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Militaires et civils Morts pour la France

Au monument aux morts, situé au cimetière de la commune, la plaque regroupant les Morts pour la France pendant la deuxième guerre mondiale rassemble 16 noms, dont la moitié est des militaires et l’autre moitié des civils et résistants.

Que veut dire « Mort pour la France » ?
La mention « Mort pour la France », qui doit être ajoutée sur l’acte de décès, est instituée pendant la Première Guerre mondiale pour honorer les combattants morts sur le champ d’honneur.
Après la Deuxième guerre mondiale l’attribution est élargie pour tenir compte de tous les conflits, et pour toutes les victimes du fait de la guerre.

Pour les militaires c’est le ministère des anciens combattants qui l’attribue, automatiquement, dès lors que le militaire entre bien dans la définition.
C’est ainsi que sont « Morts pour la France » : MONTELLIER Paul, LIÈVRE  Georges, BOIS Henri, BEL Charles, JACQUAMET André, CLAIR Julien, VIOLET Georges, FIARD Aristide et d’autres qui ne sont pas sur le monument aux morts.

Pour les victimes civiles, c’est à la famille, une collectivité, une organisation ou un citoyen de faire la demande. Dans ce cas, il faut apporter la preuve que le décès est bien imputable à un fait de guerre. Rares sont les démarches faites dans ce sens et l’exemple de Roger JOUVE, c’est la SNCF qui a fait les démarches et bien que ce soit la même bombe qui est à l’origine des décès de Blanche et Roger JOUVE, seul Roger a la mention « Mort pour la France ».

Pour François COMBE, il est possible que les démarches effectuées pour l’héritage aient permis cette reconnaissance. En effet, François, fils unique, aurait hérité sans problème de sa mère, mais n’étant pas marié et sans enfants, il fallut rechercher des héritiers. Justifier que François COMBE soit « Mort pour la France » a pu faciliter la transmission patrimoniale.

Alors pourquoi demander aujourd’hui que soit attribuée la mention « Mort pour la France » à tous ceux inscrits sur le monument ? C’est une question que peuvent se poser ceux qui participent aux cérémonies, comme ceux qui se désintéressent de ces moments de souvenir.

C’est une question de justice ! Flagrante injustice quand l’un des deux morts n’est pas reconnu comme tel pour un même événement. C’est aussi faire œuvre de réparation quand il s’agit de jeunes sans famille, leurs morts auraient-elles moins d’importance ?
 
En 2017, six mentions « Mort pour la France » ont été obtenues qui ont permis de mettre à jour la plaque du monument aux morts.

Le 31 octobre Adrien Marchal, nouvel habitant et peu connu des étoiliens, est le nouveau maire de la commune.
À la réunion du conseil municipal du 23 décembre 1947, il propose la réalisation de deux plaques pour honorer la mémoire de ceux qui sont morts sous les frappes ennemies et décédés au cours de la guerre 1939-1945 : l’une sur le mur de l’église, l’autre au monument aux morts du cimetière.
Le conseil approuve et donne pouvoir au maire d’entreprendre, au plus tôt, toutes démarches pour présenter au conseil les dispositions prises pour la réalisation de ce projet.


Étoile-sur-Rhône 39-45Puis plus rien ne se passe pendant les six premiers mois de 1948.
En juillet, Lucien Ravit de la Scierie de Marbres de Livron est contacté pour la réalisation des plaques. Il propose :
Pour la plaque sur l’église, de 154x36 cm, en pierre de Chomérac de 20mm d’épaisseur, de la même largeur que celle existante pour de la guerre 14-18 (pour l’église, il faut l’autorisation de l’architecte des monuments historiques), et au cimetière une plaque en marbre blanc de 40mm d’épaisseur.

Lucien Ravit propose aussi que soit gravé la Croix de Lorraine, mais cette proposition n’est pas retenue. Le devis est fait pour la fourniture des pierres, l’inscription des lettres se paie à la pièce, au tarif syndical.

La commande ferme est passée le 15 octobre 1948 qui comprend, la pose, le nettoyage des plaques existantes et le repeint des lettres pour le 5 novembre 1948 au plus tard.
C’est au moment de la commande que le maire établit la liste de nos noms.

Entouré de quelques personnes du conseil et du garde champêtre André Valette, le maire note sur une feuille de papier les noms et prénoms et les dates de décès, pour celles qu’il connait, car les noms sont gravés dans l’ordre de la fin de vie. La liste est composée en faisant appel à la mémoire des uns et des autres.
Il y a bien quelques hésitations, Cotte et Durand : victimes civiles ou combattantes ? Les dates ne sont pas toujours précises, le maire et ses collègues n’ont plus le temps pour approfondir et savoir si la règle est respectée : être né dans la commune ou être domicilié dans celle-ci au moment du décès (voir le chapitre « Mort pour la France »). L’inscription sur le monument est un signe de reconnaissance envers les familles qui ont perdu l’un de leurs proches, même si cela doit être une entorse à la règle.
Il faut dire aussi que le maire Adrien Marchal n’est pas un enfant de la commune et que pendant les tristes moments de la guerre il a connu une autre histoire dans un autre village. Les nouveaux conseillers municipaux n’ont pas tous suivi de près les événements passés.


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Il est demandé à Lucien Ravit que les noms soient gravés en majuscules, les lettres des prénoms en petites majuscules, sauf la première lettre qui est de la même taille que le nom. Lucien Ravit doit faire vite.

C’est chose faite et l’inauguration a lieu le 11 novembre 1948.

 


Les combattants et victimes civiles :

Montellier Paul

Lièvre Georges

Bois Henri

Bel Charles

Jacquamet André

Cotte Honoré

Clair Julien

Rémy Albert

Violet Georges

Durand Jean

FIARD Aristide

Jouve Roger

Vincent-Jouve Blanche

Combe François

Seigle-Combe Régina

Jouve Louis

Nota : la plaque a été refaire pour accueillir des nouveaux noms suite aux démarches entreprises en 2017 auprès de l’ONACVG

Paul Albert Montellier est né le 18 octobre 1918 à Saint-Agrève en Ardèche, commune de 2500 habitants ; au hameau de Freyssinet. Fils de Marie-Louise Suzanne Chaudier qui est domestique chez des cultivateurs.
Il passe son enfance et sa jeunesse chez les grands-parents maternels à Saint-Agrève.

Il est affecté au 15ème Bataillon de Chasseurs à Pied le 4 novembre 1938. Il est désigné pour effectuer un stage d’Ordonnance d’Officiers à Grenoble en Août-Septembre 1939. En octobre 1939 il est muté au 21ème Bataillon d’instruction.
Il rejoint le 31e Bataillon de Chasseurs à Pied (31e BCP), 2e compagnie le 1er mai 1940. À partir du 16 mai le bataillon est en position sur les rives de l’Aisne. Encerclés les soldats se défendent vaillamment. Paul est tué le 7 juin 1940 à Thugny Trugny, dans les Ardennes, en plein combat, et est inhumé au cimetière de cette commune.

Citation : Chasseur brave et calme au feu, il s’est particulièrement distingué au cours des combats livrés dans l’Aisne du 16 mai au 10 juin 1940. Il a trouvé une mort glorieuse le 9  juin en défendant âprement la position encerclée depuis plusieurs heures.
Le 23 décembre 1943, la Croix de guerre avec étoile d’argent lui est attribuée.

Montellier, Monteiliet ou Mantellier ?
Si vous faites des recherches aujourd’hui il est possible qu’il vous manque un maillon familial, et en suivant le nom Montellier vous risquez de faire fausse route car ce patronyme a une histoire que nous allons conter.

Le père de Paul est né Jean Mantellier le 26 juillet 1900,  au 1 rue de la Charité à Lyon 2ème arrondissement (c’est l’hôpital). Il est abandonné par sa mère et c’est lors de la transcription de son nom par l’Assistance Publique qu’une erreur est commise. C’est donc Jean Montellier qui est placé en Ardèche en nourrice, puis dans une autre famille pour suivre sa  scolarité. Après son service militaire il est placé chez Monsieur Pottu, au quartier de la Paillasse, à Étoile-sur-Rhône. Il se marie en Ardèche avec la mère de Paul en 1923 (Paul a 5 ans lors du mariage), et tous les frères et sœurs ont le nom de Montellier.
En 1959 le tribunal décide de rétablir le vrai nom pour Jean Mantellier qui est appliqué à tous les enfants.

