Étoile-sur-Rhône

De cloches en cloches

De cloches en cloches Le village d’Étoile-sur-Rhône, dans la Drôme, est connu pour son riche patrimoine. Dans ce récit nous ne parlerons que de l’histoire des cloches qui sont au nombre de six, soit visible par les visiteurs du village, soit qu’elles se font entendre à différentes occasions. Dans cette histoire il faut rajouter deux cloches qui ont laissé des traces dans l’histoire de la commune mais qui ne sont plus visibles.

Liste des cloches dans cet article :

1• La cloche Louise en 1698

2• Cloche Marie Clotilde d’Étoile, 1839

3• Cloche de 1849, fêlée en 1944

4 et 5• Cloches 1957

6• Cloche de la chapelle Saint-Catherine 1850

7• Cloche à Saint-Marcellin

8• Cloche de la chapelle Saint-Roch

Un clocher doit être équipé de cloches ! Le rôle qui est attribué à ces cloches évolue suivant les époques. Jusqu’à l’avènement de la République, l’utilisation des cloches est sous la responsabilité du clergé, c’est-à-dire réservée pour annoncer les offices religieux réguliers : messes, vêpres... Les cloches annoncent aussi les évènements familiaux qui intéressent toute la communauté : les baptêmes, mariages, décès, avec suivant différents types de sonnerie en utilisant une ou plusieurs cloches.

Le clergé est aussi maitre du temps. En sonnant l’angélus, il fixe les points du jour : les matins au lever du jour, c’est le moment d’aller travailler, quand le soleil est aux zéniths, il faut s’arrêter et déjeuner, et le soir au coucher du soleil, se reposer par une nuit réparatrice, pour être prêt le lendemain et recommencer. L’angélus organise la journée de la population et s’adapte aux saisons.

Un sonneur rétribué a la charge de sonner les cloches sous la responsabilité du curé. Ce travail doit être assuré que par un homme de confiance, les cloches et le bronze qui les compose ont des vertus, elles sont souvent utilisées pour éloigner l’orage ou la grêle, et faire fuir le démon, « les sonneries civiles profanent le bronze sacré ».

C’est aussi une source de revenus pour le sonneur et l’Église, des contributions peuvent être demandées par le sonneur ou le clergé aux familles lors des baptêmes, mariages ou décès. Ne pas sonner à ces occasions est un déshonneur pour les familles.

Pour le clergé, le caractère sacré des cloches vient qu’elles sont bénies et sont baptisées. Le parrain choisit parmi les notables de la paroisse (et qui participe au financement) choisit à son tour la marraine. C’est un honneur d’être gravé sur une cloche.

  

Deux pouvoirs qui s’affrontent

La vie était ponctuée par ces envolées qui devaient être entendues de toute la population, chaque clocher avait son périmètre ce qui nécessite parfois des cloches de grosse taille.

Dans son champ le paysan était parfaitement informé de la vie de la communauté. Les sonneries respectées des règles codifiées : nombre de cloches, types de sonneries… un langage que la population connaissait.

Les républicains l’ont bien compris, laisser ce droit au grès du curé, c’est laisser la population dans l’ignorance en la maintenant dans l’application stricte de croyances qui ne devaient plus avoir cours. Jusqu’au début du concordat, les sonneries des cloches sont interdites. Par le concordat du 15 juillet 1801, l’évêque, après concertation avec le préfet, règle la manière d’appeler les fidèles aux services divins par le son des cloches. Les préfets sont invités à ne pas faire de zèle et souvent laissent les autorités religieuses libres d’agir. Dans les paroisses le curé est maitre des cloches et décide les sonneries qui parfois peuvent être longues et répétées pour bien marquer son autorité face au maire qui essaye, au nom de la république, d’obtenir des sonneries civiles.

Les oppositions peuvent être vives entre les autorités civiles et religieuses. Le maire a souvent des difficultés pour obtenir les clés qui sont sous la garde du curé qui tolère les sonneries civiles que pour les cas graves : incendie, invasions, épidémies…

Le maire, nommé par le préfet pour un an (ou plus), a des difficultés à s’imposer. Il n’obtient pas toujours l’autorisation d’utiliser une cloche pour l’horloge municipale qui, pour le curé, fait double emploi avec les ponctuations du temps organisé par les sonneries religieuses.

La loi du 21 mars 1831 organise la mise en place des institutions départementales et municipales et l’élection de leurs membres. Le corps électoral, composé des contribuables les plus imposés, est limité à un pourcentage de la population. Les rapports entre le curé et le maire changent, maintenant le conseil municipal représente la population, gère les intérêts de la commune et donne plus d’autorité au maire, c’est l’ascension de la conscience municipale.

Les maires veulent utiliser les cloches pour informer la population d’évènements qui les concernent : appel des électeurs pour des élections locales, appel pour la réunion du conseil municipal, pour l’arrivée du percepteur… mais aussi pour les fêtes nationales.

Sans remettre en cause les sonneries pour l’angélus, les maires souhaitent une sonnerie à heures fixes : la reprise du travail, le temps de repos et la cessation d’activités. D’autant que la mise en place d’une heure légale fixée par la loi du 14 mars 1891(avec l'essor du chemin de fer) donne une heure neutre qui s’impose à tous, rappelée par l’horloge municipale, quand elle existe.

Les conflits entre les deux pouvoirs vont exister bien au-delà de la loi de 1905 « loi de séparation des Églises et de l’État ».

  

La vie moderne

C’est d’abord dans les villes que les sonneries vont perdre de leur intérêt et font monter les oppositions au bruit.

Avant les années 1890, peu d’habitants possédaient une horloge. Pour les citadins, l’heure est plus souvent visible, soit aux pendules municipales, soit par l’existence d’horloges privées. La revendication pour le droit au silence, contre le bruit imposé, est de plus en plus nombreuse. De plus la démocratisation du courrier postal permet l’annonce des événements et les invitations personnelles.

