«… Pendant quelques instants, quelques fois, vous nous placez au centre de vos discutions, de vos discours, de vos échanges, vous parlez du présent et aussi d’avenir.
Combien de fois avons-nous entendu nos noms appelés d’une voix forte comme si l’on voulait nous réveiller ou plus simplement pour nous faire comprendre que l’on pense à nous.
Dommage que cela se termine par « Morts pour la France ».
Depuis quelques années nous écoutons ces enfants venus nous chuchoter quelques mots d’amour. Ces enfants nous font penser à ceux que nous n’avons pas eus, que nous n’aurons pas et à ceux que nous avons laissés en pleurs derrière nous avec leur maman.
Comme chaque année, le 8 mai, ils font de beaux et longs discours. Pour ne pas oublier ceux qui sont morts au champ d’Honneur. Nous rendre hommage.
Pour ne pas oublier les tristes moments que nous avons passés avec certain d’entre vous et que cela ne se reproduise plus.
Pour faire mémoire pour les générations futures.
Et pour terminer, rien ne vaut un brin de musique hardie, entrainante, pour nous faire passer cet instant de mélancolie. Ils soufflent fort, ils tapent fort, leurs notes nous enveloppent. Ne pourraient-ils pas changer pour un morceau qui nous parle de demain ?
Il faut savoir qu’il y a un avant, des avants que vous ne connaissez pas, c’est de nous qu’il s’agit, cachés derrière cette plaque !
Le passé, notre passé, se restreint à quelques caractères posés sur une pierre. Que n’avons-nous pas entendu sur nous, du vrai et beaucoup de faux, par ignorance.
Nous sommes jeunes, nos vies sont courtes, nos empreintes sont légères, mais savez-vous qui nous sommes derrière ces mots bien alignés ? Il nous faut vous faire connaitre notre vérité.
Soyons positifs, ce sont vos mémoires, individuelle et collective, qui font défaut, pas votre volonté, puisque vous faites l’effort de venir nous voir et nous parler plusieurs fois par an.
C’est grâce au passé où nous sommes que vous pouvez être dans l’après, permettez-nous alors, pour que les liens se renouent, de combler ce vide et ainsi assurer la continuité.
Nous voulons vivre au présent, dans la mémoire de chacun.
L’Homme ne peut exister que si son Histoire s’inscrit au centre d’un avant et d’un après !
Plus de 70, 75 ans après les événements que reste-t-il ? Des témoignages parcellaires, tronqués, dispersés en mille morceaux que nous rassemblons dans ces textes, et qui nous permettent de réparer quelques injustices pour plusieurs d’entre nous.
Chacun a droit à son interprétation, d’imaginer les contours, de réaliser sa propre critique.
En ce jour où vous êtes rassemblés : autorités civiles et militaires, élus, anciens combattants, pompiers, enfants des écoles et nombreuse population, suspendons le temps quelques instants pour vous conter nos Histoires. À nous de prendre la parole pour que vous aussi vous ne soyez plus de marbre ! »
Bonne lecture
LES GRAVÉS DANS LE MARBRE.…=>suite