Paul a pendant 5 ans porté le nom de sa mère, puis celui de son père par le mariage : Montellier. Les actes de naissance sont modifiés et prennent le nom de Mantellier, ce n’est pas le cas de la gravure sur les pierres.

Georges Lièvre est né le 26 décembre 1908 au 36 rue de l’Arbre sec à Lyon 1er arrondissement, c’est un hospice. Georges a un frère jumeau prénommé Maurice.
Abandonnés par leur mère, ils sont recueillis par l’Assistance Publique du Rhône.

Georges est placé à Saint-Basile en Ardèche jusqu’en 1928, chez le même agriculteur pendant près de 12 ans. À maintes reprises les deux frères demandent leur rapprochement au service de tutelle, leur demande est prise en compte, Georges rejoint l’agence de La Voulte, comme son frère.
Georges passe le Rhône pour aller travailler chez Lucien Soulat à Livron, son frère est chez Ernest Boissonat à Livron.
Les deux frères font la même démarche pour être ensemble dans l’armée, cela ne se fera pas.

Au moment de son incorporation, le 23 octobre 1929 au 25e Régiment d’Infanterie de campagne, il travaille chez Paul Monier, quartier Calitati (près du hameau des Pécolets) à Étoile-sur-Rhône, depuis un an.

Georges est rappelé le 6 septembre 1939 et incorporé au 81e Régiment d’Artillerie Nord-Africain, son poste est 2ème canonnier-servant la 5e batterie commandée par le lieutenant Léon Durandau.

Dès le 11 mai 1940 l’aviation allemande bombarde le secteur de Luzarches (Val-d'Oise, anciennement Seine-et-Oise), Georges Lièvre est grièvement blessé par l’éclatement d’une pièce à la ferme de Trianon, près de Luzarches. Il décède le 31 mai 1940 à Harbonnières (Somme).

Citation : « Canonnier modèle de conscience et de courage. Tué à son poste de combat ».

Henri Joseph Bois est né le 24 février 1910 à Étoile-sur-Rhône, quartier du Péage, il porte les mêmes prénoms que son père.
Il se marie à Saulce (Drôme) le 15 juin 1935 avec Marie-Louise Puaux et ils auront une petite fille Monique Henriette née en juin 1939

Sa première incorporation dans l’armée est en avril 1931. Il reste sous les drapeaux pendant un peu plus d’un an.
Il est rappelé le 26 août 1939 au 159e Régiment d’Infanterie Alpine. Pendant un temps porté disparu en juin 1940, en fait il est tué à l’Échelle de Franc (Marne) le 12 juin 1940 où il est inhumé. L’acte officiel de décès est rédigé seulement le 12 mai 1942 et transmis à la mairie d’Étoile-sur-Rhône. Deux ans sans nouvelles !

Sa fille, Monique Henriette Bois est adoptée par la nation en octobre 1942.

Henri Joseph et Marie-Louise Bois travaillaient la terre au quartier des Josserands. Paul Verd (futur maire de la commune à la libération en septembre 1944) aide Marie-Louise pendant l’absence de son mari. André Mantellier arrivé à la ferme en 1939 comme garçon de ferme y séjourne jusqu’à ce que Marie-Louise Bois décide la vente des terres (voir chapitre sur Paul Montellier).
La dépouille d’Henri Joseph Bois est transportée au cimetière de la commune d’Étoile-sur-Rhône en 1948.

Étoile-sur-Rhône 39-45Charles Robert Bel est né le 30 juin 1916 à Lyon 1er arrondissement fils de Philiberte Bel, née à Roanne et brodeuse à Lyon, 1 place du Perron.
Elle a déjà 2 enfants quand naît Charles.
Ses revenus ne lui permettent pas de reprendre l’enfant qui est en traitement à l’hôpital. Elle décide de l’abandonner à l’Assistance Publique du Rhône.
Il est élevé en Ardèche jusqu’en 1932. En Drôme, il est placé à Valence, puis Allex, et arrive chez Maurice Chastang (cousin de Maurice Chastang dit Lucien) au quartier les Contents à Étoile-sur-Rhône le 24 mars 1934.

Le 28 octobre 1935, il s’engage pour 3 ans au 18e Bataillon des chasseurs à pied à Grasse (Alpes-Maritime). Il est nommé Première classe en 1936, caporal en 1937 et caporal-chef en 1938. Il est libéré et revient à Étoile-sur-Rhône en octobre 1938.
En janvier 1939, il change d’employeur et travaille chez Jalland à Bourg-lès-Valence.
Rappelé en août 1939 au 21ème Bataillon d’instruction, il est nommé sergent en mai 1940 et passe au 31e bataillon de chasseurs à pied (31BCP).

Il est fait prisonnier à Thugny-Trugny (Ardennes) le 11 juin 1940.
Emmené au Stalag XIIIA de Nürnberg il est transféré au Stalag XIIIC à Hammelburg (en Bavière) le 19 août 1940.
Il reçoit le numéro de matricule de prisonnier de guerre 60367.

 


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La vie dans le camp ne convient pas à Charles qui est habitué au grand air de la campagne et à plus de liberté. Il fait les démarches pour pouvoir circuler en dehors du camp. Il obtient en juillet 1943 une « mise en congé de la captivité allemande » pour travailler dans un commando de travail à la Société Kugelfischer Georg Schäfer & Co, rue Adolf Hitler  située dans la ville de Schweinfurt, qui produit des roulements à billes pour l'industrie de guerre. Pour faciliter ses déplacements, il doit porter un tissu blanc avec le nom du stalag et les couleurs de la France sur le col.
 


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En Allemagne comme en France il faut des tickets pour acheter le nécessaire. Son travail en usine lui permet d’acheter plus facilement des chaussures le 21 janvier 1944. Même dans les périodes difficiles le commerce garde ses droits : le message écrit au verso de la facture des chaussures que Charles a achetées :
« Mes remerciements de me soutenir en achetant chez moi.
Je vous ai servi avec amabilité et professionnalisme, parlez-en à vos amis.
Pour vos futurs achats n'oubliez pas que je propose une vaste gamme de belles chaussures à la mode jusqu'aux simples bottes de travail aux prix les plus bas. Les chaussures Schrepfer habillent, sont accessibles et bon marché ».

 

 

 


Charles Bel est tué à Schweinfurt lors du bombardement par l'aviation américaine du 24 février 1944.
Il est enterré au cimetière de Schweinfurt, dans la tombe : rang 22, n°52

La mairie d’Étoile-sur-Rhône est informée du décès de Charles Robert Bel le 21 septembre 1944.

Il obtient la mention « Mort pour la France » le 12 février 1951.

André Élie Albert Jacquamet est né à Portes-lès-Valence, quartier de Neyrement, le 7 décembre 1915, fils de Gaston Sébastien Jacquamet et de Louise Valette.

Orphelin très jeune, il est recueilli par son oncle Sébastien Jacquamet qui habite à Étoile-sur-Rhône au quartier Fiancey.

Il effectue sa période normale du service militaire au 158ème  Régiment d’Infanterie à partir d’octobre 1936, il est « renvoyé dans ses foyers » en octobre 1938.
Il est rappelé en mars 1939 et incorporé au 226e Régiment d’Infanterie (226e RI).

Tué au combat le 19 juin 1940 à Neubois (Bas-Rhin)

L’acte de décès est établi le 11 février 1942, et le 20 mai 1942 le maire de la commune d’Étoile-sur-Rhône reçoit l’avis du Secrétariat Général des Anciens Combattants :
« Monsieur le Maire d’Étoile-sur-Rhône (Drôme), j’ai l’honneur et le pénible devoir de vous prier, si elle n’a pas encore été prévenue, d’aviser avec tous les ménagements désirables, la famille de Jacquamet Élie-André ».
 
André Élie Albert Jacquamet est inhumé au cimetière communal de Gerenth, arrondissement de Schlettstadt (Bas-Rhin), c’est le nom alsacien de la commune Sélestat entre 1940 et 1945, période où l’Alsace a été incluse dans le Troisième Reich.

Les recherches sur Honoré Cotte ont été longues et n’ont pas permis de connaitre les conditions de son décès.

Vous trouverez ci-dessous les démarches et recherches effectuées, en espérant que de nouveaux chercheurs s’attellent à la tâche.
Pour orienter nos recherches nous sommes partis de quelques éléments donnés par les personnes qui l’ont connu à Étoile-sur-Rhône, ce qui forme la « mémoire collective » : un jeune, un peu plus de 20 ans. Aucune piste n’a été négligée.