Entendre le son des cloches, au loin, en se promenant dans la campagne, peut être plaisant. Mais pour ceux qui sont près de la source, ou malades, ou pendant leur repos, cette musique peut devenir pénible.

Les cloches portent généralement le nom du fondeur qui suit, comme une signature, le nom du parrain, marraine, curé, maire…

Deux fondeurs de cloches sont connus à Étoile, l’entreprise familiale BURDIN à Lyon, qui n’existe plus aujourd’hui, qui a fondu la cloche de la chapelle Sainte-Catherine et d’Emmaüs et la société PACCARD en Savoie qui est encore en activité, qui a fondu les deux dernières cloches en 1957. Sur la cloche de 1839, l’inscription est illisible.

  

BURDIN :

Il y a peu d’archives sur les fondeurs de cloches de la famille BURDIN.

La lignée est composée de Jean-Claude I BURDIN (1771-1825), il tiendra la fonderie depuis les débuts jusqu'en 1825. Ensuite, nous avons Jean-Claude II BURDIN (1794-1865), il tiendra la fonderie de 1825 à 1849.

Après, vient Jean-Claude III BURDIN (1823-1889), il tiendra la fonderie de 1849 à 1880. Sur les cloches fondues de 1849 à 1865, il sera gravé : BURDIN Fils AINÉ, Fondeur à Lyon, et de 1865 à 1880 - BURDIN AINÉ, Fondeur à Lyon. C’est la première marque qui est sur les deux cloches connues à Étoile, chapelle Saint-Catherine et Emmaüs.

Et enfin, le dernier Ferdinand BURDIN, tiendra la fonderie de 1880 jusqu'à la fermeture après la guerre de 14. La fonderie BURDIN avait une renommée internationale, la dernière œuvre marquante connue sera la réalisation du carillon de l'hôtel-de-ville de Lyon en 1918.

La fonderie était installée au 22 rue de Condé à Lyon.47.

  

PACCARD :

7 générations de fondeurs se sont succédé à la direction de l’entreprise. Au total, ce sont plus de 120 000 cloches qui rythment le quotidien des villes et villages à travers le monde entier et quelques cloches exceptionnelles qui ont marqué l’histoire de la fonderie.

C’est en 1796 qu’Antoine PACCARD, maire du petit village savoyard Quinta, désireux de doter l’église d’une cloche devient apprenti d’un maitre saintier itinérant (fondeur de cloches pour les églises), ce travail le passionne et crée à son tour un atelier sédentaire de fonderie de cloches dans sa commune. Ce sont ses fils, Jean-Pierre et Claude qui déménageront à Annecy-le-Vieux, plus près de la gare d’Annecy.

En 1989 la fonderie déménage à Sevrier, toujours en Savoie, ainsi que le musée PACCARD.

En 1891, l’entreprise PACCARD coule la plus grosse cloche de France : la « Savoyarde » du Sacré-Cœur de Montmartre.

Elle gardera le record avec la réalisation de la plus grosse cloche du Monde, pour les États-Unis. L’envolée de ses 33 tonnes a marqué l’entrée dans le troisième millénaire, sonnant les douze coups de minuit, le 31 décembre 1999.

Les cloches doivent donner un son agréable et deviennent de véritables carillons.

Les deux cloches livrées à Étoiles en 1957 portent la marque PACCARD.De cloches en cloches


Comprendre les éléments d’une cloche

De cloches en cloches

Une cloche peut avoir quatre faces. La première face est dans le sens du balancement, et c’est celle qui est visible en arrivant dans le clocher. Sur la grosse cloche, les inscriptions sont sur trois lignes autour de la cloche.

Dans son ouvrage de 1891 ÉTOILE sous la Révolution, Léopold LAMOTHE dans sa dédicace il dédie son livre :

 À la mémoire des Citoyens qui luttèrent pour la Liberté !

Hommage respectueux aux Descendants des illustres familles : MELLERET, SAYN, MARTIN, SAUSSE, ROUX, ROBERT, MARGERIE, MORIER...

Ce sont bien ces descendants que nous retrouvons inscrits sur les cloches de la commune.

Ces cloches ont une histoire qui colle à la vie du village. Les inscriptions qu’elles portent sont autant de livres ouverts qu’il faut, plus de deux cents ans plus tard, redécouvrir. Parrains, marraines, curés, maires, ne sont pas là par hasard, ils faisaient partie des notables qui comptaient pour la population.

Donc six cloches sont repérables à la vue ou à l’oreille. La cloche sur la chapelle Saint-Roch (quartier de la paroisse), la cloche à l’ancien prieuré Saint-Marcellin (propriété d’Emmaüs), celle sur la chapelle Saint-Catherine de l’ancien hôpital (ou ancien hospice) et les trois cloches de l’église Notre-Dame d’Étoile. D’autres cloches, que personne n’a vu ou entendu mais qui a laissé des traces dans l’histoire.

La première cloche qui marque l’histoire du village est la seule qui reste en 1793 après la Révolution.

  

Les cloches de Notre-Dame d’Étoile

D’après les historiens, le clocher aurait été construit bien après l’église, ils se posent même la question si le lieu actuel, au-dessus du cœur, est bien celui prévu à l’origine. Rare sont les églises qui ont leur clocher au-dessus du cœur, ce qui oblige que la ou les cordes encombrent l’espace autour de l’autel.

En 1651, un grave incendie accidentel détruit la toiture et une partie du clocher, d’importants travaux sont entrepris qui modifient l’aspect général de l’édifice.

Que reste-il des cloches ?

La cloche la plus ancienne trouvée dans les archives est le baptême de la cloche Louise. Dans le registre paroissial des baptêmes, mariages et décès, nous trouvons à la date du 29 octobre 1698, le baptême de la grosse cloche.

