La terreur-2

Le citoyen Pierre PÉLERIN, ci-devant curé, est venu prévenir la municipalité que la maison curiale offrait un local propice pour ses réunions et ses travaux.

SAYN, maire, et Louis SAUSSE, agent national, se transportent de suite au presbytère pour en visiter les appartements. Ils trouvent tout ce que le Conseil général peut désirer: local spacieux et  commode, éloigné du tumulte, chauffage économique, etc.

Les archives, bureaux, armoires y sont installés immédiatement.

Une salle est réservée au Comité de surveillance révolutionnaire.

Le maire SAYN expose à son Conseil les bienfaits de l’instruction. Il est malheureux, dit-il, que la grande majorité de nos concitoyens soient encore illettrés. Nous devons  chasser l’ignorance en appelant des éducateurs qui élèveront nos enfants.

Sa proposition fut adoptée, et les sieurs Jacques-André ROQUEMAUREL et DUNAN venaient, quelques jours après, à Étoile, comme instituteurs publics.

La Municipalité, considérant que les citoyens dont les maisons s’appuient contre les remparts sont privés d’air et de lumière, les autorise à prendre des jours sur ces murs, chacun devant soi, sans nuire à son voisin. Ils feront disparaitre ainsi les restes des anciens fers dont l’infâme tyrannie les avait chargés.

Il sera distribué quatre cent vingt-neuf livres neuf sols, trois deniers aux parents des défenseurs de la Patrie. Des charrues et tombereaux seront, en outre, réquisitionnés pour leur prêter aide dans la, culture de leurs terres.

Le 30 frimaire, an 2, trois commissaires da la Société républicaine présentent une pétition au

Conseil municipal, tondant à obtenir pour lieu de réunion la ci-devant église paroissiale. Appelés à signer leur supplique, ils l’ont fait, déclarant qu’ils ne reconnaissaient d’autre Divinité que l’Être créateur et la Liberté émanée de lui, et, qu’au surplus, ils foulaient aux pieds et les fanatisés et les fanatiseurs.

Le Conseil reconnait les vues bienfaisantes de lu. Société Populaire et lui donne satisfaction dans la mesure du possible. Toutefois, il fait observer que l’église paroissiale n’est pas propice, ni commode pour de telles réunions, et cède, à la place, la chapelle des Pénitents, après que des réparations indispensables y auront été faites.

Quelques jours après, les sieurs ARMORIC et LEYSSIN, menuisiers, étaient chargés de dresser  quatre estrades superposées et un bureau pour la somme de quatre cent cinquante livres.

Le 27 frimaire, les officiers municipaux décident que, pour se conformer au décret du Directoire, les objets en fer et cuivre : croix, encensoirs, cuvettes, plats, chandeliers, girouettes et fleurs de lys, en un mot tous les emblèmes de la royauté, féodalité et superstition seront enlevés par leurs soins dans le courant de la semaine.

Il fut dépense trente livres pour ce travail.

Un arrêt ainsi qu’il suit la liste des citoyens qui remplirons les fonctions de jurés pour la commune d’Étoile :

Jean-Pierre TERRASSE, maitre de poste

Jean-Pierre MELLERET

Jacques-Thomas GIRAUD, maître d’hôtel

Louis-Simon ROUX, cultivateur

Joseph POZIER, cultivateur

Antoine-Marcellin NAVELL

Antoine SAYN, père

Jean-Louis SAUSSE

Jean-Jacques SAYN, fils

Antoine MELLERET, fils

Henri POINT, père, fermier à Suze

Louis BOUVET, cultivateur

Louis ROUX, père, à Peyroton

Jacques GUÉRAIN, vétéran

Jean ROUX, chirurgien

Pierre CROZIER, au Chiez

Pierre PÈLERIN, curé

Jean FRANÇOIS, aux Iles

Louis-Adrien RAMUS, boulanger

François ARTAUD, menuisier

Antoine PIALOUX

Pierre FREYSSIN, menuisier

Jean-Louis POINT, à Billon

Barthélémy CHARIGNON

Jean ROMIEU, aux Robins

Joseph SAUZE, fils

François CROZIER, fils, boulanger

François MONIER, fils, cordonnier

François PETIT, étammier

François AMORIC, menuisier

Louis GIRAUD, cultivateur

Antoine FAURE MAGAT

Jean-Pierre THOMAS, aux Josserands

Simon CLOT, père

Mathieu ROMIEU, à Lapaillasse

Jean-Louis BLACHE, à Péchibrand

Jacques MIONET, cultivateur

Henri POINT, fils, à Suze

Simon POINT, boulanger

Jean-Baptiste PORTES, aux Barriaux

Marc BORNE, secrétaire-greffier

Jean-Pierre FRAUD, à Mouton

Fabien LOZÉE, menuisier

Louis MIONET, cordonnier

Claude JACQUET, tisserand.