1-Honoré Cotte est né à Étoile-sur-Rhône ?
Mais voilà, aucune trace de naissance entre 1920 et 1925 (et même en deçà ou au-delà de ces dates) dans le registre des naissances de la commune d’Étoile-sur-Rhône.

2-Honoré Cotte né à Valence ?
Aucun Honoré Cotte n’est né à Valence d’après les registres de naissance entre 1920 et 1925.
Nous avons poussé nos recherches dans les recensements de Valence.
Que ce soit dans le recensement de 1926, 1931 ou de 1936 de la ville de Valence, il n’y a aucun Honoré Cotte.

3-Honoré Cotte habitait à Étoile-sur-Rhône ?
Honoré est un jeune homme que quelques jeunes étoiliens ont connu et qui est de leur âge, nos recherches dans les recensements débutent en 1921.

Dans la Grande rue, il y a le chef de maison Henri Cotte, né en 1892 à Saint Péray, forain. Habitent dans la même maison son frère Marcel, né en 1904 à Valence, sans profession et Eugénie Michelot, née en 1899 à Beaucaire, ouvrière foraine.

Henri Charles (pour être complet) Cotte est le fils de Jules François Honoré Cotte (retenez le prénom Honoré) et de Sophie Courbis. Son frère Marcel Cyprien est né en 1906 à Valence (pas en 1904 comme indiqué au recensement). Le père d’Eugénie Michelot est chanteur ambulant, sa mère sans profession, Eugénie est née au hasard des déplacements dans le département du Gard.
 
Au recensement de 1926, au lieu-dit Véore, dans la maison d’Henri Charles Cotte, il y a son frère Marcel (né cette fois en 1906) et Eugénie Michelot, non parente. Tous deux employés d’Henri sont déclarés « forains ». Henri déclare son entreprise en février 1923 « vente de vaisselle, forain », il est à cette date célibataire.
La composition de la famille Cotte n’a pas changé depuis 5 ans
 
Au recensement de 1931, à la Véore, sortie d’Étoile-sur-Rhône, la maison Henri Cotte compte quatre personnes en plus du chef de maison. Eugénie Michelot (domestique) est l’employée d’Henri, il y a un Honoré Cotte né en 1924 à Valence, fils d’Henri. Marcel Cotte frère d’Henri, et Rosa Gagneux belle-sœur d’Henri (les liens de parenté sont toujours donnés par rapport au chef de maison).

C’est la première fois, au recensement de 1931, qu’apparait Cotte Honoré, ce qui soulève trois remarques : Honoré aurait dû être au recensement de 1926 de Valence puisqu’il est déclaré né en 1924 à Valence. Il est présenté comme le fils d’Henri et nous ne savons pas qui est réellement sa mère. Le point le plus important est qu’il ne figure pas dans le registre des naissances de Valence en 1924 ni à une autre date.

Au recensement de 1936 d’Étoile-sur-Rhône, il y a neuf personnes dans la maison de Charles Cotte (vous avez remarqué, parfois Henri, ou Charles ou Henri Charles pour la même personne) :
- Eugénie Michelot : épouse,
- Henri Cotte, né en 1933 à Étoile-sur-Rhône : fils (qui sera plus connu par la population par le surnom de Riri),
- Honoré Cotte, né en 1923 à Valence : fils.
- Rosa Gagneux : belle-sœur,
- Marcel Cotte : frère,
- Charles Cotte, né en 1931 à Étoile-sur-Rhône : neveu,
- Pierre Cotte, né en 1933 à Étoile-sur-Rhône : neveu,
- Eugénie Cotte, née en 1935 à Étoile-sur-Rhône : nièce.

Que de changements en 5 ans, 4 enfants nouveaux !
Dans la maison d’Henri Charles Cotte nous pouvons penser qu’il y a deux familles distinctes. Marcel, marié à Rosa, a trois enfants : Charles, Pierre et Eugénie, tous trois nés à Étoile-sur-Rhône. Quatre autres personnes qui ressemblent à une famille mais posent question : Eugénie est-elle l’épouse d’Henri Charles ? Sur l’acte de naissance d’Eugénie il n’y a aucun mariage d’indiqué dans la marge, et l’acte de décès en 1947 aucune mention d’un époux. Honoré est-il vraiment le fils d’Henri Charles, et qui est sa mère ? Aucun document administratif ne permet de préciser les liens directs entre Henri Charles et Honoré.

La lecture des quatre années de recensement d’Étoile-sur-Rhône ne fait qu’ajouter des doutes à des incertitudes. Nous avons chaque fois confronté les informations recueillies aux actes de naissance et de décès, ce qui confirme que les recensements sont à prendre avec précaution.

4-Honoré Cotte a fréquenté l’école d’Étoile-sur-Rhône ?
Remerciements appuyés aux directeurs successifs de l’école primaire des garçons de la commune d’avoir conservé les registres des élèves présents, mais voilà : il n’y a pas d’Honoré Cotte. À la rentrée du 5 octobre 1931 est inscrit Eugène Cotte, né le 19 avril 1923 à Valence, fils de Gabriel Cotte. Nous vous rappelons que c’est en 1931 que le nom d’Honoré Cotte apparait pour la première fois sur le recensement d’Étoile-sur-Rhône, mais point d’Eugène recensé.
Bien que personne ne se souvienne de lui Eugène est à l’école avec des garçons d’Étoile-sur-Rhône comme Michel Planas, René Rey et André Marquet qui ne connaissent qu’Honoré.

5-Et si Honoré Cotte était Eugène Cotte ?
Eugène quitte l’école le 19 avril 1937, jour anniversaire de ses 14 ans, pour aller travailler dans les champs.
Sur le registre de l’école il a été rajouté dans la colonne « OBSERVATIONS » : Tué au « maquis » en 1944. Nous allons suivre la piste Eugène Cotte.

6-Qui est Eugène Cotte ?
À ce point du récit nous vous demandons une attention particulière !

Le 19 avril 1923, à Valence, Marcelle Marie Marthe Dupont met au monde un garçon qu’elle prénomme Eugène (un seul prénom pour ce garçon) et a défaut de père déclaré l’enfant garde le nom de Dupont.
Le 4 juin 1925 Eugène ainsi que son jeune frère Antoine Marcel Jules sont reconnus par Gabriel Eugène Cotte, nous comprenons mieux le prénom donné à Eugène. Eugène Dupont prend le nom de Cotte. Gabriel Cotte meurt à la fin de 1926 laissant deux enfants orphelins. Gabriel Cotte et Marcelle Dupont n’ont jamais été mariés.

7-Cette situation dure quelques années, jusqu’au mariage de Marcelle Dupont avec Joseph Pierre Mourier en 1934 qui, à l’occasion de ce mariage, reconnait les deux enfants Dupont (acte de reconnaissance établi quelques heures avant le mariage). Les enfants Dupont, un temps enfants Cotte, deviennent Mourier.
Le registre de l’école n’est pas modifié. Comme nous l’avons vu plus haut, le directeur inscrivait des informations bien après la sortie de l’école et s’il avait été informé de ce changement de patronyme (Eugène est à l’école jusqu’en 1937) il aurait, sans aucun doute, apporté cette modification. Autre bizarrerie, quand Eugène entre à l’école d’Étoile-sur-Rhône en 1931, son père Gabriel est déclaré comme représentant légal de l’enfant bien que son décès remonte à 1926 ?

8-Qui est Gabriel Eugène Cotte ?
Gabriel Eugène Cotte est né le 27 février 1900 à Valence. Fils de Jules François Honoré Cotte et Sophie Courbis, Gabriel est le frère d’Henri Charles et Marcel Cotte, tous deux habitent à Étoile-sur-Rhône. De santé fragile, il est exempté de service militaire et décède dans sa 27ème année.

9-Dupont-Cotte-Mourier, Eugène-Honoré ?
Nous sommes tentés de convenir qu’Honoré Cotte est en fait Eugène Mourier !
Pour qu’aucune information ne nous échappe, toutes nos recherches qui vont suivre seront pour Eugène Dupont, Honoré Cotte, Eugène Cotte et Eugène Mourier.