De cloches en cloches  

Le vingt et neuf octobre aues [autres] an j’ay béni la grosse cloche de l’église du pnt [présent] lieu en XXX de la permission que m’en a donné Monseigneur l‘évêque le 24 du pnt [présent] mois, noble Francoy [François] XXX et dame Louise FONTBONNE en ont esté [été] le parrain et la marraine qui lui a donné le nom de Louise, ayant esté [été] affecté  pour ladite cérémonie le dom Antoine des XXX sa XXX et vicaire de messr [messieurs] Jean GAXXX pnt [présent] et chapelain et de Messr [Messiers] Antoine GUXXX pnt [présent] et chapelain.

Peu d’informations sur le parrain noble Françoy et c’est la marraine Louise Fontbonne, qui décide de donner le nom de Louise à la cloche, est plus connue.

Mariée en 1677, à Étoile, avec Louis Jacquier-Vaulouis de Montbrunet, elle est la grand-mère de Marie-Anne Jacquier-Vaulouis de Montbrunet de Mariée en 1751 avec Louis Laurent de Parisot de Durand. Nous retrouverons la famille de Parisot à d’autres occasions de baptêmes de cloches.

  

C’est par le récit de Léopold Lamothe que se poursuit l’histoire de la cloche Louise :

13 octobre 1793, la Patrie est menacée par toute l’Europe : jamais elle n’a couru de plus grands dangers.

Dans ces circonstances terribles, et pour se conformer au décret du Directoire de la Drôme, la municipalité décide que la grosse cloche de l’église sera seule conservée et que les deux autres et celle des Pénitents seront envoyées à Valence pour être fondues en canon.

On fait appel au dévouement des citoyens, et afin de ne pas les déranger des travaux des semailles, l’opération est remise au dimanche suivant.

Mais la Société populaire crut voir une manœuvre dans ce retard de quelques jours. Elle pensa, à tort ou à raison, que Margerie [le maire] voulait apitoyer le peuple ignorant et fanatique.

Cependant, la descente des cloches eut lieu sans incident, et au milieu du calme le plus parfait. Le soir même, le citoyen Jean-Louis Point les conduisait au chef-lieu du département.

Si la « dépendaison » des cloches s’est bien passée à Étoile, ce n’est pas de même partout, ce qui explique les craintes de la Société Populaire. Comme c’est déjà dit au début de cet article, parfois la population se relaye jour et nuit pour interdit l’accès au clocher, ou les cloches sont cachées chez quelqu’un de sûr ou enterrées dans le jardin du presbytère. Rien de tel à Étoile.

Une autre information que nous donne ce texte est que la chapelle des Pénitents Blancs avait un clocher, qui a dû rester sans cloche, puis le clocher démonté. Les activités théâtrales, cinéma, et autres activités culturelles, ont transformé cette chapelle en salle des fêtes et le clocher n’avait plus aucune utilité.

Une seule cloche reste à la disposition de la communauté d’Étoile, pendant de nombreuses années elle est utilisée pour tous les évènements qui sont nombreux en ces temps troublés et difficiles.

Quarante-cinq ans de service, la cloche solitaire n’en peut plus ! Par un courrier du 16 décembre 1838 au préfet de la Drôme, le maire Gaspard Félix Melleret nous donne quelques informations :

Monsieur le Préfet,

Un accident vient d’arriver dans cette commune qui heureusement n’a pas eu des suites graves qu’il pouvait avoir.

Je m’empresse de la porter à votre connaissance pour prévenir les amplifications qui ne manqueront jamais d’être la suite des rapports que l’ont fait de cet évènement.

J’étais occupé à la Mairie [la mairie est située à une cinquantaine de mètres de l’église] lorsque des cris aigus poussés par un enfant ont attiré l’attention. Je me suis empressé d’accourir avec la secrétaire de mairie, les personnes qui couraient dans la rue nous ont suffisamment indiqué le lieu où les cris se faisaient entendre. Arrivé au-devant de l’église nous avons vu un enfant suspendu à la fenêtre du clocher portant des traces de sang. C’était l’auteur des cris qui se faisait entendre nous avons en même temps appris que la cloche était tombée. Sans différer nous sommes courus au clocher qui était déjà encombré de monde qui n’osait y pénétrer à la vue de cette masse énorme suspendue entre deux poutrelles qui heureusement l’avait retenue dans sa chute. Je me suis fait jour parmi cette foule et ai pénétré dans la clocher malgré les instances qui se faisaient entendre pour m’en détourner. Je me suis aperçu  qu’il n’y avait pas de danger imminent. Je rassurai l’enfant et l’ai fait descendre. J’ai aussitôt fait appeler les maçons gens de l’art qui s’occupent dans le moment à la fixer avec des cordes pour prévenir tout accident ultérieur.

La chute de cette cloche pouvait avoir les suites les plus déplorables un jour de dimanche où l’église est d’ordinaire plein de monde. Si la cloche n’eut pas été retenue, il n’est pas douteux que tombant sur la voute, elle l’aurait enfoncée et il serait difficile de dire qu’elles en auraient été les conséquences.

Que fait cet enfant dans le clocher ? Il était fréquent que le sonneur officiel demande à l’un de ses enfants de le remplacer pour les sonneries faciles.

Le lendemain matin, le maire se rend au clocher accompagné d’artisans connaisseurs dans le mécanisme : nous avons examiné de près et attentivement la cloche et des accessoires afin de déterminer la cause de la chute. Nous avons reconnu qu’elle n’était due qu’à l’usure du bout de l’axe sur lequel tournait la cloche. Cet axe s’est cassé dans le bois qui couronne la cloche et il est visible que cette cassure devait déterminer la chute.

Le maire veut hâter la réparation ou le remplacement car : notre clergé est privé de son moyen d’appeler les fidèles aux offices, les habitants sont également privés de la sonnerie de l’horloge communale et l’administration serait privée du moyen le plus efficace qu’elle ait pour appeler les citoyens du secours en cas d’incendie ou autres accidents qui exigeraient leur réunion spontanée, ce sont trois considérations qui ne doivent pas laisser l’administration dans l’inertie.