Le Conseil proteste avec la dernière énergie contre les prétentions de Valence, qui voudrait que le canton alimenta ses marchés. Or, la municipalité fait justement remarquer qu’Étoile a aussi les siens qui datent de la plus haute ancienneté et que ses habitants (*) ne sauraient fournir et les uns et les autres ; mais que les citoyens du chef-lieu trouveront, ici, des grains à acheter tant qu’il y en aura dans la commune, de même que toute la sécurité et tranquillité désirable.

(*) D'après le dernier recensement de 1791, la population était de 2645 habitants

Le successeur du curé CHAIX déclare renoncer il ses fonctions de prêtre d’Étoile. Il réclame une pension alimentaire à la Convention, attendu qu’il ne possède aucun moyen d’existence. Ce prêtre, qui avait été l’âme de la Société populaire signe sa démission : PÉLERIN, citoyen républicain. Il était, en dernier lieu, le seul ecclésiastique de la paroisse.

Le Conseil général délibère qu’il sera fait mention honorable de la susdite renonciation de Pierre PÈLERIN, ci-devant curé, qui n’a cessé de donner, jusqu’à ce jour, des preuves non équivoques d’un patriotisme pur et éclairé et du plus ardent civisme.

La terre dite d’Étoile est divisée en trois lots, afin de pouvoir l’affermer à un prix plus élevé:

La première partie, comprenant : les bois, le four, les fonds des Buissières, de la Raillane, la petite prairie des Routes, la moitié de la prairie en tête du parc (côté du levant), avec masures du ci-devant château de Papillon. Mise à prix : 1650 livres.

La deuxième, c’est-à-dire : les moulins, le terrain labourable, ainsi-que le restant des prairies situées dans le même parc et les trois fonds six aux Basseaux : 4200 livres.

Enfin, la terre des Dames, celle des lgnes, avec la grande prairie des Routes : 1430 livres.

Le 13 nivôse, an 2, le district de Valence cassait et annulait les marchés d’Étoile, ordonnant aux officiers municipaux de faire dissiper par la force armée tout rassemblement qui pourrait se produire.

Grande surexcitation dans la commune, qui craignait le retour de la disette. M. SAYN, maire, réunit son conseil sur-le-champ, et, après l’avis de Jean-Louis SAUSSE, agent national, l’Assemblée considérant que les marchés sont de toute ancienneté dans le bourg, ainsi qu’en témoignent, d’ailleurs, les pierres que l’on voit devant l’église, pierres destinées il mesurer le grain ; qu’interrompus longtemps, ils avaient été remis en activité eu mars 1787, et qu’ils ne sauraient être abolis, - la loi du 19 vendémiaire n’annule  que les marchés établis depuis 1789 ; que les deux mille quatre cents habitants de la commune sont à la veille de manquer de pain ; déclare, en conséquence, nul et non venu l’arrêté du district de Valence.

Le premier floréal, le Conseil est reconstitue ainsi qu’il suit :

SAYN, maire ; Louis-Simon ROUX (*), cultivateur, agent national ; Pierre ROBERT, Joseph-Pierre MARTIN, Jacques MIONET, POZIER, TERRASSE, POINT, serrurier ; Jean ROUX, chirurgien ; Joseph SEIGLE, Louis DUSSERRE, à Pizé ; Simon MARGERIE, cultivateur ; Jean-Jacques SAYN, fils ; BRESSON père, maréchal ; GUÉRAIN, vétéran ; Fleureau MOURDEDIEU, Jean FRANÇ OIS, aux Iles ; SAUSSE père, POINT.

Comité de surveillance révolutionnaire : Thomas GIRAUD, BARDE, à Francillon ; CAMPERRI, Faure, des Barbettes, François-Thomas PÉRICHON, Pierre FRANÇOIS, François PETIT, étaminier ; Jean ROMIEU, BELLON père, BRESSON fils, maréchal.

Ces changements étaient rendus nécessaires parce que des membres de l’ancienne municipalité avaient reçu de nouvelles fonctions du Directoire de Valence, notamment Louis SAUSSE, nommé depuis administrateur du canton.