10-Dans les archives départementales de la Drôme ?
En 1955, André Vincent-Beaume réalise des listes de personnes mortes du fait de la guerre 39-45 suivant les renseignements collectés de différentes sources, et particulièrement des maires des communes de la Drôme. Deux documents (132J1 et 132J2) regroupent l’ensemble des déclarations communales.
A-Liste par commune :
Des personnes qui y ont été tuées ou arrêtées, sauf les victimes des bombardements.
Des personnes domiciliées dans la Drôme ou qui y avaient trouvé asile, qui sont décédées par suite de faits de guerre.
B-Liste alphabétiques des tués ou décédés :
De l’armée régulière (AR).
Des forces françaises de l’intérieur (FFI).
Des déportés dans les camps de concentration (D).
Des internés fusillés ou massacrés (I).
Des requis au Service du Travail Obligatoire (STO).
Des victimes civiles (VC).
Dans ces deux ouvrages nous trouvons (en ce qui concerne Honoré Cotte) :
Cotte Honoré est classé une fois (AR) comme faisant partie de l’armée régulière.
D’autres documents (132J60) rassemblent la liste des drômois tués dans le département et aussi dans l’Ain, l’Ardèche, Basses-Alpes, Hautes-Alpes, Isère, Rhône et Vaucluse, dans toutes ces listes aucun nom : aucun Dupont, Cotte ou Mourier n’apparait.
Que ce soit aux archives militaires de Caen : personnes militaires ou civiles mortes pour la France, ou à Pau : carrières militaires, aucune trace de Cotte Honoré ou Mourier Eugène.

11-Honoré Cotte, résistant, tué en Ardèche ?
C’est une affirmation, dans la mémoire collective, pour expliquer la présence d’Honoré sur le monument aux morts de la commune. Les maquis en Ardèche regroupent des résistants venants des départements limitrophes et parfois loin du département, et lors des accrochages avec les soldats allemands il y eut de nombreux morts, principalement en 1944. Parfois il a été difficile de reconnaitre les corps et plusieurs inconnus sont inscrits dans les registres de décès des communes.
Il y a 339 communes en Ardèche, par où commencer ? Nous commençons par des demandes aux communes le plus souvent citées comme lieux de confrontations, sans résultat. Nous avons élargi aux autres communes du département : dans aucun des registres de décès des 339 communes n’est inscrit le décès d’Eugène Dupont ou Honoré Cotte ou Eugène Mourier !

12-Honoré Cotte tué au Pouzin ?
Le Pouzin est une commune de l’Ardèche de 1500 habitants (en 1939), au bord du Rhône, traversé par la nationale 86 qui longe la rive droite du fleuve.
Il y a aussi la voie ferrée qui emprunte le même parcourt et est particulièrement utilisée pour le transport de marchandises. Il y a un important dépôt de carburant de la Société « La Mure ».
Le 1er juin 1944 un groupe de résistants parvient à voler, avec une certaine facilité, un camion avec 3000 litres d’essence.
Cela donne des idées à un groupe de maquisards  qui espère renouveler l’exploit. Le 16 juin au soir deux détachements de FTPF de Lamastre (Francs-Tireurs et Partisans Français) entrent en action. Mais cela ne se passe pas comme prévu lors des repérages, les soldats allemands et les GMR (Groupe Mobile de Réserve) les attendent et prennent l’initiative des premiers tirs. Le bilan est tragique !
28 volontaires font partie de l’expédition : 3 seulement sont sortis indemnes, 7 blessés s’en sortent, 4 blessés décèdent pendant leur évacuation. Les autres (14 blessés et prisonniers) sont fusillés.
Lors de la levée des dépouilles, le lendemain matin, aucun document d’identité ne fut trouvé sur les corps mutilés. Est-ce que les jeunes sont partis de Lamastre sans papier ? Est-ce que les allemands et les GMR, avant de les fusiller, font disparaitre toutes possibilités de reconnaissance ?
Chaque corps allongé sur une civière est pris en photographie. Numérotées de 1 à 14, elles sont jointes à la déclaration des décès, pour permettre les recherches ultérieures.
De fin 1944 à fin 1954, le tribunal civil de Privat prononcera 10 rectifications de déclaration de décès, à la demande des familles. Pour les 4 autres décès le document porte un nom, écrit au crayon, dans la marge, suivi d’un point d’interrogation.
Est-ce qu’Honoré Cotte est l’un des leurs ?

13-Eugène Mourier « parti Isère »
Un document manuscrit liste les jeunes de la commune d’Étoile-sur-Rhône, nés en 1923, en âge de partir aux chantiers de jeunesse ou qui sont déjà aux chantiers.
 
Ceux qui sont en cours de chantiers : André Bard, Henri Blachier, Édouard Fayer, Louis Jacquamet, Camille Lespet, Albert Rouveur, René Rey (d’août 1943 à Mars 1944), Michel Planas (de novembre 1943 à mai 1944) et Séraphin Héritier.
 
Ceux qui sont encore employés dans des fermes : Jean Durand (chez Serre) avait devancé son départ aux Chantiers, Marcel Levet et Eugène Mourier (chez Fayolle). Jacques Pétillat et Paul Robin ont quitté leurs patrons. Des jeunes se souviennent bien d’avoir fait les moissons avec Honoré Cotte chez Fayolle, ce qui confirme qu’Honoré ou Eugène est la même personne.

En dessous d’Eugène Mourier est inscrit « parti Isère ». Il apparait qu’Eugène préfère quitter son patron et se cacher plutôt que de partir aux chantiers. Alors serait-il mort en Isère ?
Les 529 communes de l’Isère ont été contactées, aucune n’a l’un des trois noms, Dupont, Cotte ou Mourier, dans les registres de décès entre 1943 et 1945.

14-Et dans la Drôme ?
Toutes les communes (et bien au-delà) où il y eut des affrontements ont été contactées, là encore il n’y a rien dans les registres des décès.

Hypothèse
Le père d’Eugène Cotte est décédé, sa mère fait les marchés et l’enfant est en âge d’être scolarisé. L’oncle d’Eugène, habitant Étoile-sur-Rhône, le recueille et l’inscrit à l’école. Mais pourquoi prend-il le prénom usuel d’Honoré ? Lors des recensements, la famille Cotte étant souvent absente, c’est la mémoire populaire qui est transcrite.

Par l’inscription sur les plaques des monuments aux morts en 1948, Honoré Cotte s’est figé dans les mémoires. Il ressemble à cet enfant qui joue avec ses camarades d’école, ou ce jeune homme qui va de ferme en ferme pour proposer ses services. Un peu taciturne, ne se mélangeant pas avec les autres, peut-être moqué pour sa marginalité, d’amis : point.

Cette affirmation « Cotte Honoré combattant mort pendant la guerre », inscrite dans le marbre, est reprise à chaque enquête, sans que soient réalisées des recherches plus approfondies : de 1947 à 1960 il existait beaucoup plus de témoins !

En avril 1960, ce sont les directeurs d’écoles qui sont sollicités par le département pour apporter leurs connaissances sur cette période. Henri Michaud, directeur de l’école des garçons au village, ne mentionne pas le cas Cotte, donc pour lui, Honoré Cotte soit n’est pas résistant, soit n’est pas mort.
Sur le mémorial départemental de la Résistance en Drôme, situé à Mirmande et inauguré en 1995, aucune inscription de Cotte Honoré, de Cotte Eugène ou d’Eugène Mourier (Il y a un Eugène Mourier, mais il était beaucoup plus vieux et connu comme résistant et déporté)

Communiqué
Il est difficile de conclure, beaucoup trop d’incertitudes.
Si, par hasard, vous rencontrez Honoré Cotte ou Eugène Cotte ou Eugène Mourier, dites-lui qu’il reprenne contact avec la vie et qu’il laisse un message sur ce site. Merci

Étoile-sur-Rhône 39-45 Julien Victor Léon Clair né le 13 décembre 1914 au quartier Soulier à Allex (Drôme), ses parents habitent Ambonil (Drôme), village proche d’Allex.

À son retour de la guerre 14-18, le père de Julien, Henri, s’installe en 1920 comme menuisier dans la Grand-rue à Étoile-sur-Rhône.
Le père meurt subitement laissant une famille de 8 enfants, Julien est l’ainé, il devient soutien de famille. Il travaille à Portes-lès-Valence, au dépôt de la SNCF.

En 1934, il effectue une préparation militaire et obtient le Brevet Spécialiste de Chars de Combat. Ce brevet en poche, il devance l’appel en octobre 1934 et effectue son année au 504e Régiment de Chars de Combat Alpin (504e RCCA) à Valence.
À son retour en 1935 il reprend sa place à la SNCF et devient conducteur de train.
En septembre 1938, il effectue un stage militaire de 4 jours en tant que mécanicien.