La cloche Louise est remplacée par la cloche Marie Clotilde d’Étoile et laissée dans un coin du clocher.

De cloches en cloches  

Rappel ci-dessus : le 16 décembre 1838, l’axe de l’unique cloche se brise et tombe, c’est sûrement la cloche Louise de 1698.

Le 15 août 1839 une nouvelle cloche est bénie qui porte le nom de Marie Clotilde d’Étoile et qui est encore actuellement en fonctionnement.

  


Les inscriptions sur la cloche :

1ère ligne : MARIE CLOTILDE D’ETOILE A ÉTÉ BÉNIE  LE 15 AOUT 1839, PAR M. BLAISE ROUL

2ème ligne : MAUGUREE[1] IMMÉDIATEMENT AU CLOCHER. PAR LES SOINS DE\          CURÉ DE LA PAROISSE ET

3ème ligne : JACQUES CHARIERE RECTEUR DE LA CONFRERIE DES PENITENTS BLANCS POUR LE SERVICE       

4ème ligne : RELIGIEUX DE LA DITE CONFRERIE. LE PARRAIN A ÉTÉ MR SIMON CLAUDE FERDINAND                

5ème ligne : ROUX DE LA MONTAGNIERE ET LA MARRAINE, MAD MARIE CLOTILDE GILLET DE VALBREUSE.

6ème ligne : ÉPOUSE DE M. DE PARISOT DE LA BOISSE, CETTE MAUGURRATION A EU LIEU SOUS LA \ 

7ème ligne : PRÉSIDENCE DE Mr GASPARD FELIX MELLERET, MAIRE, ASSISTÉ DE M Ls ALEXANDRE GUINARD SON ADJ’

Les personnages :

Le curé : Jean Blaise Roul

Né en Isère le 18 octobre 1768

Vicaire à Étoile le 11 septembre 1803

Curé à Étoile le 28 janvier 1812 à sa mort

Décédé le 2 janvier 1842

Un religieux : Jacques Charrière de la confrérie des Pénitents blancs. Cette confrérie possède une chapelle, proche de l’église paroissiale. À la Révolution, cette chapelle a servi de lieu de réunion à la Société des Amis de la Liberté pendant quelques années. Elle ensuite occupée par une école primaire. À plusieurs reprises, les frères demandent la restitution de leur chapelle, sans succès. Peu d’informations sur cette confrérie à Étoile.

Le parrain : Simon Claude Ferdinand Roux de la Montagnière

La marraine : Marie Clotilde Gillet de Valbreuse est née le 24 août 1814 à Lyon. Elle épouse Henri Claude de PARISOT de la BOISSE le 30 janvier 1836 à Lyon. De santé fragile, elle décède le 15 janvier 1856, à 42 ans, elle est enterrée au cimetière d’Étoile

Le maire : Gaspard Félix Melleret est né le 30 mai 1769 à Étoile.

Son parrain est Jean Terrasse, son oncle, propriétaire de la poste, à La Paillasse. Sa marraine est sa tante Geneviève Melleret, épouse de Jean Terrasse.

En 1789, Gaspard Félix est colonel de la milice à Étoile. Il est marié le 15 nivôse an IX (5 janvier 1801), à Aubenas, avec Marianne Henriette Payan du Moulin.

Félix Melleret est maire de la commune de 1830-1842, il décède le 21 décembre 1843 à Étoile.

Son adjoint : Louis Alexandre Guinard est né le 3 messidor an 7 (19 juin 1799) à Étoile. Il est notaire royal à Étoile.

Marié le 24 novembre 1828 à Étoile avec Marie Élise Crozier (1810-1828), dont Pierre Simon Roux de Montagnière est témoin.

Conseiller municipal, puis premier adjoint, puis maire de 1842 à 1848


[1] Mauguré, mauguration : organisation de l’inauguration

En 1849, soit dix ans après la « mauguration » de la cloche Marie Clotilde d’Étoile, le maire convoque le conseil municipal et les plus forts contribuables pour le remplacement de la grosse cloche :

18 mars 1849, le maire Simon Claude Ferdinand Roux de la Montagnière expose aux membres du conseil municipal : La commune est privée de sa cloche principale, la cassure de cette cloche n’ayant d’ailleurs d’autre cause qu’un long usage et un défaut de fonte, ainsi que l’urgence qu’il y a de la faire refondre.

Considérant que ma commune de l’importance d’Étoile on ne peut se passer d’une cloche qui indique les heures aux habitants soit pour les repas soit pour les heures de travail et du repos soit pour les offices religieux.

Considérant que tous les fonds de la commune sont employés pour des dépenses indispensables portées au budget et qu’il n’en reste pas de disponibles.

Vu l’état estimatif des dépenses que la refonte occasionnera ainsi que le posage, le dit état se montant approximativement à douze cents francs.

Le conseil et les plus forts contribuables sont d’avis qu’il y a lieu d’imposer extraordinairement la commune à raison de sept centimes par franc de son imposition foncière et mobilière pendant l’année mille huit cent cinquante pour payer la dite somme de douze cents francs.

Monsieur le Maire est autorisé à s’entendre avec un fondeur et passer avec lui un marché le plus tôt possible afin que la refonte de la cloche soit faite aux meilleures conditions et avec garanties de bonne confection.

Tout va très vite, le 29 avril 1849 la commande est passée auprès des établissements BURDIN à Lyon, approuvée par la préfecture le 3 mai.

La cloche Louise est refondue et n’atteindra pas les cent ans, elle subit un tir d’obus en août 1944, fêlée,  elle doit être, à son tour, remplacée.

Lors de la descente de la cloche, les inscriptions sont relevées. Nous pouvons y lire :

1ère ligne : LAUDATE DOMINUM IN CIMBALIS BENE SONANTIBUS. LAUDATE EUM IN CIMBALIS JUBILATIONIS OMNIS SPIRITUS.

