Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône

Naissance d’un nouveau journal

Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône

Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône

Cet article se limite à la période où des correspondants locaux transmettaient  l’information locale au journal. L’histoire s’arrête avec le départ de la dernière correspondante bénévole d’Étoile-sur-Rhône.

Il traite aussi de l’action de Maxime Marnas, curé de la paroisse qui a utilisé le journal Peuple libre comme bulletin paroissial.

Deux autres articles sont consacrés aux 19 ans que l’Abbé Marnas a passés à Étoile :
L’abbé Maxime Marnas pendant la guerre Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône
La chapelle Saint-Joseph Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône

Il faudra quelques mois après la Deuxième Guerre mondiale pour que de nouveaux journaux voient le jour.

Les revues qui ont « accompagné » la collaboration du gouvernement Vichyssois avec l’Allemagne ont tous été interdits (décret de 1944 sur la liberté de la presse). Les quelques bulletins nés dans la Résistance n’ont pas poursuivi longtemps leur parution, les lecteurs voulaient passer à autre chose. Quelques journaux de tendance communiste créés pendant la guerre survivent quelques années, mais ne dépasseront pas la décennie 1950.

Quelques mois après la guerre, de nouveaux journaux et revues apparaissent : Le Monde (créé par Hubert Beuve-Méry [1] le 18 décembre 1944), L’Équipe (l’ancien titre L’auto a été interdit le 28 février 1946), France soir (fondé en novembre 1944), Ouest France (le 7 août 1944), et bien d’autres qui n’existent plus actuellement.

Le Progrès de Lyon est l’un des rares journaux régionaux qui a repris dès le 8 septembre 1944. Né en 1859 à Lyon, il continue sa parution jusqu’à l’invasion du sud de la France par l’armée Allemande le 11 novembre 1942, le directeur Émile Brémond, proche de la Résistance, décide le lendemain, 12 novembre, de suspendre la sortie du Progrès.

Pour contrer les journaux locaux communistes, le 7 septembre 1945 sort le premier numéro du « Dauphiné libéré ».
Le Dauphiné libéré et le Progrès créent, en septembre 1966, le premier groupe de presse régional, mais en 1979, chaque titre reprend son indépendance.

À Étoile, pendant les années qui suivent la fin de la guerre, c’est le Progrès qui est le plus connu et le plus lu, il faut un certain temps pour que son concurrent, le Dauphiné libéré, prenne sa place en étant plus près des lecteurs de la Drôme.

[1] Pendant la guerre, Beuve-Méry, resté en France, participe aux activités de l'École des cadres d'Uriage (au Château d'Uriage) ou il rencontre Marcel Barbu et quelques autres compagnons de la communauté. À la fermeture de l’école en décembre 1942, Hubert Beuve-Méry participe aux « équipes volantes », notamment dans les maquis du Vercors, il a l’occasion de passer une journée à la ferme de Mourras à Combovin. Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône
 

Monseigneur Pic, évêque de Valence, souhaite fournir une information et formation chrétiennes aux catholiques de son diocèse. Il propose la création d’un nouveau journal à l’abbé Fernand Vignon, curé à Saint-Vallier (Drôme nord) qui, enthousiaste, s’atteler immédiatement à la tâche. Fernand Vignon a déjà l’expérience dans l’édition, car il est à l’origine du bulletin paroissial Le Semeur.

Le projet prend forme avec la participation de quelques hommes connus de Fernand Vignon dont l’abbé Jean-Charles Chalamet, autre prêtre engagé dans la Résistance, et le 15 mai 1947, le numéro UN de Peuple libre sort de la presse, financé par le cadeau fait lors du départ de l’abbé Vignon par les paroissiens de Saint-Vallier, et ce sont les abonnés du Semeur et des anciens camarades de guerre, qui sont les premiers abonnés à Peuple libre.

Grande victoire pour l’abbé Vignon, en pleine période de pénurie de papier, il n’a pas attendu la dotation officielle de papier pour se lancer.

Parution bimensuelle au début, il devient rapidement hebdomadaire, tous les samedis.

La première page contient des informations nationales ou internationales en rapport avec notre pays. Les pages suivantes proviennent des informations des paroisses, ressemblant à de multiples bulletins paroissiaux.

La progression de sa diffusion est lente pour couvrir toute la Drôme, les premiers numéros sont surtout pour la ville de Valence, mais quand même le nombre de 2 000 abonnements est atteint au bout de huit mois à la surprise des autres grands journaux qui ne lui donnaient pas plus de trois mois d’existence. C’est à ce moment que le journal La Paix, créé par le Père Michel Lemonon, de Romans, rejoint Peuple libre.

Le journal est imprimé à Valence à l’imprimerie Chevalier. En 1948, avec l’arrivée de La Paix , le journal sort de l’imprimerie Duval à Romans, puis 4 ans après, quand le journal passe en grand format, il revient à Valence. En 1956, le journal prend de l’épaisseur (8 pages et parfois 10) et le tirage est important (12 000 abonnements à l’hebdomadaire et 10 000 pour le mensuel), il faut trouver une imprimerie plus importante, c’est l’imprimerie Bellecourt à Lyon qui permet l’arrivée de la couleur en 1962.
Début 1953, à Valence, Peuple libre déménage Place de l’Université et ouvre une librairie catholique qui porte le même nom : Librairie Peuple libre.

