Dans les premières années de la guerre, peu d’étoiliens participent à des actions de Résistance.
La note de De Saint-Prix, du 8 juillet 1945, résume l’attitude de Paul Verd :
« À la fin de 1941, Paul VERD (vieux militant socialiste) travaillait avec Fernand BOUCHIER, Émile GARÇON, BLACHE (journaliste au progrès), MOULET, l’adjudant-chef CHAMBRIER, de la Cartoucherie de Valence et JULLIAN (militant syndicaliste) qui assurait la liaison.
Les réunions avaient lieu chez VINCENT (vieux radical), marchand d’outils agricoles à Valence.
Les fausses cartes d’identité étaient fabriquées à la Caisse du travail de Valence.
Fin 1942, commencement 1943, on apporte chez VERD, deux postes émetteurs, un portatif, un qui fallait déménager sur remorque. Pendant six mois, les émissions avaient lieu deux fois par semaine.
Opérateurs : X, POULAIN (chef, tué à Combovin par bombardement), et FÉLIX.
Fin 1943, a abrité BOUCHIER pendant trois mois (rentré la veille de Noël). BOUCHIER est allé au Cheylard, à Privas, à Aiguebonne.
En 1941-1942, PLANAS n’était pas dans la Résistance.
VERD a planqué une centaine de jeunes chez les paysans.
Il travaillait avec René PERRIER et André MONTELLIER, son petit domestique. »
À ce résumé, viennent s’ajouter plusieurs témoignages.
Le témoignage de son cousin Pierre Verd :
Paul Verd était tourné vers Mirmande (plus au sud d’Étoile) et avec l’aide de Charles Caillet, agriculteur et ancien maire de cette commune destitué par le gouvernement de Vichy, et René Perrier, instituteur à l’école des Josserands, il place, parfois pour quelques jours seulement, une centaine de jeunes gens. C’est par ce réseau, que Pierre Verd, se cache dans une ferme de Mirmande pour ne pas partir au STO. Pierre Verd sera maire de la commune d’Étoile de 1965 à 1977. [2]
Témoignage de son domestique André Mantellier :
André est chargé de différentes missions sans être totalement informé de ce qui se passe dans la ferme. Un jour, il conduit Henri Faye, Compagnon de France aussi, auprès de Charles Caillet, qui doit lui trouver une planque. Ils prennent le car à la Paillasse (hameau d’Étoile sur la nationale 7) jusqu’aux Reys-de-Saulce (autre hameau sur la Nationale 7) et terminent à pied jusqu’à Mirmande. Parfois se sont des faux papiers, cachés dans ses chaussettes, qu’il livre à la même personne.
André voit quelquefois des allées et venues d’inconnus à la ferme. Souvent, son patron l’envoi faire des travaux dans les champs (travail sur les arbres fruitiers) avec consignes de ne pas revenir de sitôt, il comprend qu’il est mis à l’écart et qu’il y a des choses qu’il ne doit pas savoir.
Ce qui étonne les gens du hameau des Josserands, ce sont les fréquents voyages à Valence. Il arrive que René Perrier ramène de Valence, dans sa vielle voiture, des jeunes collégiens et Paul Verd, qu’il prend place de la République.
Début 1943, deux postes émetteurs sont confiés à Paul Verd, l’un est portatif, l’autre est plus volumineux, « il faut une remorque pour le déplacer », dit-il, ainsi que les deux opérateurs, Poulain et Félix (ce sont sûrement des noms dans la Résistance) qui n’habitent pas sur place. L’émetteur portatif est caché dans la chambre d’André Mantellier, en haut, dans une vieille bâtisse éloignée de la ferme.
À la demande de Paul Verd, André ramène le matériel qui doit servir, mais les émissions radio se passent à un endroit inconnu de lui. Ou alors : « démerde-toi, il faut déménager » ! André comprend qu’il faut faire disparaître l’émetteur.
Fin 1943, il accueille dans sa ferme aux Josserands Fernand Bouchier pendant 3 mois pour le cacher. Si les repas se prennent tous ensemble, il n’y a jamais de discussion sur la Résistance. [3]
[2] Pierre Verd, Témoignage recueilli le 23 janvier 2012
[3] André Mantellier, Témoignage recueilli le 19 mars 2014