[Louez le Seigneur sur des cymbales bien sonores. Louez-le avec des cymbales de joie ; que tout esprit loue le Seigneur] [Psaume 150, 5-6]

2ème ligne : LAUDET DOMINUM [Louez le Seigneur] PARRAIN M. CLAUDE HENRI DE PARIZOT DE LA BOISSE. MARRAINE Mme MARIE SOPHIE SAYN EPOUSE DE M. MARIE BALTHAZAR ALEXANDRE NICOLAS MORIER.

3ème ligne : MAIRE M. CLAUDE SIMON FERDINAND ROUX LA MONTANIERE CHEF DE BATAILLON CHEVALIER DE LA LEGION D’HONNEUR. M. ANTOINE LYON CURE.

Une effigie de la Vierge portant l’Enfant Jésus

STELLA MATUTINA ORA PRONOBIS

[Étoile du matin, prie pour nous]

Une effigie du Christ en Croix

Il est facile de déterminer la période de l’installation de cette grosse cloche. Le maire Claude Simon Ferdinand Roux de la Montagnière est en fonction de 1848 à 1850, c’est donc pendant ces deux années que la grosse cloche est installée.

Cette date est confirmée par la décision du conseil municipal :

18 mars 1849, le maire Simon Claude Ferdinand Roux de la Montagnière expose aux membres du conseil municipal : La commune est privée de sa cloche principale, la cassure de cette cloche n’ayant d’ailleurs d’autre cause qu’un long usage et un défaut de fonte, ainsi que l’urgence qu’il y a de la faire refondre.

Considérant que ma commune de l’importance d’Étoile on ne peut se passer d’une cloche qui indique les heures aux habitants soit pour les repas soit pour les heures de travail et du repos soit pour les offices religieux.

Considérant que tous les fonds de la commune sont employés pour des dépenses indispensables portées au budget et qu’il n’en reste pas de disponibles.

Vu l’état estimatif des dépenses que la refonte occasionnera ainsi que le posage, le dit état se montant approximativement à douze cents francs.

Le conseil et les plus forts contribuables sont d’avis qu’il y a lieu d’imposer extraordinairement la commune à raison de sept centimes par franc de son imposition foncière et mobilière pendant l’année mille huit cent cinquante pour payer la dite somme de douze cents francs.

Monsieur le Maire est autorisé à s’entendre avec un fondeur et passer avec lui un marché le plus tôt possible afin que la refonte de la cloche soit faite aux meilleures conditions et avec garanties de bonne confection.

Tout va très vite, le 29 avril 1849 la commande est passée auprès des établissements BURDIN à Lyon, approuvée par la préfecture le 3 mai.

Il n’y a pas de doute, la cloche qui n’existe plus actuellement est bien celle de 1849.

La cloche Louise est refondue et n’atteindra pas les cent ans, elle subit un tir d’obus en août 1944, fêlée,  elle doit être, à son tour, remplacée.

  

Et c’est lors de la descente de la cloche que les inscriptions sont relevées. Nous pouvons y lire :

Le parrain : Claude Henri de Parizot de la Boisse (parfois écrit Parisot)

Henri Claude (sur l’acte de naissance) : Né le 29 septembre 1805 à Étoile

Bachelier ès lettres, licencié en droit.

Marié le 30 janvier 1836 à Lyon, avec Marie Clotilde de VALBREUZE

2 enfants morts jeunes :

Marie Jules, né le 6 juin 1837 à Étoile, décédé le 8 juin 1837 à Étoile

Fille mort-née, le 30 août 1838, à Étoile

3 enfants vivants :

Marie Laurence, née le 23 novembre 1840 à Lyon

Marie Jules, né le 16 mai 1843 à Lyon

Marie Margueritte, née le 18 septembre 1848 à Étoile

La marraine : Marie Sophie Sayn

Née le 30 avril 1801 (10 floréal an 9) à Étoile

Son père Jean Jacques SAYN, décédé à Étoile le 22 novembre 1810

Sa mère Marie Élisabeth Sophie Terrasse

Décédée en 1879, à l'âge de 78 ans

Son époux : Mariés le 22 octobre 1820, à Étoile avec Marie Balthazar Alexandre Nicolas Morier

Né le 23 décembre 1787 à Étoile, riche propriétaire, décédé après 1854.

Il prend la succession de son père, Antoine Balthazar Morier né en  1745 à Étoile, décédé le 14 août 1816. Il participe aux évènements révolutionnaires. Élu officier municipal le 19 juillet 1789, puis délégué pour l’assemblée des trois ordres le 19 juillet 1789, élu maire le 4 février 1790 (démission le 5 juin 1990). Le 12 novembre 1790, Antoine Balthazar Morier est élu juge de paix, par deux cent cinquante-une voix sur quatre cents votants. Il habite Le Truc, il accueille l’abbé François Chaix pendant sa période de révocation en 1793.

Le maire : Claude Simon Ferdinand Roux de la Montagnière est né le 22 juillet 1788, baptisé le 23 juillet 1788 à Étoile.

Ancien chef de bataillon. Élève à l’École militaire spéciale de Saint-Cyr en octobre 1805. Promu sous-lieutenant au 65ème de ligne en octobre 1806, puis lieutenant en mars 1807 et capitaine en octobre 1809. Devient lieutenant au 1er régiment des grenadiers à pied de la Garde en mai 1812 puis chef de bataillon en avril 1813. Blessé à la tête par un éclat de boulet à Leipzig. Licencié à Châteauroux en juillet 1815. Prusse, Pologne, Allemagne, Espagne 3 ans, Russie, Saxe, France. Légion d’Honneur en 1813.

Chevalier de la Légion d’honneur le 17 mai 1813. Officier de la Légion d’honneur le 28 novembre 1813.

Marié le 28 juin 1819, avec Charlotte Amélie de la Morte-Charens, à Saint-André-le-Gaz, 38490, Isère, (1799-1860).

