Après 1945, presque 1 million de prisonniers de guerre de l’Axe (l’Axe représente l’Allemagne et l’Italie, et une vingtième de pays se battant au côté de l’Allemagne) dont principalement des allemands sont détenus en France, d’abord dans des camps ou dépôts, ils sont progressivement, mis à la disposition des collectivités locales, les agriculteurs et les entreprises.
Réticents au début, les prisonniers sont rapidement réclamés car il manque cruellement de main-d’œuvre dans les campagnes, et beaucoup de travaux dans les communes.
> Trois commandos à Étoile
Commando agricole, une quarantaine de prisonniers ; commando d’entreprise à ICARE, quarante prisonniers et le commando municipal de 11 prisonniers.
> Le commando agricole est le premier constitué, les arrivées s’échelonnent d’avril 1945 à mars 1946 (dernière demande d’agriculteur satisfaite). La liste ci-dessous est plus importante car il y a des départs et des évasions qu’il faut remplacer.
GALBERT
|
Adolf
|
Caporal
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FABER
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Hermann
|
|
THANNHÄUSET
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Heinz
|
2ème classe
|
EHRICH
|
Rudolf
|
Sergent
|
HOSLER
|
Paul
|
|
KECK
|
Jacot
|
|
HABETH
|
Josef
|
|
KIELHORN
|
Fritz
|
Caporal
|
SEEBER
|
Frieabald
|
|
KEPPLER
|
Fritz
|
Caporal
|
GÜNKEL
|
Rudolf
|
Caporal
|
SCHWIN
|
Valentin
|
Caporal
|
FINGER
|
Bernhard
|
Caporal
|
SIEVERS
|
Erich
|
2ème classe
|
HOLLWEQ
|
Ernst
|
2ème classe
|
REINAL
|
Sixtus
|
|
STEHAN
|
Georg
|
2ème classe
|
FRÖBEL
|
Walter
|
|
LANGER
|
REINKOLD
|
|
SCHMIRDER
|
Emil
|
2ème classe
|
HERMANN
|
Wilhelm
|
|
WIMMER
|
Ferdinand
|
|
HÖSCHLE
|
Johann
|
|
BATTEFERDE
|
Wilfried
|
Caporal
|
STEUCK
|
Rolf
|
2ème classe
|
BRÜRIER
|
Helmut
|
Caporal
|
SCHULZ
|
Fredrick
|
2ème classe
|
BEHÜTNS
|
Georg
|
2ème classe
|
BOVENSIEPEU
|
Hans
|
|
ZUCHER
|
Xaver
|
|
JIMREK
|
Rodolf
|
2ème classe
|
REIMANN
|
Robert
|
Adjudant-chef
|
KOBKE
|
Friedrick
|
Adjudant
|
WÜRSIG
|
Bruno
|
Caporal
|
MIESBAUER
|
Franz
|
Caporal-chef
|
REIMANN
|
Robert
|
Adjudant-chef
|
FREY
|
Ervin
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Caporal
Évadé le 14 février 1947
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MEYER
|
Kurt
|
Sergent
|
MEYER
|
Joachim
|
Adjudant
|
LÖFFLER
|
Otto
|
Adjudant
|
KOCHEISE
|
Paul
|
Adjudant-chef
|
KOLBAS
|
Reinhold
|
Adjudant
|
KLOTH
|
Ferdinand
|
Adjudant
|
MAIMER
|
Edmond
|
Sergent
|
MÜLLER
|
Karl
|
Sergent
|
KLEIN
|
Gustav
|
Adjudant-chef
|
KILIAN
|
Georg
|
Sergent
|
SCHÄFER
|
Bruno
|
Caporal
|
HUBIG
|
Hugo
|
Caporal
|
KIELHORN
|
Fritz
|
Caporal
|
WOZZBURG
|
Albert
|
Caporal
|
WIND
|
Martin
|
Caporal
|
SCHANP
|
Wilfried
|
2ème classe
|
KEMPE
|
Alfred
|
Adjudant-chef
|
MÜLLER
|
Horst
|
Sergent
|
WILHELM
|
Alfred
|
Caporal
|
WAWRZINEK
|
Johann
|
Caporal
|
LAMENT
|
Stephan
|
Caporal
|
EICKHOLT
|
Alfred
|
Sergent
|
BÜCHLER
|
Léopold
|
Caporal
|
LANGER
|
Reinhold
|
2ème classe
|
WIERSBINSKI
|
Bernhard
|
Caporal
|
REIMANN
|
Robert
|
Adjudant-chef
|
LAUFF
|
Heinrich
|
Sergent
|
RESMANN
|
Wilhelm
|
2ème classe
|
BERTHOLS
|
Alfred
|
Caporal
|
Le 9 avril 1945, vingt premiers prisonniers allemands arrivent sur la commune, répondant aux demandes des agriculteurs et formant le commando agricole. Un homme de confiance, Louis HOBEY, nommé par le maire et rétribué, doit suivre la trésorerie et la gestion complète du commando agricole.
