile, pour fournir la viande pendant une année. Ils s’engagent à livrer du bon bœuf, veau et mouton, au prix de quatre sols, six deniers la livre; et la vache et brebis pour trois sols, six deniers - le tout, de très bonne qualité, sans quoi MM. les officiers municipaux pourront, sans aucune formalité de procès, confisquer la viande non recevable au profit de l'hospice d’Étoile.

En revanche,  il est défendu aux particuliers de cette commune de mâter ou débiter aucuns bestiaux, ni de se pourvoir ailleurs que chez les sieurs FRAUD et PLANTIER, sous peine d'être poursuivis.

Le 20 mai 1176, les sieurs François JUVENET, dit le Cadet, habitant Montmeyran, et Pierre ROULE, boucher à Étoile, fournissent la viande au prix de trois sols et demi la livre (brebis).

Le 15 août 1768, dans l’hôtel de Ville d’Étoile, par devant Simon ROUX, capitaine châtelain, exerçant la police dans la commune, en l’absence de M. BACHASSON, juge dudit lieu... le sieur NAVETTE, consul, pour se conformer aux édits et déclarations du Roy (mai 1766), a convoqué MM. FONTBONNE (*), ancien capitaine au régiment d’Auvergne, chevalier de l’Ordre de Saint-Louis, Jacques DESAYMAR et Ange DUPONT, formant la noblesse de cette commune, à effet de nommer un député.

Est élu : FONTBONNE.

Clergé: Se réunissent, pour le même objet: Jean-Alexandre VERSAIN, docteur en sainte théologie, curé d’Étoile ; Joseph-Venance Vaulouis DOZON, ancien curé du Puy-Saint-Martin ; Louis-Simon-Jullien ODE, vicaire ; Jean-François PORTES, prêtre chapelain.

Est désigné à l’unanimité : Jean-Alexandre VERSAIN.

Notaires : Pierre-Hyacinthe BORNE ; Pierre ROBERT.

Député : Pierre ROBERT

Bourgeois : Antoine MELLERET, père ; Jean TERRASSE, commenceau du Roy ; Antoine MARMAND ; Pierre CROZIER ; Antoine-Marcellin NAVETTE ; Jean SEIGLE ; Antoine MELLERET, fils.

Élu : Antoine MELLERET, père.

Négociants : Louis ROUX ; Henri THOMAS ; Antoine RAMUS ; Jean ROUX ; Henri THOMAS ; Antoine RAMUS, fils ; Jean ROUX, marchand et chirurgien.

Député : Henri THOMAS.

Cordonniers: Pierre SAILLENT ; François MONIER ; Jean JAMONET ; Louis MIONET ; Antoine MONIER ; Jean BOUVIER ; Mathieu BOUVIER ; Denys Espagne ; REYMOND ; FARON, cordonnier ; Reymond SAPIN ; Henri-François SAUZE ; Charles GIREN ; Jean GARY, bourrelier.

Élu : Pierre SAILLENT.

Boulangers, Aubergistes et Tailleurs : Laurent BORNE ; Pierre MARGERIE ; Louis RAMUS ; Charles POINT ; François CROZIER ; Jean-Antoine POINT ; Jean ARNAL ; Antoine LIOUX ; Antoine FAURE, boulangers et aubergistes ; Pierre BOUVIER ; Denys SIMON et Joseph CHAMON, tailleurs.

Élu : Pierre MARGERIE.

Menuisiers, Serruriers, Maréchaux et Maçons : Jean-Louis PPOINT, Jean-Louis FREYSSIN ; Jean MIONET ; Pierre CROZAT ; Louis ANDRÉ ; Pierre TESTON, BRESSON, menuisiers ; Pierre SAUSSE ; Jean SAUSSE ; Jean-Baptiste BRESSON ; Antoine PPOINT, serruriers et maréchaux ; Antoine LAGER ; François RICHARD ; Jean MAYAUSSE, maçons.