Maire d’Étoile pendant deux ans.

Les locaux actuels de l’hôtel de ville de la commune d’Étoile-sur-Rhône ont eu appartenu à Claude Simon Ferdinand Roux de la Montagnière.

Le curé : Antoine Lyon

Né à Saint-Jean-en-Royans (Drôme) en 1799

Prêtre le 15 mars 1823

Curé à Étoile le 15 janvier 1842 à sa mort

Décédé le 26 janvier 1870

En 1866, il fait don d’une somme de mille francs à la Fabrique[1] de la paroisse.

Nous allons revoir quelques-uns de ces noms sur d’autres cloches visibles à ce jour.

  

La cloche Louise est fondue suite à sa chute pour devenir une nouvelle cloche en 1849, qui sera à son tour refondue en 1957.


[1] La Fabrique était une association qui gérait les biens et le fonctionnement de l’église catholique. Avec le concordat, les Fabriques ont disparu sauf en Alsace-Loraine.

  

Il est temps que la guerre se termine ! L’abbé Marnas gardera longtemps en mémoire cette blessure du jeudi 24 août 1944.

Depuis le haut de la Grande rue, un bruit inhabituel se fait entendre. La population se terre et ferme portes et volets. De la fenêtre du presbytère Maxime Marnas voit un char de l’armée allemande en fuite, venant de Crest et descendant dans un bruit infernal à grande vitesse la Grande Rue vide de tout passant, après avoir dépassé l’église, il s’arrête à la Porte Aiguière , tourne son canon en direction du clocher, tire un obus qui blesse la grosse cloche et qui depuis ce jour sonne faux.

À peine que les derniers Allemands ont quitté la Drôme, l’abbé prend contact avec l’architecte des monuments historiques pour, dans les plus brefs délais, réparer le clocher et remplacer la grosse cloche fêlée.

L’abbé Marnas n’imaginait pas que le temps serait long pour effacer la douloureuse scène du 24 août et qu’il lui faudra beaucoup d’énergie et de patience.

En 1954, de nouvelles dispositions concernant les sinistres de guerre permettent l’obtention de précieuses aides. Avec l’appui de l’architecte des bâtiments de France qui envisage la réparation de la toiture et la modification du clocher pour le mettre en conformité avec le reste de l’édifice, donc un clocher plus plat, la municipalité veut profiter de cette occasion pour remplacer la grosse cloche. Elle confie ce travail à l’atelier PACCARD Frères, fondeur de cloches à Annecy-le-Vieux (Haute-Savoie). Sur leur conseil cette cloche est remplacée par deux plus petites qui, avec celle restante, Marie-Clotilde, feront un beau carillon. La plus grosse des trois cloches donne un SOL dièse, elle pèse 490 kilos et le diamètre est de 0,95 m. La moyenne donne un SI, pèse 310 kilos et mesure 0,81 m de diamètre, et la plus petite (cloche existante) donne un DO dièse, pèse 210 kilos, et le diamètre est de 0,70 m.

De cloches en clochesCes deux nouvelles cloches portent les inscriptions suivantes (identiques sur les deux cloches) :

Première face :

STELLA MATUTINA ORA PRO NOBIS

[Étoile du matin, prie pour nous]

Effigie de la Vierge avec l’Enfant Jésus

J’AI ETE BENITE EN 1957 PAR S. Exc. Mgr JOSEPH URTASUN ARCHEVEQUE D’AVIGNON, ADMINISTRATEUR APOSTOLIQUE DU DIOCESE DE VALENCE

SOUS LES HOSPICES DE LA COMMUNE D’ETOILE M. Adrien MARCHAL, Chevalier de la Légion d’Honneur, MAIRE.

M. le Chanoine Maxime MARNAS, CURE ARCHIPRETRE de la Paroisse.

Deuxième face :

A FULGURE ET TEMPESTATE LIBERA NOS DOMINE

[De la foudre et de la tempête, protège-nous, Seigneur]

 

De cloches en clochesEffigie du Christ en Croix.

REFONDUE AVEC LE BRONZE DE MON AINEE PARRAINEE EN 1898 PAR Mr Claude, Henri DE PARIZOT DE LA BOISSE et Mme Marie, Sophie SAYN. Mr Claude ROUX DE LA MONTANNIERE, MAIRE. Mr Antoine LYON, CURE. DETRUITE PAR LES OBUS ALLEMANDS, LE 24 AOUT 1944.

Comme sur la grosse fêlée, les effigies de Marie et du Christ en croix sont gardées.

  

Installation

Les deux nouvelles cloches ont été bénites le dimanche 22 décembre 1957, après l’office religieux présidé par Mgr Joseph Urtasun, évêque d’Avignon en charge du diocèse de Valence.

Les deux cloches restent dans l’église toute la journée où les paroissiens peuvent tester leur résonance.

Lundi, une équipe de monteurs spécialisés de la Société PACCARD, plus des employés municipaux, installent les cloches dans la clocher.

Et pour noël, les cloches appellent joyeusement les fidèles à la messe de minuit.

L’électrification vient plus tard. Chaque cloche est munie de deux moteurs ; un moteur de volé et un moteur de tintement.

  

Les nouveaux personnages :

Pas de parrain, pas de marraine et pas de nom de baptême pour ces cloches ! Aucune information qui rappelle les illustres familles étoiliennes, les trois personnages figurant sur les deux cloches n’ont fait qu’un bref passage à Étoile.De cloches en cloches

  

L’évêque : Joseph Urtasun, né à Bayonne le 9 août 1894. Ordonné prêtre le 2 juillet 1917. Évêque de Valence le 13 novembre 1952. Évêque d’Avignon le 21 avril 1957 tout en restant administrateur du diocèse de Valence jusqu’à l’arrivée de son successeur Mg Vignancourt le 16 mars 1958.