> Le deuxième commando arrive à la Société ICARE : Compagnie Industrie Commerciale et Agricole de la région d’Étoile, directeur général J. de Broe
GASSNER
|
Josef
|
Sergent
|
WERNER
|
Walter
|
Sergent
|
HELLFELDT
|
Wilhelm
|
Sergent
|
SCHRÖER
|
Henrik
|
Caporal-chef
|
HEGENLOCHER
|
Alfred
|
Caporal
|
GRIESEMANN
|
Walter
|
Caporal
|
DEISS
|
Willi
|
Caporal-chef
|
ALBERT
|
Wilhelm
|
Caporal
|
OSTEN
|
Édouard
|
Caporal
|
KEMMLER
|
Karl
|
2ème classe
|
HEINS
|
Alfred
|
Caporal
|
RECHENAUER
|
Gustav
|
Caporal-chef
|
EHMANN
|
Karl
|
2ème classe
|
REINHARDT
|
Kurt
|
Caporal-chef
|
SCHMIDT
|
Willi
|
Caporal
|
ZWINGMAN
|
Heinrich
|
Caporal-chef
|
LASKE
|
Willelm
|
Caporal-chef
|
ENGWALD
|
Helmut
|
Caporal
|
EICHHORR
|
Walter
|
Adjudant-chef
|
NEITZEL
|
Fritz
|
Caporal
|
GESSBERGER
|
Franz
|
Caporal
|
AUGENTHALER
|
Eduart
|
Caporal
|
ROTT
|
Hans
|
Adjudant-chef
|
SCHMIDT
|
Heinz
|
Sergent
|
SCHNEIDEI
|
Herbert
|
Sergent
|
KORCH
|
Alfred
|
Sergent
|
SCHOOG
|
Wilhelm
|
Sergent
|
SCHÄFER
|
Hans
|
Adjudant
|
MICHELS
|
Josef
|
Sergent
|
DE HAAN
|
Paul
|
Sergent
|
BOROWSKI
|
Alexander
|
Adjudant
|
REISCHL
|
Ludwig
|
Sergent
|
NEES
|
Walter
|
Sergent
|
DAHL
|
Werner
|
2ème classe
|
SCHMUCK
|
Kurt
|
Sergent
|
RISSMANN
|
Kurt
|
Sergent
|
SCHWARK
|
Willi
|
Sergent
|
MELLENTHIN
|
Walter
|
Adjudant-chef
|
MAURER
|
Robert
|
Sergent
|
WIMMER
|
Heinz
|
Caporal
|
WINTER
|
Frantz
|
Adjudant-chef
|
KËNIG
|
Wilhelm
|
Caporal
|
ZIOINGMANN
|
Heinrich
|
Caporal-chef
|
> Troisième commando municipal
La commune d’Étoile dépend du dépôt 147 dont le siège est à Montélimar. Le maire réclame un commando de 11 prisonniers : 1 cuisinier et 10 travailleurs, dont 1 parlant et comprenant le français, pour être employé en régis directe, c’est-à-dire pour des travaux municipaux.