Il est rappelé en août 1939 au même régiment.

Il est tué dans son char lors d’une contre-attaque le 20 juin 1940 aux hospices de Charme et inhumé au cimetière annexe de Charmes (Vosges).
 
1932, Julien Clair en tenue. Photographie de Martial Peyron à Valence (collection Renée Clair)

Citation : « Mécanicien d’élite. A servi avec un zèle et un entrain exceptionnels sur la ligne fortifiée et au cours du retrait de 45 kilomètres sans arrêt. Volontaire pour remplacer le mécanicien de son chef de section, a permis par son sang-froid et son mépris du danger, de mettre dans un délai exceptionnel la section en œuvre pour une contre-attaque urgente. A été tué dans son char au départ de l’attaque ».
Croix de guerre 1939-1940, avec étoile de vermeil.

La famille n’est prévenue du décès que 9 mois après par un ami de Julien et il faut encore attendre 2 mois pour la confirmation officielle par la mairie.

En 1948, la dépouille de Julien Victor Léon Clair est inhumée au cimetière d’Étoile-sur-Rhône.

Albert Bébert Rémy fait partie des nouveaux inscrits sur le monument aux morts.
Voir l’article qui lui est dédié Étoile-sur-Rhône 39-45

Pour de nombreux étoiliens, le nom Violet fait penser à Marie-Rose qui a, jusqu’à plus de 70 ans, tenu un magasin de mercerie-habillement dans la Grand-rue d’Étoile-sur-Rhône (Drôme). Georges François Louis Violet est son frère venu au monde 7 ans avant elle, né à Étoile-sur-Rhône le 2 janvier 1907, dans la maison des parents. Son père, né aussi à Étoile-sur-Rhône, est mécanicien et sa mère couturière à domicile. Le père de Georges a ouvert un atelier de réparation de cycles.
Georges fréquente l’école primaire des garçons de la commune, puis il est pensionnaire à l’école des Maristes de Bourg-de-Péage (Drôme). Il apprend l’anglais et l’italien et obtient le bac de mathématique.

Le 1er mars 1935, Georges se marie avec Emma, Marie, Joséphine Vicat à Chatonnay (Isère)

Engagé volontaire pour 4 ans en juillet 1926 il est affecté au 35ème régiment d’aviation. Il est renvoyé dans ses foyers pour un an car « pas assez costaud… ». Il est rappelé un an plus tard.
Il est élève-mécanicien jusqu’en mai 1928.
Il est nommé caporal en juin 1928 et sergent en décembre 1928.
En juillet 1930, il poursuit son engagement dans le 2e régiment de l’Aviation de chasse. Il est admis dans le Corps des Sous-officiers en 1931 et entre à l’école militaire d’application aéronautique de Versailles.
Il est nommé sous-lieutenant en octobre 1932.
En août 1933 il est affecté au 3ème régiment d’aviation de Châteauroux. C’est quand il est en garnison à Châteauroux qu’il se marie.
Promu lieutenant en octobre 1936, puis capitaine en septembre 1938.

En 1940, il participe à la bataille de France. Après l’armistice de juin 1940 son groupe est dissout le 20 juillet. Pendant quelques mois, Georges Violet est affecté dans différentes compagnies aériennes : Toulouse-Francazal, Lyon, où il exerce son activité de pilote pour des meetings aériens.
Le groupe de chasse 1/2 « escadrille des Cigognes » est reconstitué à Châteauroux-la-Martinière en 1942. Il est décidé que le groupe de chasse gagne Meknès (Maroc). Voyage en avion qui dure 6 jours avec des étapes à Istres, Ajaccio, Sétif, Oujda et arrivée à Meknès le 13 novembre 1942.
Les avions, des DEWOITINE D-520, ne sont pas en très bon état, ils sont souvent en panne et il manque des pièces de rechange. Les mécaniciens doivent faire des prouesses pour maintenir l’escadrille en état de vol.
Au Maroc le temps se limite à des exercices.
C’est au cours de l’un d’eux que l’avion de Georges Violet entre en collision avec un autre en plein vol et s’écrase près du terrain de Meknès le 18 août 1943.

Il est inhumé au cimetière de Chatonnay et le nom du capitaine Georges Violet est porté sur le monument aux morts de la commune.

Citation : « Officier d’élite à l’âme forte sans défaillance auquel sa vie toute de droiture, de courage et de générosité a, malgré sa volonté d’effacement, fait une situation morale et de premier plan dans l’Armée de l’Air.
Restera dans l’Aviation de Chasse dont il était un des chefs des plus valeureux, symbole de l’esprit d’équipe et l’ardeur tenace. Animé du désir de participer à sa libération, est Mort pour la France le 18 août 1943 à l’âge de 36 ans, 1800 heures de vol ».

Il est nommé Chevalier de la Légion d’Honneur à titre posthume.

Jean Durand est né le 20 février 1923 au 1 rue de la Charité à Lyon 2ème arrondissement (c’est l’hôpital). Sa mère Alice Durand est domestique dans une famille à Caluire (Rhône). Elle confie Jean à une nourrice au Crestet (Ardèche), puis quitte son emploi en disant qu’elle retourne dans sa famille à Aiton (Savoie). Elle disparait le 31 mars 1923 sans laisser d’adresse. En juillet l’abandon est constaté.

Recueilli par les services sociaux de la ville il est placé dans une famille en Ardèche, à Saint-Basile, où il passe ses trois premières années.
Jusqu’à ses neuf ans il reste à Saint-Basile, mais dans une autre famille où il commence l’école à six ans.
À neuf ans il change de famille et de village, il restera à Saint-Julien, toujours en Ardèche, jusqu’à treize ans.
Dès douze ans et demi il est apte pour les travaux des champs
Le jour de ses treize ans il est placé chez un agriculteur à Saint-Prix (Ardèche), puis en octobre 1936 chez un autre agriculteur à Châteauneuf de Vernoux, il y reste un an. C’est la fin de son apprentissage en Ardèche, il a quatorze ans.
Il traverse le Rhône pour la Drôme et changera plusieurs fois de patrons, ce n’est pas lui qui choisit.
D’abord chez Émile Imbert de Chabeuil pendant dix-huit mois, puis chez Ferdinand Michel à Livron pour six mois.
Il arrive à Étoile-sur-Rhône le 25 octobre 1939 chez François Charrière, quartier Plancelle.
Plancelle est proche de l’école des Josserands, autre hameau d’Étoile-sur-Rhône, où Jean se rend, dès janvier 1941, aux réunions des Compagnons de France .
 Le 25 septembre 1941 il est placé chez Alcide Bravais, quartier les Ignes, et le 25 septembre 1942 chez Léon Serre, toujours au quartier les Ignes. Il ne change pas de terre, c’est Léon Serre qui a épousé la fille d’Alcide Bravais.
Il a connu dix lieux d’accueil en moins de vingt ans !

Il n’attend pas d’avoir ses vingt ans pour partir aux chantiers de jeunesse, il devance l’appel. Le 7 novembre 1942 il est au groupement 16, Le Muy (Var), puis le 1 août 1943 au groupement 13 à Cavaillon (Vaucluse)
À son retour, le 1er octobre 1943, il reprend sa place chez Léon Serre. À sa majorité, le 20 février 1944, il peut décider de son avenir.

Jean Durand recherche la compagnie et se lie d’amitié avec quelques jeunes, du village, de son âge. Il rejoint les Compagnons de France en 1941 pour faire des sorties aux fêtes des alentours, pour démonter, graisser et remonter les armes cachées à la Paillasse.

 
 


Étoile-sur-Rhône 39-45 

De gauche à Droite : Henri Charrière, Maurice Chastan dit Lucien, André Cleyssac, Jean Durand (collection André Cleyssac).

 

 

 

 

 

 

 

 


Le 6 juin 1944
Jean Durand a deux bons copains : Édouard Mavet et André Cleyssac. Les dimanches, leur principale occupation c’est de jouer aux boules au café Robin à la Paillasse et parfois, de 1941 à 1943, répondre aux sollicitations des Compagnons de France.