  

Le maire : Adrien Richard Marie Marchal nait le 1er octobre 1895 à Villiers-sur-Marne.

Le 2 août 1914, c’est la mobilisation générale. À 19 ans, Adrien Marchal s’engage le 28 septembre 1914 pour la durée de la guerre, il est affecté au 60ème régiment d’artillerie. En septembre 1919 il est démobilisé et prend le grade de lieutenant de réserve.

Il achète une propriété au centre du village d’Étoile, grande rue, face à la mairie actuelle. Il ne l’habite pleinement que vers le milieu de la guerre, Étoile étant plus sûre que Portes-lès-Valence. Où ses locaux sont réquisitionnés par l’armée Allemande.

Il se présente aux élections municipales de 1947. Il est élu, puis devient maire.

Il est élu trois fois maire de la commune. Il démissionne fin 1961 au cours de son 3ème mandat.

Plus d’informations sur Adrien Marchal De cloches en cloches

  

Le curé : Maxime Marnas va passer presque 19 ans de son sacerdoce à Étoile. Né à La Chapelle-en-Vercors le 5 février 1903, ordonné prêtre le 7 juillet 1929, curé à Étoile le 7 juin 1941, jusqu’en avril 1960.

Décédé le 1er mai 1973 à Saint-Rambert-D’albon (Drôme) De cloches en cloches

 

Premier étonnement !

Les deux cloches installées en 1957 n’ont pas de parrain, pas de marraine.

Que s’est-il passé ?

Depuis le premier échange entre le curé Marnas et le fondeur PACCARD en octobre 1944 et l’installation définitive des deux cloches, treize années sont écoulées.

Dans un courrier à PACCARD en 1956, l’abbé Marnas apporte quelques précisions sur la lenteur des travaux.

Le maire se plaint des cloches : « le maire est contrarié…je fais en sorte que les sonneries soient très brèves et pas d’incidence avec le journal parlé ».

« Connaissant ce petit détail qui j’en suis convaincu n’a pas été étranger à ce manque de zèle de la part de la municipalité, j’espère que vous saurez apporter à ce ʺ monsieur intolérant ʺ mais qu’il faut ménager et avec qui, je crois, être en excellents termes, actuellement, les apaisements nécessaires et les garanties qu’il demande »

Il faut savoir que le maire habite quelques à mètres du clocher, son habitation est la plus proche de l’église.

Ni Marnas, ni le fondeur, n’ont ménagé leurs efforts pour faire avancer les travaux, les courriers échangés représentent plus de cent trente pages !

Pas de parrain, pas de marraine ! Il n’y a donc pas à Étoile-sur-Rhône deux personnes pour parrainer ces deux nouvelles cloches ? Étonnant non ? Et pas de date précise de la bénédiction de la cloche qui est le dimanche 22 décembre 1957.

Il a fallu encore deux ans pour clore défensivement l’affaire !

Deuxième étonnement !

De cloches en clocheSur la deuxième face il est rappelé l’origine de bronze :

REFONDUE AVEC LE BRONZE DE MON AINEE PARRAINEE EN 1898 PAR Mr Claude, Henri DE PARIZOT DE LA BOISSE et Mme Marie, Sophie SAYN. Mr Claude ROUX DE LA MONTANNIERE, MAIRE. Mr Antoine LYON, CURE. DETRUITE PAR LES OBUS ALLEMANDS, LE 24 AOUT 1944.

Parrainée en 1898 pour indiquer la bénédiction de la précédente grosse cloche. Comment est-ce possible ?

On sait que le maire Claude Simon Ferdinand Roux de Montagnière est en fonction de 1848 à 1850. Que l’abbé Antoine Lyon est curé à Étoile de 1842 à 1870, année de son décès. Et encore que Claude Henri de Parizot de la Boisse est né en 1813 et décède en 1881.

Aucune de ces trois personnes ne pouvaient être inscrites sur la cloche en 1898.

On sait aussi que la commande de cette cloche a été faite en 1849

Il est facile d’en déduire que la date possible pour le baptême de la grosse cloche est 1849, soit une erreur de cinquante ans. C’est de la petite histoire !

De cloches en cloches  

La chapelle Saint-Catherine appelée aussi chapelle de l’ancien hôpital car c’est bien la chapelle de l’hôpital ou de l’hospice quand cet établissement accueillait pour de longues périodes les nécessiteux.

La chapelle Sainte-Catherine a été construite, du 1er avril au 1er novembre 1843, par Antoine Martin, entrepreneur de la commune.

Cette chapelle, son clocheton et sa cloche inaugurée en 1850, sont bien visibles à l’entrée ouest du village.

Pendant de nombreuses années, la cloche n’a pas été utilisée, le fondeur PACCARD propose de la rajouter aux cloches du clocher de l’église mais l’abbé Marnas a d’autres idées pour la future chapelle au quartier de la Gare. Il obtient de la Commission Administrative de l’hospice (réunion du 28 septembre 1956) le prêt de la cloche à condition qui si la chapelle de la Gare devait disparaître, la cloche regagne son lieu d’origine.

C’est ce qui arriva, la chapelle de la Gare est vendue à un particulier. Après quelques péripéties, la cloche rejoint son clocheton d’origine, à la satisfaction des habitants de la commune.De cloches en cloches

  

D’après le fondeur PACCARD qui a examiné cette cloche en juin 1949, « elle a 0 m 61 de diamètre et pèse environ 140 kg. Cette cloche a été faite en 1850 par BURDIN Fils Aimé à Lyon. Elle n’a pas une très bonne sonorité, elle donne RE Dièse ».

