Lucien Micoud passe les premiers mois d’occupation en Haute-Savoie et après l’armistice, il participe à la récupération et au camouflage d’armes avec les officiers du 27e bataillon de chasseurs alpins d’Annecy.
La Haute-Savoie, voisine de la Suisse, est le terrain idéal pour l’activité des passeurs. Avec l’aide des Compagnons de France, le passage en Suisse de personnes traquées, israélites, allemands exilés, est organisé. Lucien Micoud participe à une rencontre de Français résistants résidents à Genève, afin d’organiser une filière permettant le transit de la Suisse vers l’Espagne.
Lucien Micoud rendu à la vie civile doit trouver un emploi qui lui permette de cacher ses activités clandestines, il se tourne vers Gustave Coureau qui a pris la direction des Compagnons de France de la Drôme. Fin 1941, Micoud devient le nouveau chef de baillage de Montélimar et adjoint à Gustave chez les Compagnons de France.
En octobre 1942, lors d’un stage de chef compagnons au château de Saint-Sorlin, nord Drôme, il devient ami avec Pierre Laurent, chef de baillage du centre Drôme, qui l’invite souvent chez-lui à Étoile-sur-Rhône. Lucien rencontre une jeune fille qu’il épouse en 1943.
1943, la Relève n’a pas donné les résultats espérés par l’occupant allemand, le gouvernement met en place le STO, Service de Travail Obligatoire. Joseph Micoud, frère de Lucien, menacé par ce nouveau dispositif, rejoint la Communauté de travail Marcel Barbu qui possède une ferme à Combovin, contrefort du Vercors.
Marcel Barbu fait partie des Compagnons de France depuis son expulsion de Besançon en septembre 1940. En novembre 1942, il a été arrêté et interné à Fort-Barraux (Isère) pour refus de donner la liste de son personnel et s’oppose à la Relève.
Les interventions de Gustave Coureau, et d’autres, permettront sa libération en fin de l’année 1942.
C’est ainsi que Lucien Micoud décide de se rendre à la ferme de Mourras à Combovin pour rencontrer son frère mais aussi de mieux connaitre ce lieu qui devient vite le refuge des jeunes gens refusant le STO.
C’est à pied que Lucien Micoud fait le trajet et dans le bulletin de la communauté Barbu (numéro 6 du 1er septembre 1943), Lucien fait part de sa première visite à la ferme de Mourras à Combovin, en été 1943, dont le titre est : Cinq minutes de pose dans un sentier
La plaine est là, à mes pieds, devant moi, calme, aplatie, étalée sous le dur soleil.
La plaine avec sa vie organisée, facile, avec ses plaisirs, ses cinémas et tout ce qu’il faudra.
Derrière moi, je sais, je crois, qu’il y a le plateau, avec sa vie rude, occasion de fertiles victoires sur soi-même.
Je fais la pose, au milieu d’un sentier qui monte désespérément sans que j’en vois le bout.
J’en ai plein les jambes, pleins les reins, plein la tête.
Le sac pèse sur le dos. Il me parait lourd au point de me faire presque regretter l’arrachement de la plaine.
Et puis, après tout, que trouverai-je là-haut ?
Pour avancer, il va falloir monter.
Pour reculer, il me suffira de descendre.
Avancer-Monter ?
Reculer-Descendre ?
Avancer ou reculer ?
Il faut avancer sans penser à rien d’autre qu’à monter pour faire un pas de plus.
Que je suis loin des routes goudronnées !
Impossible de rester sur place, de stationner.
Il faut prendre position.
Lâchetés ou héroïsme.
Rester soi-même ou se dépouiller, rompre avec le passé.
Se renoncer.
Avancer !
Monter !
Dans son livre « Nous étions cent cinquante maquisards », Lucien Micoud explique comment les jeunes compagnons ont largement contribué à la création de la 6ème Compagnie du 2ème Bataillon, 1er Régiment de la Drôme.
Au 6 juin 1944, les compagnons de Crest, d’Étoile et de toute la vallée de la Drôme rejoignent le maquis, soit, pour le plus grand nombre, dans la 6ème compagnie dirigé par le capitaine Georges Brentrup (Ben) avec les lieutenants Laurent et Micoud, soit pour quelques-uns à la 4ème compagnie dirigée par la capitaine Jean Planas (Sanglier).