Le matin du 6 juin l’ordre est donné par le docteur Jean Planas, capitaine de la 4ème compagnie du 2ème bataillon des FFI de la Drôme, de récupérer des armes cachées dans une baraque en plein champ. Un groupe est formé sous le commandement du lieutenant Jean Michel Henri Riory.
Arrivé à proximité du lieu le groupe se sépare en deux, l’un avec les 3 amis reste sous les ordres de Riory, l’autre avec Yves Margerie. L’idée est de prendre les allemands, qui surveillent les lieux, en tenaille. Par manque d’organisation l’opération échoue, le repli est décidé, le groupe Riory prend la direction de la maison Combe.
À peine arrivés devant la porte un tir nourri les oblige, pour se protéger, à pénétrer dans la maison qui est occupée par Mme Combe et son fils.
Les soldats, nombreux, commencent l’encerclement. Riory, sentant le danger, crie : « il ne faut pas rester là », puis s’élance en direction d’un hangar suivi de François Combe. Ils ne font que quelques mètres avant qu’une rafale ne les fauche en plein élan.
Ils ne sont plus que trois combattants enfermés dans la maison avec Madame Combe.
Une grenade explose dans la pièce où se sont réfugiés les résistants, blessant gravement Jean Durand aux jambes, il s’affaisse, il ne peut plus bouger mais continue à tirer. André Cleyssac (blessé aussi) et Édouard Mavet réussissent à s’enfuir par la fenêtre.
Une épaisse fumée envahit la pièce, Jean tire au hasard, en direction de l’assaillant, jusqu’à ce qu’il s’écroule.
Le garde champêtre ne retrouve qu’un corps calciné.

Durand Jean ou Georges ou Durant ?
Il est peut-être temps de parler de Durand Georges puisque c’est de lui qu’il s’agit. Vous devez vous interroger si nous ne faisons pas une confusion ?

Le 21 septembre 1944 les services de l’assistance du Rhône demandent des nouvelles de Jean Durand au maire d’Étoile-sur-Rhône. Le 26 le président du Comité de Libération Paul Verd répond : « J’ai le regret de vous informer que votre ex-pupille a quitté son employeur Mr. Serre à Étoile-sur-Rhône le 6 juin dernier pour rejoindre un groupe de FFI en formation à Étoile-sur-Rhône.
Le même jour un combat a eu lieu entre les troupes allemandes et cette formation, il s’est déroulé près du lieu-dit les Routes, dans la commune, et a provoqué la mort de 5 personnes (2 civiles et 3 combattants) dans une ferme incendiée.
Les 2 personnes civiles et le lieutenant qui commandait le Section FFI ont été identifiés mais il n’en n’a pas été de même pour les 2 autres corps qui étaient à l’intérieur de la ferme.
D’après ses camarades votre ex-pupille serait parmi ces 2 morts, un de ceux-ci n’est même pas signalé par ses camarades et nous ignorons lequel des 2 est votre pupille. Un couteau appartenant à celui-ci a été retrouvé. Ils ont été inhumés comme « inconnus » au cimetière de la commune ».

Ces tombes n’existent plus à l’heure actuelle.

Le 16 janvier 1948 le maire Adrien Marchal confirme ce récit aux services d’assistance de Lyon : « j’ai le regret de vous faire connaitre qu’il ne m’est pas possible de vous adresser l’extrait de décès demandé.
En effet, selon les renseignements dignes de foi que je possède, votre malheureux pupille Durand Jean, blessé lors d’un engagement avec les allemands le 6 juin 1944, s’est réfugié dans la maison de Mme Combe. Cette maison a été brûlée avec les occupants par les allemands.
On n’a retrouvé que des corps carbonisés. Les actes de décès ont tous été dressés comme « Inconnus ».

Que ce soit Paul Verd ou Adrien Marchal, dans leurs réponses aux services des pupilles de Lyon, il s’agit de Jean Durand. Sur le document remis à Lucien Ravit (le sculpteur) il est écrit Georges Durand. L’erreur vient bien des services de la mairie d’Étoile-sur-Rhône.
Cette erreur est reportée en 1995 sur le mémorial de Mirmande (Drôme) : « à tous ceux qui sont tombés en terre drômoise pour libérer la France ».

Mais encore. Deux corps carbonisés sont retirés des décombres de la maison Combe sans qu’on puisse identifier celui qui est Jean Durand. Les actes de décès portent la mention « Inconnu » ce qui interdit tout extrait d’acte de décès de Jean Durand.

Administrativement Jean Durand n’est pas mort…

Si Jean Durand avait une famille la reconnaissance du corps aurait pu avoir lieu. Mais qui va s’intéresser à un orphelin ?

Sur la plaque posée sur la maison Combe, Durand prend un T à la fin, et parmi les victimes, il manquerait un « Inconnu ».

Et maintenant
Le 6 juin 1944 les soldats allemands sont furieux, ils veulent en découdre avec la population du village. Le maire d’alors, Jules Bellier, va au-devant d’eux, explique et arrive à les convaincre : ce ne sont pas des gens de la commune qui ont tenté le coup de main. D’ailleurs le chef du commando et les jeunes retrouvés dans la maison ne sont pas d’ici. Le garde champêtre André Valette qui connait tout le monde ne les a pas reconnus.
Et c’est ainsi que Jean Durand se retrouve « Mort inconnu » : le six juin mille neuf cent quarante-quatre, à quinze heures, est décédé au quartier de Gand, un inconnu, du sexe masculin, sans autre renseignement.
Un minimum d’enquête aurait permis de donner un nom au corps calciné. Jean a des amis proches, le couteau retrouvé est un indice.
Mais voilà, il ne faut pas que soit mêlé un jeune d’Étoile-sur-Rhône à cet événement tragique, puisque c’est l’argument du maire auprès des allemands.


Étoile-sur-Rhône 39-45Pour que Jean soit déclaré « Mort pour la France » il faut  établir une attestation de décès. La première action est de demander au procureur de la République de Valence de modifier l’acte de décès et ensuite, seulement, la reconnaissance de « Mort pour la France » sera possible.


Communiqué du 7 juin 2017
Le Procureur de la république de Valence a décidé de modifier l’identité de l’acte de décès numéro 22 (décès d’un inconnu) du 6 juin 1944, comme étant celui de Jean DURAND né le 20 février 1923 à Lyon (Rhône) d’Alice DURAND, domicilié les Ignes à Étoile-sur-Rhône (Drôme)


Communiqué du 1er août 2017
La directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, décide :
La mention « Mort pour la France » est attribuée à Monsieur Jean DURAND, né à Lyon (Rhône) le 20 février 1923, décédé le 6 juin 1944 à Étoile-sur-Rhône (Drôme).

Roger Henri Jouve est né à Champis (Ardèche) le 22 septembre 1913 de parents cultivateurs.

Lors de son mariage le 27 août 1938 à Étoile-sur-Rhône Roger habite à Portes-lès-Valence où il effectue un stage d’un an aux chemins de fer depuis le 22 mars 1937 (après son service militaire). Après leur mariage Roger rejoint l’atelier des machines, à Oullins où le jeune couple vient s’installer.
 


Étoile-sur-Rhône 39-45Bombardement d’Oullins le 18 juin 1940
À Oullins il y a un important nœud ferroviaire et des ateliers de réparation de la SNCF. Ce sont ces cibles que vise l’aviation ennemie, mais les conséquences pour la population civile sont importantes.
Le mardi 18 juin 1940, vers 17h30, un avion survole Oullins et lâche quatre bombes. C’est le terminus des tramways qui est visé. De nombreuses habitations de la rue Sarras et de la rue de la Petite Camille sont détruites. L’alerte n’a pas été donnée, il est rare qu’un avion s’aventure seul, et nombreux sont les habitants qui vaquent normalement à leurs occupations.
Cinq personnes sont tuées dont Blanche Jouve et neuf autres sont blessées dont cinq gravement, parmi eux Roger Jouve.

Roger Henri Jouve décède le 19 juin 1940, à 3 heures 30, au 1 avenue Rockfeller à Lyon, à l’hôpital Édouard Herriot.
Blessé mortellement à son domicile

Roger seul reçois la mention « Mort pour la France », sur l’acte de décès il est déclaré veuf.
 

