Étoile-sur-Rhône 39-45

La vie aux Josserands

Témoignage de Christian Margerie

et la participation de Bruno Margerie
Propos recueillis le 20 octobre 2023

Christian Margerie est né le 18 janvier 1940 à Étoile-sur-Rhône. Trop jeune pour avoir des souvenirs précis sur la guerre 39-45, il a gardé dans sa mémoire les témoignages de son père, rappelé en 1939, de ses deux oncles qui ont participé, chacun à leur manière, aux évènements 1939-1945 et le grand-père qui a vécu la guerre 14-18 et qui en avait vu d’autres…

La plaine des Josserands, située entre la rive gauche du Rhône et avant la pente qui mène au plateau du village d’Étoile, traversée, du Nord au Sud par la nationale 7 et la voie de chemin de fer (PLM). Ces deux voies de communication sont le passage obligé pour ceux qui veulent aller de Lyon à Marseille ou dans l’autre sens. À partir de fin 1942, l’armée Allemande utilise le train et la route quotidiennement.
Le 17 août, Hitler donne l'ordre à la XIXe armée allemande de remonter vers le nord, toutes les routes et chemins sont utilisés pour aller le plus vite possible vers le Nord et échapper à l’enfermement et être coupée des autres compagnies qui ont amorcé le repli vers l’Est de la France.

La large plaine des Josserands permet aux troupes allemandes de se dissimuler en bordure du Rhône et de la Véore et sous les nombreuses haies qui cloisonnent les terres agricoles, ainsi dispersés, ils échappent mieux aux bombardements des alliés.


Étoile-sur-Rhône 1939-1945

La plaine est parsemée de fermes, souvent des fermes importantes qui ont passé la période de la guerre sans trop de difficultés et ont su mettre de « côté » quelques réserves.

Les nombreux chemins de chaque côté de la nationale 7, ainsi que la rive du Rhône, ancien chemin de halage, permettent aux soldats de se déplacer à couvert.

Les militaires, arasés par la marche forcée depuis le Sud de la France, font des haltes chez les fermiers pour se restaurer, et « emprunter » une voiture, une bicyclette, un cheval…

La famille Margerie est très ancienne à Étoile et habite toujours la maison familiale, qui a plus de 300 ans.
Trois générations se côtoient en 1940 et ont passé ensemble les quatre années du conflit : Christian, ses parents et grands-parents.

Christian sait qu’à la campagne, ils n’ont pas souffert de la faim, ce n’est pas le cas des habitants des villes qui étaient nombreux à les solliciter pour acheter des légumes et des volailles. Un mot d’ordre dans la famille : pas de marché noir.
Élever discrètement un cochon et le tuer sans se faire remarquer. Faire des conserves et trouver un endroit sûr pour les cacher. La famille et les amis étaient nombreux et les  « Margerie » savaient se montrer généreux.

Le Grand-père Artème [1] Auguste Margerie est né le 7 octobre 1878 à Étoile, comme ses parents, il est cultivateur.
Il fait son service militaire au 2ème régiment d’artillerie à partir du 16 novembre 1899, jusqu’en septembre 1902.
Il se marie avec Noélie Clément en 1908, ils auront trois garçons : Roger, Hubert et Yves.
Il est remobilisé par le décret du 1er août 1914. En octobre 1915, il embarque à Marseille pour l’armée d’Orient qui stationne à Salonique (Grèce) jusqu’à son rapatriement en octobre 1917. En novembre 1916, une chute de cheval l’éloigne du front.
Pendant tout la période de son service militaire, le grand-père écrit plusieurs fois par semaine à son épouse en lui donnant des consignes pour les travaux des champs.

Le père de Christian, Roger Venance Artème est né le 12 octobre 1909 à Étoile.
En octobre 1930, il est incorporé au 152e régiment d’infanterie. Six mois plus tard, il est nommé caporal, puis en août 1931 il est nommé caporal-chef. Démobilisé, il retrouve Étoile en octobre 1931 et est nommé sergent de réserve, puis sergent-chef en 1933.
Rappelé lors de la mobilisation générale du 2 septembre 1939, il est affecté au 140 RIA à Briançon (Régiment d’Infanterie Alpine), réformé temporairement, il est renvoyé en février 1940.

