Les ordonnances du 26 août 1944, du 30 septembre 1944, du 26 décembre 1944, et du 9 février 1945 traitent d’indignité nationale toute personne qui a « postérieurement au 16 juin 1940, soit sciemment apporté en France ou à l'étranger une aide directe ou indirecte à l'Allemagne ou à ses alliés, soit porté atteinte à l'unité de la nation ou à la liberté des Français, ou à l'égalité entre ceux-ci ».
Ce sont ces ordonnances que la Commission d’Épuration drômoise à Valence va utiliser pour écarter toutes personnes « douteuses » avant les prochaines élections communales.
Le Comité de Libération d’Étoile craint que Jules Bellier se représente : « cette candidature jetterait le discrédit sur la Résistance qui l’a déchu et sur la 4ème République elle-même », et demande à la Commission d’épuration de faire le nécessaire pour interdire la candidature de Jules Bellier.
D’après des témoins, l’ex-maire de la commune a soutenu le régime de Vichy, critiqué publiquement et ouvertement les gaullistes et leurs alliés et a présidé la Légion avec zèle. Il n’a rien fait pour s’opposer aux départs d’habitants au STO et n’a pas favorisé la Résistance.
Jules Bellier dément avoir eu les propos et les faits qui lui sont reprochés.
Pourtant tous les témoins interrogés précisent son action le 6 juin 1944 « Monsieur Bellier a défendu Étoile contre les représailles des Allemands » sans préciser de quelles actions il s’agit.
En fait, suite à l’action des résistants en début d’après-midi, l’armée Allemande est entrée dans le bourg d’Étoile dans l’intention d’opérer des représailles, quelques coups de feu ont été tirés sur le clocher de l’église.
Jules Bellier allant au-devant d’eux portant toutes ses médailles de combattant, a expliqué que les Étoiliens n’étaient en rien responsables de la fusillade du début d’après-midi car le commando était dirigé par une personne extérieure à la commune. Il a dû être suffisamment convaincant puisque les Allemands firent demi-tour.
Le 28 février 1945, la cours de justice de Valence le condamne à 5 ans d’indignité nationale, comme cela a souvent été le cas pour de nombreuses affaires de ce genre.
Se rendant à Valence pour des démarches, il manque le car qui doit le ramener à Étoile et décide de rentrer à pied. Fatigué, il se couche. Suite à ce coup de froid, Jules Bellier, décède le 13 décembre 1947 dans la maison qui l’a vu naître.
Extrait de l’ouvrage « Les Compagnons de France du valentinois »