18 juin 1944, quartier de la Sarra (Oullins) après le bombardement par un avion italien. (Collection Christian Brun)


Étoile-sur-Rhône
 
Plaque commémorative aux ateliers SNCF à Oullins. (Collection Christian Brun)

Aimé Joseph Vincent est mobilisé en 1914 bien que trois jeunes enfants composent déjà la famille. En son absence toute la famille se replie à Saint-Laurent-du-Pape (Ardèche), dans la ferme des grands-parents maternels, quartier Fontbonne, en attendant le retour d’Aimé. Il revient en 1917 pour prendre la place de son père malade. Blanche Emma voit le jour le 12 novembre 1918 dans la ferme maternelle.
Après la guerre la famille au complet rejoint Étoile-sur-Rhône. Aimé assume le travail de charron dans l’atelier que son père a créé.

 

Blanche est tuée sur le coup dans le bombardement d’Oullins le 18 juin 1940.


Communiqué du 13 avril 2017
La directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, décide :
La mention « Mort pour la France » est attribuée à Madame Blanche, Emma JOUVE, née VINCENT le 12 novembre 1918 à Saint-Laurent-du-Pape, décédée le 18 juin 1940 à Oullins (Rhône)

François Antonin Combe est né le 9 janvier 1901 à Montoison (Drôme), fils de Régina Maria Émilie et de Jean François Combe.

Le 6 juin 1944
Un groupe de résistants se réfugie dans la maison de la famille Combe, madame veuve Combe et son fils les laissent entrer. Les militaires allemands tirent sur toutes les ouvertures de la maison. Le lieutenant Michel Jean Henri Riory et François Combe tentent une sortie, ils sont tous les deux abattus avant de pouvoir se mettre à l’abri.
Pour en finir avec les tirs des résistants, restés à l’intérieur de la maison Combe, les soldats décident d’y mettre le feu. André Cleyssac et Édouard Mavet parviennent à s’échapper. Jean Durand, blessé, ne peut plus bouger, il reste avec Madame Combe et meurent tous les deux dans l’incendie de la maison.


Communiqué du 13 avril 2017
La directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, décide :
La mention « Mort pour la France » est attribuée à Monsieur François, Antonin COMBE, né le 9 janvier 1901
à Montoison, décédé le 6 juin 1944 à Étoile-sur-Rhône (Drôme).

Ceci est une confirmation qui permet de mettre l’acte de décès à jour

Régina Maria Émilie Seigle est née à Étoile-sur-Rhône le 18 juin 1876. Elle se marie avec Jean François Combe.

Le 6 juin 1944
Par la porte qui se referme Régina Combe voit son fils s’écrouler et rester inanimé.
Elle ne comprend pas ce qui se passe, tout va si vite. Qu’elle ait ouvert sa porte à des jeunes de la commune, c’est normal, elle ne pouvait savoir que l’ennemi était si proche, si nombreux et si bien armé.
Elle s’enferme dans sa chambre au premier étage et laisse la cuisine aux belligérants.
Quand elle se rend compte que la maison est en feu, c’est trop tard, les flammes lèchent déjà la porte, elle est prise au piège.
La fumée abondante emplit ses poumons, Régina succombe à l’asphyxie.


Communiqué du 13 avril 2017
La directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, décide :
La mention « Mort pour la France » est attribuée à Madame Régina, Maria, Émilie COMBE, née SEIGLE le 18 juin 1876 à Étoile-sur-Rhône, décédée le 6 juin 1944 à Étoile-sur-Rhône (Drôme).

Louis Adrien Jouve est né au quartier Fiancey à Étoile-sur-Rhône le 1er mars 1904, au quartier les Bosses, son père Adrien Philippe travaille aux chemins de fer, sa mère Marie Thérèse Justine Coq est couturière.

Toute la famille se déplace à Portes-lès-Valence pour se rapprocher du travail du père. Après sa scolarité Louis travaille chez un agriculteur, puis quelque temps à l’entreprise Marchal à Portes-lès-Valence.

Il est incorporé en mai 1926 (après deux ans de report) au 181e régiment d’artillerie lourde, et réformé en 1929 suite à un coup de pied de cheval qui le rend aveugle de l’œil droit. Ce qui ne l’empêche pas d’être rappelé en janvier 1940 et affecter au dépôt d’artillerie des tracteurs N° 314 à Valence. Il n’effectue que quelques jours de présence avant d’être définitivement réformé.

Pendant la guerre Louis exploite une petite ferme, située au quartier Fiancey, un peu retirée du village. Lors d’une tournée, début septembre 1944, le garde champêtre, André Valette, constate son décès qui remonte au 23 août 1944 et déclare « une cause accidentelle ».

D’après quelques écrits, Louis Jouve a été fusillé par les soldats allemands, à cette date ils sont nombreux à remonter la vallée du Rhône.

Le 23 août c’est aussi un jour de bombardements alliés sur la vallée du Rhône. Les bombes se dispersent largement et de ce fait manquent souvent leurs cibles.

Tout le monde s’accorde pour dire que la guerre est responsable du décès de Louis Jouve.


Communiqué du 22 septembre 2017

La directrice générale de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, décide :

La mention « Mort pour la France » est attribuée à Monsieur Louis Adrien JOUVE, né le 1er mars 1904 à Étoile-sur-Rhône, décédé le 2 » août 1944 à Étoile-sur-Rhône.

Étoile-sur-Rhône 39-45Aristide Albert Cyprien Fiard, né le 31 août 1906 au quartier Chaulet.
Militaire de carrière par contrats de 3 ans successifs,  il s’engage en 1926 et part occuper le Pays Rhénan jusqu’en 1928. L’occupation de la Rhénanie est décidée après la première guerre mondiale et dure jusqu’en 1935.
Tous ses autres contrats avec l’armée se feront dans les Régiments de l’Infanterie Coloniale (RIC). Il effectue la suite de son service dans les colonies en Afrique, principalement au Maroc (jusqu’en 1932), puis en Indochine. Il arrive à Shanghai en septembre 1933 et part pour Saïgon en mars 1935. Au début 1936, il est de retour au Maroc, et en juin 1937 à Haiphong. Il est maintenu d’office sous les drapeaux en 1940, il réside alors à Hanoï.

Orphelin très jeune (à 14 ans) il n’a qu’un frère, Auguste, dont il est très proche. Leur dernière rencontre date de 1938 à Saïgon lors d’une escale d’Auguste qui est navigateur. La dernière carte postale, Auguste l’a reçue en 1941, datée de 1939, Aristide était à Cao Bang (Tonkin). Puis plus rien ! Régulièrement Auguste écrit, à la compagnie, à la Croix-Rouge et au ministère des colonies, pour avoir des nouvelles. La seule réponse qu’il reçut du ministère des armées date du 11 décembre 1945 l’informant que rien de fâcheux ne lui était arrivée.


Étoile-sur-Rhône 39-45Ce n’est que deux ans plus tard (fin février 1947) qu’il apprendra que son frère est décédé depuis le 7 avril 1945 à Xin Man (au nord du Tonkin), tué par l’armée japonaise quelques jours après l’attaque surprise de la garnison française du Vietnam (9 mars 1945), la guerre 39-45 prend fin le 2 septembre 1945 pour les opérations en Asie par la capitulation du Japon.
Il est déclaré « Mort pour la France » par le tribunal de Hanoi le 15 avril 1946.
Alors, Auguste va mettre toute son énergie pour permettre le rapatriement du corps d’Aristide, ce qui est difficile. En effet, en 1945, lors de leur retrait, les japonais détruisent tous les documents. L’armée japonaise est remplacée par les rebelles Vietminh et la zone de combat n’est pas accessible par les militaires français. Il faut attendre 1954 et la signature d’un cessez-le-feu pour effectuer des recherches de corps.


Alors, mort pendant la guerre 39-45 ou la guerre d’Indochine ?
Pour les autorités militaires, Aristide Fiard est décédé au cours du conflit de la deuxième guerre mondiale.
La guerre d’Indochine débute officiellement en 1946. Pendant la courte période 45-46 la France tente de négocier avec les forces communistes qui ont proclamées l’indépendance du nord du Vietnam.
Mais comme un certain nombre de ces soldats, loin de la France, ils sont les oubliés des manifestations du souvenir 39-45.

Juste pour faire aussi mémoire de jeunes garçons nés à Étoile-sur-Rhône, que vous n’avez pas ou peu connu car leurs familles ont quitté le village peu de temps après leur naissance et qui sont « Morts pour la France » entre 1940 et 1945 (source « Mémoires des Hommes »).