Inscriptions :

1ère ligne      PARRAIN EUGENE MARSON. MARRAINE MARIE LOUISE MARGERIE

2ème ligne     SUPERIEURE EUGENIE LAURANS SŒUR Ste CELESTINE

3ème ligne     CURE Mr. ANTOINE LYON. MAIRE Mr. FERDINAND ROUX DE LA MONTAGNIERE

Ligne du bas         BURDIN AINE FONDEUR A LYON 1850

Trois des cinq personnages inscrits font partie de la commission administrative de l’hospice : le maire, le curé et la supérieure. Quant au parrain et marraine, il est difficile de retrouver leur histoire. La famille Marson n’est pas connue comme une ancienne famille d’Étoile, quant à la famille Margerie, c’est une nombreuse famille qui a tenu un rôle et des responsabilités importantes pendant la période révolutionnaire, elle a fait de dons et des legs à la Fabrique. Ci-dessous quelques pistes à confirmer.

  

Les personnages :

Le parrain : Eugène Marson. Né le 10 mars 1843 à Étoile. Son père,  Jean Marson, est né le 18 septembre 1797 (2ème complémentaire an 5) à Étoile. Décédé le 12 janvier 1849 à Etoile à l'âge de 52 ans.

Il n’y a pas d’autre Eugène Marson à Étoile. L’idée : c’est le père Jean qui devait être parrain de la cloche, mais à cause de son décès précoce, son fils de sept ans est inscrit sur la cloche ?

Eugène décédé après 1911 à Etoile.

  

La marraine : Marie Louis Margerie. Les prénoms Marie et Louis sont très utilisés au milieu de 19e siècle. À Étoile était présente Marie Suzanne Margerie, née en 1825, fille de Jean-Louis Margerie et de Jeanne Roux et Louise Philomène Margerie, née en 10 septembre 1837, fille de Jean-Louis Margerie et de Marie Voge.

Quels sont les liens entre les familles Marson et Margerie et l’hospice ?

  

La religieuse : Christine Marie Eugénie Laurans, Sœur Sainte Célestine est née le 15 août 1811 à Chabeuil. Son père est Pierre Henri Laurans (1780-1860) et sa mère Élisabeth Adèle Place (1787-1827)

Religieuse du Saint-Sacrement. Professeur depuis le 15 février 1835, elle est à Étoile depuis 1841.

Décédée le 21 mars 1886 à Romans, à l’hospice tenu par des religieuses.

C’est le Père Pierre Vigne qui fonde en 1715 à Boucieu (Ardèche) la Congrégation du Saint Sacrement.

  

Le curé : Antoine Lyon, même curé que sur l’ancienne cloche qui a été fêlée

  

Le maire : Claude Simon Ferdinand Roux de la Montagnière, même maire que sur l’ancienne cloche qui a été fêlée

De cloches en cloches  

La moins visible, bien qu’elle accueille beaucoup de visiteurs, c’est la cloche située dans la cour de l’ancien prieuré Saint-Marcellin, maintenant propriété de la communauté Emmaüs.

  

À l’épaule il est écrit :      SIT NOMEN DOMINI BENEDICTUM

(BÉNI SOIT LE NOM DU SEIGNEUR)

  

À la faussure :       BURDIN FILS AINE FONDEUR A LYON 1861

De cloches en cloches

Cette cloche dont la citation est une généralité ne transmet pas de message particulier qui pourrait faire penser à un lieu, événement ou personnage. D’où vient-elle ? Quel clocher a-t-elle servi ?

Elle a été fondue à Lyon en 1861, par l’entreprise Burdin fils Aimé (voir ci-dessus la présentation de ce fondeur)

L’installation de cette cloche est récente et située sur le mur à l’entrée du prieuré. Elle n’apparait pas sur des photographies du lieu réalisées en 1990-91[1], c’est sûrement un don fait à Emmaüs. Elle est utilisée occasionnellement par les compagnons.De cloches en cloches

À plusieurs reprises l’Abbé Pierre a rendu visite à la communauté Emmaüs et à chaque fois c’est l’occasion de célébrer l’office religieux dans la chapelle.

En 1995, un vitrail de Jean-Marie Balayn, qui a son atelier à Loriol, est installé, la cloche peut venir de ce moment.


[1] MARCEL Sophie, Le prieuré Saint-Marcellin d’Étoile-sur-Rhône. Mémoire de maitrise d’archéologie médiévale, Université lumière Lyon II, 1992

La chapelle Saint-Roch est située au quartier de La Paillasse, en bordure de la Nationale 7, donc très visible par les milliers d’automobilistes qui sont obligés de ralentir pour traverser le hameau. Cette petite chapelle fait partie du château bien qu’une ancienne route les sépare. Sur les photographies de 1920, la chapelle n’a pas de clocheton, donc pas de cloche. Nous n’avons pas trouvé de trace de travaux sur la chapelle qui date de 1720.

Les derniers propriétaires du château, la famille Tézier, avaient, après la seconde guerre mondiale, l’habitude d’organiser une cérémonie religieuse, chaque année, le 15 août. Les enfants étaient invités à un gouter et pouvaient jouer dans le parc du château. Il est facile d’imaginer que la cloche soit utilisée pour appeler les jeunes habitants de La Paillasse à la cérémonie.

Archives départementales de la Drôme :

Journal Peuple libre, numéro 51, du 30 novembre 1957, archives de la Drôme (CP218/6)

L’état civil de la Drôme sur le site De cloches en cloches

SENGER Gérard, Les églises d’Étoile-sur-Rhône, février 1994, polycopie, archives de la Drôme (BH1898/2)

Archives de la Société PACCARD, fondeur des deux cloches en 1957.

 

De cloches en cloches

De cloches en cloche

1957 sur les cloches d'Etoile Aujourd'hui

 

La savoyarde – La Jeanne d’arc

Les fils de G. PACCARD à Annecy-le-Vieux

Bibliographie :

LAMOTHE Léopold, ÉTOILE sous la Révolution. Extraits des documents officiels, publiés sous les auspices de la Municipalité, 1891De cloches en cloches

  

Photographies des cloches réalisées entre 2021 et 2022

  

Traduction du latin par le vicaire de la paroisse le Père David DJAGBA

Date de dernière mise à jour : 03/11/2023

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