Le 7 mars 1946, le commando de 11 membres arrive :
BRODKORB
|
Hermann
|
Caporal
|
EISCH
|
Franz
|
Caporal
|
ENGEL
|
Wilhelm
|
Caporal
|
FABER
|
Josef
|
Caporal-chef
|
GLAVE
|
Willi
|
Caporal
|
HENSEL
|
Emil
|
2ème classe
|
KAMMERER
|
Erwin
|
2ème classe
|
LACHMANN
|
Fritz
|
Caporal
|
LINDENAU
|
Herbert
|
Caporal
|
MANG
|
Karl
|
Caporal
|
MINGE
|
Alfred
|
Caporal
|
Au premier juillet de la même année, les travaux prévus par la commune sont terminés : … La commune d’Étoile emploie depuis le 7 mars 1946 et pour ses travaux communaux un commando municipal en régie directe composé de onze prisonniers de l’axe. Les dits travaux communaux vont être terminés sous peu de jours et les onze prisonniers devraient être remis normalement au dépôt 147, écrit le maire et rajoute :
…Depuis quelques temps déjà je suis appelé à donner mon avis concernant des demandes de Prisonniers de guerre formulées par des cultivateurs de notre commune dont les travaux sont de toute urgence et indispensable à la vie économique du pays (moisson). Or, le dépôt 147 ne peut donner satisfaction à leur demande de main-d’œuvre.
Les prisonniers ne quittent pas Étoile, ils sont répartis chez les agriculteurs.
Les travaux pour le premier trimestre de mars à juin 1946 : commencement de la place du Centre, entretien des bâtiments communaux, bouchage des tranchés abris, construction d’un égout. Pour ce trimestre Étoile reçoit une subvention de l’État de 34 628 Fr. L’État fournit chaque mois le tabac et le savon pour chaque prisonnier.
Pour la suite : remise en état des rues et places du Bourg, entretien des chemins communaux, débardage de bois appartenant à la commune, finir la construction de l’égout des Remparts, réalisation complète de la place du Centre (démobilisations d’immeubles achetés et nivellement du terrain).
Les travaux paraissent importants mais en juin 1946, tout est terminé.
> Les interdits sont nombreux :
L’encadrement des prisonniers doit être strict : ne pas être hébergé dans la même maison que les propriétaires et fermer le local à clés toutes les nuits. Interdiction d’utiliser une bicyclette qui peut favoriser les tentations d’évasion, interdiction de se rendre librement dans le bourg du village.
Interdiction de leur remettre des habits civils, en cas d’accident, se procurer au dépôt des habits militaires de remplacement. Interdiction de fréquenter des lieux publics : cafés, magasins…, même accompagnés, tout contact avec la population civile est interdit.
Interdiction de posséder une carte routière, même celle dans les agendas, calendrier des Postes ou revues.
Il est interdit aux propriétaires de remettre de l’argent français aux prisonniers, toujours pour gêner leur déplacement, pour favoriser les échanges il est créé une « monnaie de camp » que l’agriculteur doit se procurer au centre du dépôt (Valence). Chaque prisonnier placé dans une ferme a droit à une somme de 5 Fr par jour convertie en monnaie de camp. Le commando municipal touche, suivant leur spécialité, 70 à 120 Fr par jour.
Les courriers envoyés à leurs familles, ou pour en recevoir, doivent passer obligatoirement par le dépôt, tous autres envois sont interdits.
En cas de non-respect de ces règles par un propriétaire, tout le commando de prisonniers et retiré à la commune.
La règlementation organisant les commandos de prisonniers de guerre allemands évolue très vite en fonction des possibilités matérielles de l’État, par exemple l’impossibilité de fournir de l’habillement pour les prisonniers, il transmet cette charge sur les employeurs. À partir de janvier 1947 (il y a 41 prisonniers travaillant sur Étoile chez 41 agriculteurs), les contrats sont individualisés pour chaque prisonnier, plus de notion de commando. La participation des agriculteurs augmente.
À la fin de l’année 1947, les prisonniers de guerre allemands qui ont obtenu un « Certificat de libération », deviennent « travailleurs libres », il y en a 16 à Étoile, et reçoivent une carte de séjour temporaire. Certains jeunes allemands ne souhaitent pas rentrer tout de suite dans leur pays dévasté où personnes ne les attendent et que l’accueil en France leur convient. Seize ex-prisonniers sont dans ce cas.