René Baptiste Despeisse est né le 3 septembre 1914 à Étoile-sur-Rhône. Son père meurt pendant la guerre 14-18, René est « adopté par la Nation ».
Il effectue son service militaire dans un régiment de cuirassiers d’octobre 1935 à septembre 1937.
Il se marie avec Marie Devise le 15 novembre 1937 à Montéléger où il réside et exploite une petite ferme.
Rappelé en septembre 1939, il est affecté dans un groupe de reconnaissance de l’infanterie.
Prisonnier de guerre le 18 juin 1940 il est affecté au stalag VI. Il décède en déportation à Ensen (Allemagne) le 22 août 1941.


Étoile-sur-Rhône 39-45Maurice Louis Marie Genevès est né le 5 décembre 1896, fils d’Aristide Genevès et de Marie Grouzon, tous deux instituteurs à Étoile-sur-Rhône.
Il fait une brillante carrière militaire qui commence pendant la guerre de 14-18.
Incorporé le 5 avril 1915 au 141e régiment d’infanterie, il intègre le centre d’instruction de Saint-Cyr comme élève aspirant. Il est promu aspirant en septembre 1915.
Très volontaire il se fait remarquer par ses chefs. En juin 1917, il est nommé chevalier de la légion d’honneur avec attribution de la Croix de guerre : « Jeune officier d’une très grande bravoure. Le 25 mai 1917, à la tête d’un détachement chargé d’exécuter un coup de main dans les tranchées ennemies, s’est élancé sur une tranchée occupée par des soldats de la garde, a mis hors de combat un grand nombre d’entre eux et ramené 5 prisonniers dont un sous-officier. Il a été blessé au cours de ce combat au corps à corps ».
Il termine la guerre comme lieutenant.

Officier de réserve, entre les deux guerres, il retourne à la vie civile. Il est directeur du Syndicat des vins à Mâcon.

Il passe trois ans en Somalie (1935-1938) en services spéciaux civils et reçoit la Médaille Coloniale de la Côte française des Somalies.

Il participe à de nombreux stages militaires et passe capitaine de réserve en 1938.

Mobilisé en septembre 1939, il s’illustre à la tête d’une compagnie de chars et obtient la Croix de guerre 39-40.
Il est fait prisonnier à Toul le 20 juin 1940 et déporté à l’oflag 13a à Nuremberg. Il est libéré le 10 août 1941 en tant qu’ancien combattant.

De retour en France, il est nommé président départemental d’entraide aux prisonniers et reprend sa place comme directeur du syndicat des vins à Mâcon.

En début de 1943, il participe à l’organisation du maquis « des Monts du mâconnais, de Tournus à Mâcon ». Il dirige la 4e compagnie FFI, sous le pseudo « Gérard », qui est composée de 850 hommes, presque tous des anciens  prisonniers de guerre.

Il est mort au combat le 28 août 1944 à Cluny (Saône-et-Loire) en attaquant un convoi SS.


Louis Marius Traverse est né le 12 août 1901, il est marié et habite à Montbrison (Loire).
Il a effectué son service militaire en 1922 au 98ème régiment d’infanterie. En septembre 1939 il est rappelé et affecté à la 203e compagnie, 6ème du CORA.
Le 17 juin 1940 la compagnie se déplace en convoi, de Pont-de-Chéruy en direction de Clermont-Ferrand, et se rend à Saint-Germain-Lembron (Puy-de-Dôme) par la route nationale 89. Louis Traverse, agent de liaison motocycliste, conduit un side-car militaire et est au milieu du convoi. Pour une raison inconnue il perd le contrôle de son véhicule qui s’abime dans le fossé. L’accident s’est produit, peu après midi, entre les hameaux de La fabrique et de Portes, sur le territoire de la commune de Saint-Sixte (Loire). Grièvement blessé il décède lors de son transfert à l’hôpital de Boen-sur-Lignon (Loire).
Citation : « Durant les trois jours qui ont précédé le repli de la compagnie, Louis Traverse a travaillé nuit et jour pour remettre en état le matériel. La nuit précédant l’accident, il a travaillé dur sans un instant de repos. Il refuse l’invitation de son supérieur de monter dans un camion, il veut continuer son service ».
Inhumé au cimetière de Boen.

Michel Jean Henri Riory, nous avons à plusieurs reprises parlé de l’action du lieutenant Riory le 6 juin 1944.
Il a 36 ans en 1944, militaire de carrière, il est démobilisé en 1942 avec le grade de lieutenant. Il ne prend pas d’activité professionnelle et s’engage dans la résistance. Le 6 juin 44, un jour qu’il attend depuis longtemps, il est l’un des premiers dans la propriété de Jean Planas qui, depuis quelques mois, met sur pied une compagnie de résistants. L’expérience militaire de Jean Riory est très utile pour encadrer les nombreux jeunes qui veulent se battre et qui manquent cruellement de pratique des armes. Le témoignage d’André Cleyssac est clair sur le manque de pratiques militaires des jeunes recrus, l’enthousiasme de la jeunesse de vouloir en découdre avec les soldats allemands ne vaut pas l’obéissance.


Marcel Fernand Champion, né le 2 décembre 1923 à Serves (Drôme) d’un père cheminot.
Militant et résistant de Valence, communiste en décembre 19 40 puis mouvement FN jusqu’à janvier 1943, Marcel Champion distribua des tracts et des journaux patriotiques. Il fut FFI de janvier à décembre 1943. Il appartient au 2e Régiment FTPF Drôme Nord du 16 juillet 1943 à sa mort le 10 décembre 1943. Il est convoqué aux chantiers de jeunesse en juillet 1943 et ne s’y présente pas. Ne pouvant plus participer à l’activité semi-clandestine à Valence il rejoint le maquis du Nyonsais, où son frère Maurice était responsable d’un camp FTPF à Mirabel, d’où il fut envoyé en mission à Avignon. Il prit part à l’action de sabotage du 16 septembre 1943 au Pont des Anglais à Valence. Il est membre du maquis de Buis-les-Baronnies et devient adjudant, chef du maquis FTPF du camp des Cailles (de Mirabel-aux-Baronnies (Bois-du-Roi). Il participe avec le Groupe-Franc Ladet et des maquisards du Nyonsais à l’attaque du train de permissionnaires allemands le 10 décembre 1943 à Portes-lès-Valence comme chef de groupe. En se repliant il est tué par les balles allemandes, à Étoile-sur-Rhône, dans le car qui doit assurer le retour de son groupe. Par vengeance les Allemands remettent son corps aux miliciens de Valence qui l’exposent le lendemain sur le boulevard Bancel. "Pour l’exemple.." disent-ils.


Joseph Edmond Fontanier, né le 7 mars 1901 à Pessan (Gers). En 1919 il s’engage dans l’armée et y reste dix ans puis il reprend son emploi dans les chemins de fer.
Tué sur la voie ferrée au quartier la Paillasse à Étoile-sur-Rhône le 2 juin 1940, par des éclats d’obus ennemis, pendant qu’il réparait la voie. Il faisait partie de l’Armée des Alpes, compagnie du Génie. Il habitait Lyon.  


Albert Louis Héritier, né le 14 octobre 1905 à Chabrillan (Drôme), cultivateur. Il est incorporé au 15e Régiment du Génie en novembre 1925, nommé caporal en avril 1926 puis sergent en septembre de la même année. Il quitte la vie militaire en 1927.
Après 18 mois de vie civile il s’engage dans l’armée et passe successivement sergent-chef (1932) puis adjudant (1937) et adjudant-chef en 1939.
En novembre 1940 il embarque à Marseille pour l’Algérie.
En avril 1942 il est de retour en France et prend sa retraite (proportionnelle).
Le 6 juin 1944 il s’engage dans les FFI, 2e bataillon de la Drôme. Il décède au combat le 22 août 1944 à Étoile-sur-Rhône.

Il reçoit la Croix de guerre 1939-1940 avec une étoile de bronze.


Joseph Pierre Marie Laval, né le 2 avril 1920 à Issingeaux (Haute-Loire), décédé le 15 août 1944. Son corps est retrouvé dans les vignes aux Iles du Chez, quartier d’Étoile-sur-Rhône, en tenue militaire. Il faisait partie de Forces Françaises de l’Intérieur.


Auguste Jean-Jacques Sabatier, né le 20 février 1920 à Yssingeaux (Haute-Loire).
Résistant au FTPF il est tué le 15 août 1944 à Étoile-sur-Rhône (Drôme).
Son corps est retiré du Rhône au quartier Chatagnonne.

Date de dernière mise à jour : 21/11/2023

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