Député : Jean-Louis POINT.

Laboureurs : Henri POINT ; Simon MARGERIE ; Pierre LASSAIGNE ; Jean-Louis ANDRÉ ; Louis DIDIER ; Jean-Jacques SOTRON ; Antoine GASQUET ; Jean-André ASTIER ; Louis FERRIER ; Jacques RAMBAUD ; Antoine THOLOMET ; Claude MARGERIE ; Barthélemy SOTRON ; François CHÂTAIGNON, tous laboureurs.

Député : Henri POINT (à l’unanimité).

Ménagers et Vignerons : Jean-Jacques MIONET ; Jacques ROBERT ; Hippolyte SERVOLE ; Pierre CHOL ; Michel CROZAT ; Jean-Jacques THIBAUD ; Antoine CROZAT ; Louis BÉRARD ; Lambert ARTAUD ; Benoit CHARIGNON ; Antoine CHARIGNON ; Michel JAMONET ; Denis POZIER ; François ROUX ; Joseph CHARIGNON ; Antoine SERVOLE ; Louis POINT ; Luc PONCET ; Claude CROZIER ; Simon COLOMNAT ; Joseph MONTAIGUE ; Barthélemy CARIGNON ; Antoine FREYSSIN ; Jacques BRESSON ; André GUÉRIN ; Antoine TROUILLET.

Élu : Marcellin FREYSSIN.

Tisseurs et fabricants d’étoffes : Jean ROUX PEYROUSE ; Claude SERVOLE ; Louis JACQUET ; Pierre REYNIER ; Louis DECOUP ; André GOURDOL ; Joseph TROUILLART ; Jean PÉCOLET ; Henri MICHEL ; Jean LOMBARD ; Jacques NICOLAS ; Jean POINT.

Élu : Jean ROUX.

(*) Père du général Alexandre FONTBONNE

Il est représenté par le syndic receveur qu’il se récolte du bon vin sur le territoire d’Étoile, peut-être même meilleur que dans les localités voisines. Or, les cabaretiers vont en chercher ailleurs, de très mauvaise qualité, parce qu’il leur est vendu à bas prix, laissant ainsi ceux de l’endroit. De là, une perte notable pour nos cultivateurs qui, découragés, laissent les coteaux en friche, ne pouvant ni débiter leurs vins ni à, Livron, Loriol et Valence, où les droits d’entrée sont exorbitants.

Le Conseil ordonne, en conséquence, qu’il sera défendu, à l’avenir, aux cabaretiers et habitants du bourg, d’entrer aucun vin étranger jusqu’à ce que la récolte de la commune soit entièrement épuisée.

Seront confisqués les vendanges et vins achetés au dehors. Une commission fixera, en même temps, l’époque des vendanges, certains cultivateurs enlevant leur récolte avant l’entière maturité. Toute contravention entraînera la confiscation du raisin et vingt livres d’amende au profit de l’Hospice d’humanité.

M. Charles-François CHAIX, prieur, curé d’Étoile, et conseiller du corps municipal,  représente que les fêtes et dimanches, pendant l’office divin, souvent même tonte la nuit, les cabarets ne désemplissent pas, et qu’il s’y commet toute sorte d’excès et rixes.

En 1774, le comte de Tournon réclame les censes (*) de la terre du Parquet. Mais Guy De VILLE, seigneur italien, proteste, alléguant qu’il est adjudicataire de ce fonds. Il s’ensuivit donc un procès retentissant entre les deux seigneurs. Le premier reconnaissait Simon ROUX, avocat, comme

Capitaine châtelain, tandis que De VILLE le révoquait, en le remplaçant par Baltazar  MORIER.

Voici, d’ailleurs, un extrait des provisions qu’il lui accordait :

Nous, Guy, marquis De VILLE, vicomte d’Étoile, baron de la Côte-Saint-André,  seigneur de Cabianca, noble patrice de Ferrare, etc., etc.