(*) Qu'il ne faut pas confondre avec Simon ROUX, avocat et ancien maire d’Étoile

Le 20 messidor, an 2, les citoyens s’assemblaient sous l’arbre de la Liberté, pour choisir vingt-trois hommes qu’Étoile doit encore fournir à l’armée des Alpes. Les jeunes gens désignés par le sort déclarent partir avec joie ; ils sont immédiatement habillés au frais de la commune.

Les offrandes affluent ; elles sont employées à l’achat de chemises en faveur des braves soldats, qui sont dans le dénuement le plus complet.

Un ballot de deux cent vingt chemises, trois paires de souliers, une paire de guêtres, deux paires de bas, est envoyé au Directoire, qui le fera parvenir à l’armée.

Un citoyen informe le Conseil général qu’une action inconnue dans les pays même les plus barbares vient de se passer dans la commune. Des parents ont abandonné leur production ! L’Assemblée, indignée, jugeant que la patrie doit se charger de l’éducation physique et morale de ces êtres infortunés, décide que la commune l'entretiendra et l’élèvera à ses frais.

Le maire SAYN voudra bien lui procurer une nourrice.

Le 9 floréal, la municipalité arrête que vu les dangers qui menacent la Nation, la moitié des impôts sera perçue à l’avance.

Une souscription organisée entre les citoyens d’Étoile pour participer à la construction d’un vaisseau de guerre, produit la somme de huit cent quarante-six livres. M. SAYN applaudit au civisme des citoyens qui ont bien voulu participer à la construction dudit vaisseau.

La chute de Robespierre amène la fin de la Terreur. Ou se félicite de n’être plus sous ce régime violant ; et le Conseil général adresse aux représentants du peuple la lettre suivante (10 nivôse, an 3) :

Ennemis jurés de toute domination, de quelque masque qu’elle puisse se couvrir, c’est avec le plus grand enthousiasme que nous adhérons, dans la sincérité de nos cœurs, au sage décret que vous avez rendu, le 22 brumaire, qui ferme l’entrée de cette Assemblée (Club des Jacobins) où quelques hommes, loin de s’occuper du bonheur de la grande famille, ne faisaient, au contraire, que déchirer la Patrie jusque dans ses propres entrailles, et ne reconnaissaient point d’autre ordre du jour que la terreur, ennemie d'un peuple libre.

Législateurs, vous les avez humiliés, ces intrigants qui levaient leurs têtes orgueilleuses ; et, grâce à votre énergie républicaine, ils sont entrés dans le néant : ils n’en sortiront jamais !

Mais, qui pourrait passer sous silence votre adresse au Peuple français, boussole assurée de tout vrai républicain dans les sentiers de la Révolution ? Quels sentiments purs et solides vous y avez manifestés ! Quel cœur assez insensible ne se sentirait pas pressé du désir de les mettre en pratique?  Oui, nous les professerons toujours, et la Convention nationale, seule, sera notre point de ralliement.

Continuez représentants fidèles, ä suivre votre illustre carrière ; déployer toujours, avec la même vigueur, cette étonnante fermeté que vous avez montrée dans la journée du  9 thermidor ; restez à votre poste. Nous serons sans cesse prêts à vous y soutenir ! Vous fixerez ces hautes destinées de la République française. Et tandis que nos armées se signalent sur nos frontières par des victoires si multiples qu’elles étonneront la postérité, vous donnerez la paix à l’intérieur, et vous consoliderez enfin une Constitution qui assure le bonheur de tous les citoyens.

                Vive la République ! Vive la Convention nationale !

Signé : SAYN, maire ; ROUX, agent national ; Joseph-Pierre MARTIN (ancien maire) ; POZIER, TERRASSE, ROBERT, Jean GUÉRIN, GUÉRAIN, vétéran ; POINT, SAYN, notable ; POINT, serrurier ; J. MIONET, BRESSON, SAUZE, DUSSERRE, BORNE.

Quelques mois après le 9 thermidor 1794, la municipalité de salut public est révoquée, et le représentant du peuple Jean DEBRY se rend à Étoile pour installer le nouveau Conseil. Il est reçu par l’ancien maire MARTIN.

Jacques DÉSAYMAR est appelé à la tête de l’Administration communale.

La mesure qui frappait l’honorable M. SAYN était trop générale pour pouvoir l’atteindre dans sa dignité. D’ailleurs les électeurs du canton, en reconnaissance des éminents services qu’il leur avait rendus, le nommèrent, il l’unanimité, président du Conseil général, fonctions qu’il occupa jusqu’au remaniement des justices de paix.

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Date de dernière mise à jour : 08/07/2021

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