En 1971,  année importante. Changement d’imprimeur pour Les Imprimeurs réunis. Changement de format et arrivée du procédé d’impression offset, ce qui oblige à développer un atelier de photocomposition.

En 1974, le journal gratuit Spécial Valence sort à 12 000 exemplaires et, l’année suivante, passe à 20 000 exemplaires. Ce nombre est porté à 53 000 exemplaires en 1976, puis à 70 000 exemplaires en 1987.

10 octobre 1975, naissance de l’association Les amis de Peuple libre qui a en charge la promotion du journal.

Et en 1985, le journal sort de l’imprimerie SOREPI à Valence.

1986, Terre vivaroise, journal de l’Ardèche, rejoint les locaux de Peuple libre à Valence et profite de son expérience pour sa fabrication.

Après Fernand Vignon, premier directeur-fondateur
En 1968, le Père Raymond Peyret
1985, Bruno Almoric nouveau directeur, il était rédacteur en chef depuis 1982. Premier laïc comme gérant.

1998, se créait le HCR, Hebdomadaires Catholiques Régionaux, dont le siège est à Bourg-en-Bresse (Ain), dirigé par Bernard Bienvenue, avec cinq titres : Voix de l'Ain ; Voix de la Haute-Marne ; Drôme Hebdo (Peuple libre) ; L'Hebdo de l'Ardèche ;    Le Réveil du Vivarais, détenu par des associations diocésaines.

Le 1ᵉʳ décembre 2000, Claude Ollier, directeur de publication de l’Ardèche Terre Vivaroise est le nouveau directeur de Peuple libre.


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Le 2 novembre 2001, le journal change de titre et devient Drôme Info Hebdo et en sous-titre Peuple libre. Le directeur, depuis le début de 2001, est Claude Ollier. Et toujours comme objectif de rester un journal d’informations locales : proche des gens, des associations, des paroisses…

2016, le HCR passe sous la coupe de la société Sogémédia., qui gère des journaux d’informations locales dans toute la France. Nicolas Bernard devient rédacteur en chef et directeur opérationnel du groupe.
La Sogémédia possède une imprimerie, DIGITAPRINT qui imprime tous les journaux de la société.

Le 30 décembre 2017, Drôme Hebdo redevient Peuple Libre.
À part quelques exceptions, la presse locale ou régionale doit s’unir pour exister. La presse catholique n’y échappe pas au risque de perdre son originalité.

Il faut attendre un an pour voir la première information sur Étoile dans le numéro 50 du 12 juin 1948, et ce n’est pas une bonne nouvelle : on peut lire « À Étoile, happé par un train, un poseur est mortellement blessé ».
Puis l’article suivant est en décembre pour la fête de Noël.
En 1949, il y aura trois articles. Un peu plus l’année suivante, le démarrage des informations dans les petits villages est lent et va avec l’organisation des correspondants locaux bénévoles.

C’est à la fin de l’année 1949 que Maxime Marnas annonce (annonces du Prône) pour la première fois l’existence de Peuple libre.

En 1951, le curé Maxime Marnas et son vicaire Pierre Uzel (arrivée à Étoile en février 1949) prennent les choses en mains, la paroisse d’Étoile est mieux servie. Tous les mois, un grand article est réservé à la paroisse. Une information est assurée régulièrement toutes les semaines, au minimum, le programme du ciné-Familles, l’abbé Marnas se garde bien de ne jamais indiquer le programme de l’autre cinéma organisé par le Foyer rural à la chapelle des pénitents (qui sert depuis de nombreuses années de salle des fêtes).

Lors des annonces, le journal Peuple libre est présenté comme le bulletin paroissial et les paroissiens sont invités à consulter le mensuel pour plus d’informations.
peuple libre vu d'toile-Rhône

La campagne d’abonnement est lancée : « Lisez donc un journal chrétien qui, en ce domaine, vous donnera des informations sûres. Et vous pourrez alors comprendre votre beau rôle de chrétien, vous serez plus des moutons qui suivent en bêlant, mais des adultes qui inspireront le respect. Vous avez besoin de votre journal ; il a besoin de vous ! »

En 1952, les informations paroissiales sont plus nombreuses qui relatent l’activité religieuse.
Les principales rubriques permettent de connaitre la vie de la communauté catholique d’Étoile, les naissances, les baptêmes, les premières communions, communion solennelle, départs, permissions et retours des jeunes gens du service militaire, fiançailles, mariages et décès. Les fêtes religieuses sont annoncées et suivies de comptes rendus.
Par exemple, les Rogatons est une procession qui démarre de l’église pour se rendre à pied jusqu’à la chapelle de Saint-Marcellin où une messe est dite. En chemin, le curé bénit les travaux des champs et les récoltes à venir. De nouveaux articles réguliers sur la bibliothèque paroissiale située dans la Grande Rue, dont les permanences sont tous les dimanches après l’office.
La liste des familles qui ont participé au Denier du culte.