> Accueil des PGA
Le 1er novembre 1945, le curé Marnas décide de réserver une messe spécialement aux PGA catholiques qui se trouvent sur la commune, à 6 h 30. Un prêtre connaissant l’allemand les confessera et leur parlera. Il demande aux agriculteurs de les envoyer à l’église.
Deux ans plus tard, en juin 1947, « l’homme de confiance », Louis HOBEY, demande à la mairie le prêt de la salle des fêtes pour que les PGA d’Étoile puissent participer à une représentation donnée par le dépôt 147 de Montélimar.
La réponse du maire est sans appel :
Responsable de l’ordre public dans notre commune, je ne puis vous accorder cette autorisation.
Il existe à Étoile trop de victimes de la guerre, parents de fusillés, ou de déportés, trop d’anciens prisonniers, trop de déportés politiques ou du Service du travail Obligatoire, trop de maisons détruites ou sinistrées par vol ou pillage pour que des incidents ne soient à craindre si vous donnez cette représentation dans notre salle des fêtes municipale.
> Décès de soldats Allemands
En 1953, il est décidé de transporter tous les corps (ou ce qu’il en reste) des soldats allemands au cimetière militaire à Montélimar.
Seize soldats sont morts sur le territoire de la commune et y sont enterrés. Soit au cimetière, soit sur la propriété des agriculteurs qui les emploient.
Il y a ceux qui sont morts leur de leur retraite, souvent par mitraillage de l’aviation alliée, et ceux qui sont décédés lors des travaux dans les champs, ou sur la voie de chemin de fer.
Avant la fin d’août 1944, c’est l’armée allemande qui enterre les siens au cimetière de la commune, fin août, elle laisse sur le terrain ceux qui n’ont pas eu de chance dans leur fuite. En règle générale, l’armée allemande ne laisse pas derrière elle les corps de ses soldats.
L’enterrement des corps se fait aussi chez les particuliers, en cas d’urgence, parfois sans cercueil, sous une couche de terre plus ou moins épaisse.
Un premier recensement est fait dès septembre 1944, il est déclaré 6 tombes au cimetière de la commune réalisées par les soldats allemands, les noms sont gravés sur des croix. Ils sont morts le 28 août 1944, mitraillés par l’aviation. Il s’agit de :
Hans Beorg ZIVERG., né le 25 juillet 1903
Franz FINK, né le 1er septembre 1908
Johan ROTHMUND
Josef KÖLBL, né le 1er décembre 1924
Anton KEIGER, né le 12 juin 1925
Théodor BENÈCHE, né le 3 décembre 1925
Lors de la retraite des allemands, 2 soldats tués et 2 tombes creusées en bordure de la N7, celle d’un officier et celle d’un soldat. La mairie conserve les documents personnels.
Toujours pour le même période, 3 sépultures chez des particuliers, faites à la hâte, peu profondes, il faut rajouter de la terre :
Au Péage : FLUCK, d’après le propriétaire du terrain, ce doit être un officier âgé de 24 ans
Aux Neyrie : Walter LIEBERT, né le 15 avril 1912, décédé le 29 août 1944
Aux Battendons. Olgenne FULLD, décédé le 29 août 1944
D’autres corps seront enterrés en septembre 1944 :
À Vachon : Albrecht STEINBAUER, né le 31 décembre 1904, décédé entre le 20 et 25 août, tué dans sa voiture mitraillée par l’aviation.
Aux Dilliers : Lolanawpy LYNVIMANN, né le 29 octobre 1908, décédé le 2 septembre 1944
Au Comte : Walter SCHONWANDT, né le 4 mai 189, décédé le 2 septembre 1944
Et deux décès accidentels parmi les prisonniers de guerre Allemands, et enterrés au cimetière :
Rudolf BREMER, décédé accidentellement le 25 mai 1947 sur la N7, prisonnier de guerre
Willy MULLER, né le 10 février 1910, décédé le 30 novembre 1945, grade adjudant-chef, prisonnier de guerre du commando de Portes-lès-Valence, accident sur la voie ferrée sur le territoire d’Étoile.
L’exhumation des corps enterrés au cimetière se fait le 1er juin 1953, sans difficulté. Pour les corps décimés sur les propriétés privées le transfert est plus long.