 Bien informé de la bonne vie, mœurs, religion catholique, apostolique et romaine, et de la probité et capacité de M. Baltazar MORIER, nous lui avons donné et octroyé l’état et  office de châtelain de notre terre d’Étoile, dans toute son étendue - révoquant en même temps les provisions données à M. ROUX par feu M. le marquis de Melchior LANCELOTTO de VILLA, mon père.

Voulant que M. MORIER jouisse du dit office, ainsi que des honneurs, droits, profits, privilèges et prérogatives y appartenant, durant tout le temps qu’il nous plaira.

En foi de quoi, nous lui avons expédié les présentes, signées par nous, et scellées du cachet de nos armes et contresignées par notre secrétaire.

                               Donne en notre hôtel de Ferrare, le 8 avril 1777.

Signe : GUY DE VILLE.

Un arrêt du parlement de Grenoble donna raison au seigneur italien.

(*) Redevances du métayer à son seigneur.

Depuis cinq ans, les censes seigneuriales, tant en grain, qu’en vin, argent, etc., n’ont pas été perçues, les fermiers ne sachant s’ils doivent les payer à De VILLE ou au comte de Tournon. D’ailleurs, ils sont loin de s’en plaindre. Cependant, le Conseil municipal, estimant que les arrérages seront sans doute réclamés,  fait remarquer qu’une telle mesure ruinera les fermiers.

Il proteste, en même temps, contre  les prétentions du meunier de la communauté, qui se paye à discrétion, en ne tenant point de poids au moulin ; de sorte qu'il est impossible de savoir au  juste la quantité de blé qu’il enlève au pauvre cultivateur. Chacun trouve sa mesure bien grande.

Le four banal donne également lieu à une foule de plaintes : on n’y cuit que deux jours par semaine. À toutes les fournées, des pains restent, ou se gâtent, étant trop pressés ; et l’on ne peut plus reconnaitre son bien.

Les officiers municipaux demandent au Parlement  qu’il soit enjoint au seigneur de placer un poids dans le moulin et de rendre le meunier responsable des dommages causés aux farines et blés ;  ainsi que le fournier, pour la pâte et le pain.

En 1785 (14 novembre),  le curé CHAIX proteste contre la destruction du pavé de différentes rues. Pendant sept mois consécutifs, des paveurs et manœuvres, aidés de tombereaux, ont enlève trois pieds de terre devant l’église. Il est difficile, au reste, de savoir pour le compte de qui travaillent  tous ces gens. Quand on les interroge, ils ne veulent pas le dire, et ceux qui les payent ne paraissent que rarement sur le chantier. Cependant, il est reconnu, aujourd’hui, que les auteurs responsables de ces dégradations ne sont autres que noble Alexandre DUPONT et Simon ROUX, avocat.

L’honorable curé ajoute : Je serais resté muet, si l’intérêt public n’en souffrait pas. Mais le tout n’a été fait que pour l’utilité de M. DUPONT fils et de M.ROUX; les grosses eaux pluviales entraient dans le bas de leurs maisons, et, pour les rendre saines, ils n’ont pas craint l’enlever le pavé de la Grand’ Rue, depuis la porte Écuyère jusqu’à la maison de Jacques ROULE, boucher. Ils ont mis, en outre, les fondations de l'église à jour, de sorte que la rue se trouve aujourd’hui en colline. Aussi, les voitures du plaignant ne peuvent plus se rendre à sa maison, qui est derrière l’église. Son autre maison, près de la porte Écuyère, a donné coup depuis lesdites feuilles.

MELLERET, ainé, se joint au curé CHAIX pour protester contre ces travaux  « intéressés » disant qu’il ne peut plus se rendre  dans sa maison par suite d'une montée impraticable (maison Germond).

En 1789, les habitants de cette commune se jetèrent avec enthousiasme dans la Révolution : ils avaient déjà mérite à Étoile le surnom de PETITE RÉPUBLIQUE.

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Date de dernière mise à jour : 24/09/2022

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