Cette même année, l’abbé Marnas fait le bilan des abonnements à la presse religieuse par les catholiques de la paroisse. À la fin 1952 :
65 familles reçoivent Peuple libre
60 familles La vie catholique (La Vie, tout court actuellement)
33 ’’ Promesses
25 ’’ Semeuse de France
24 ’’ Fripounet
20 ’’ Le Pèlerin
19 ’’ La croix du dimanche
13 ’’ Radio-Cinéma
12 ’’ Jeunes Forces Rurales
8  ’’ Famille-Digest
6  ’’ Ecclésia
3  ’’ La Croix (quotidien)
Plus de 280 abonnements à des revues chrétiennes pour une population de 2100 habitants. Pour établir cette liste, il faut que les prêtres connaissent bien leurs paroissiens.
 
En 1954, Peuple libre sort une édition mensuelle, avec un abonnement mensuel qui reprend les informations locales du mois écoulé.
Et comme dit le journal : « Lire Peuple libre une fois par mois, c’est bien ; le lire chaque semaine, c’est mieux ».

Dans le numéro du 6 novembre 1954, il apparait, en pages intérieures, une tentative de Peuple libre d’Étoile, cette expérience ne dure pas.


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Les abonnements ou réabonnements peuvent se faire soit directement au journal soit en passant par le curé.

1ᵉʳ février 1955    Abonnements Peuple libre :


 81 familles abonnées à l’édition hebdomadaire
413 familles reçoivent l’édition mensuelle
229 familles ont fait des dons

En trois ans, le nombre de lecteurs a fortement augmenté, c’est le résultat d’une information complète sur la paroisse et le militantisme des deux prêtes.

Les moments qui ont marqué les paroissiens d’Étoile et que le journal a relevés. Au début, le curé Marnas savait faire le tri de ce que devait lire ses paroissiens pour s’ouvrir petit à petit à leur environnement.

Par catégories, Emmaüs, travaux, associations, animation, école, Église, ciné familles, inondations par Véore et le Rhône, Baptêmes-mariages-décès, mouvement personnel,

La construction de la chapelle Saint-Joseph au quartier de la gare a tenu une place importante dans les informations paroissiales, et les relances pour participer aux travaux sur place ou pour rechercher des fonds indispensables.
 

L’incendie du chalet en bois de M. Albert, qui a précédé la construction de la chapelle et qui aurait pu entrainer de graves conséquences pour la mère et ses deux enfants qui se trouvaient à l’intérieur, n’a fait l’objet d’aucun entrefilet. C’est le risque pour un hebdomadaire, laisser passer le temps de l’émotion, l’information est rapidement obsolète.  

Après la période des quatre premières années qui permit au journal de faire ses preuves, l’abbé Marnas, avec son vicaire, se jettent dans la rédaction pour apporter les bonnes informations aux paroissiens. Ce sont les premiers correspondants de Peuple libre sur la commune.

C’est lors de leur départ d’Étoile que l’on mesure le rôle important des bénévoles. 1959, dernière année à la paroisse, il y a eu 53 articles pour l’année. L’année suivante, ça tombe à 6, puis 16 en 1961. C’est la période où plusieurs ecclésiastiques se succèdent. L’arrivée du Père Louis Chaudet en 1963 fait remonter la parution à 49 articles. Fini les articles longs du père Marans, dorénavant l’information se limite aux naissances, baptêmes, mariages, décès et quelques évènements paroissiaux : communions, kermesse…

À partir de l’année 1979, le père Chaudet, malade, ne peut assurer régulièrement la transmission des informations : 1979, 31 articles ; 1980 : 28 ; 1981 : 28, 1982 : 32 ; 1983 : 54.


Peuple libre vu d'Étoile-sur-Rhône

Fin 1982, une nouvelle correspondante prend le relais. Les articles sont plus étoffés et s’ouvrent largement aux activités du village. Les associations sont invitées à lui communiquer leurs informations.

 

 

Peuple libre vu d'Étoile-sur-Rhône

 

Peuple libre est devenu un journal d’informations locales, il a depuis longtemps quitté le périmètre des paroisses qui ont depuis plus de 20 ans beaucoup changé, elles ne se limitent plus à un clocher. Ici ou là, dans quelques pages, est annoncée la messe dominicale, mais c’est rare.
La commune, le village reste l’endroit où naissent les informations partagées par les lecteurs.

 

Peuple libre vu d'Étoile 

Voir aussi l’article sur Lucien Micoud, journaliste à Peuple libre  Peuple libre vu d’Étoile-sur-Rhône

Archives Départementales de la Drôme apportent l’essentiel de la documentation :
La collection du bulletin Le Semeur, du numéro UN au dernier numéro.
Et toute la collection de Peuple libre.
Les annonces du Prône apportent quelques précisions.

Date de dernière mise à jour : 07/08/2024

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