Un oncle à Christian, Hubert Edmond, frère d’Anthelme, né 15 novembre 1911 à Étoile, habite à Portes-lès-Valence, il est cultivateur.
Mobilisé la première fois en octobre 1922 au 7ème Régiment de Génie, il est libéré un an plus tard et est nommé caporal de réserve.
Rappelé en septembre 1939, en même temps que son frère, il est nommé Sergent au 4ème génie. Il est fait prisonnier le 20 juin 1940, et emprisonné au Stalag 12 F à Sarrebourg
Le 18 février 1941, il s’évade avec un ami. Ils teintent leurs vêtements pour faire disparaitre les habits militaires. Ils font une grande partie du voyage à pied, quand ils le peuvent, ils montent dans un train.
Le passage du Doubs se fait sur les ponts en planches, car ils ont été détruits pour retarder l’avancée de l’armée allemande en 1940. Le passage le plus difficile est la ligne de démarcation. Il faut traverser la rivière La Loue à un endroit encore peu contrôlé. L’eau est haute à cette période de l’année et il faut trouver quelqu’un qui possède une barque et toujours resté sur ses gardes. Ouf ! La Loue est passée, ils ont eu peur.
La France coupée en deux ? Hubert et son ami en ont entendu parler, mais ils ne savent pas, dans cette zone dite « libre », quel accueil est réservé aux évadés ?

De train en train, depuis la petite gare de Poligny, proche de la ligne de démarcation, ils arrivent en vue de Valence. Ils profitent du ralentissement du train pour sauter en marche. Ils finissent le voyage à pied jusqu’à Portes-lès-Valence. Ils ont mis moins d’une semaine pour atteindre la Drôme.
Hubert prend contact avec les autorités militaires qui le démobilise immédiatement (le 25 février 1941)
Dans sa famille à Portes-lès-Valence, Hubert se montre discret avant de reprendre les travaux dans les champs.

Deuxième oncle, Bruno Yves, né le 2 février 1921 à Étoile-sur-Rhône.
Son avenir n’est pas dans l’agriculture, il apprend la comptabilité et travaille à Valence.
Il échappe à l’incorporation militaire. Disponible, il est le premier chef de Cité rurale des Compagnons de France.

Le service militaire obligatoire est remplacé par 8 mois aux Chantiers de jeunesse, Étoile fait partie de la province de Provence dont le siège est à Marseille.
Yves participe à deux groupements, le N° 17 à Montrieux près de Méounes dans le Var dont le siège est à Hyères, et le groupement 13 qui est basé à Cavaillon dans le Vaucluse.
Aux Chantiers, Yves est chef d’équipe à Cavaillon, puis à Lagnes dans le Vaucluse. Il effectue un stage à Mérindol (Vaucluse) en septembre 1941.

Il se marie à Étoile avec Léone Dugand en septembre 1942. La première naissance arrive vite, c’est un garçon qu’ils prénomment Bruno.
Les parents Dugand sont boulangers. Les jeunes mariés habitent dans la boulangerie qui faisait l’angle entre la Grande rue et la rue des écoles.

Une petite histoire qui a été à maintes occasions racontée à Bruno. Pendant la guerre, les allemands sont venus dans la boulangerie, plusieurs soldats accompagnés par leur officier. Quelles sont leur intention ? Acheter du pain ou perquisitionner ? À leurs premières questions, tout le monde sait que c’est pour arrêter Yves qui refuse de partir au STO.
Dans son landau, Bruno est habitué aux va-et-vient de la clientèle, souri. Ce n’est pas le cas des adultes de la boulangerie qui savent qu’il y a un parachute qui sèche dans le grenier. L’officier allemand, apercevant le bébé Bruno, lui rappel son enfant en Allemagne qui avait le même âge, le prend dans les bras, complimente la maman qui lui tend le pain demandé. Et c’est ainsi que se passe l’inspection de la maison. Yves s’échappe par le toit. Bruno est le sauveur de la famille, plaisanterie qu’il a entendu à de nombreuses reprises.

Pour ne pas partir au STO, Yves se fait très discret. Il est présent le 6 juin 1944 devant la villa du Docteur Planas où il reconnait de nombreux anciens des Compagnons de France qui vont bientôt se retrouver en première ligne dès l’après-midi où une expédition est décidée pour récupérer des armes du maquis cachées dans une baraque au milieu des champs (près du hameau de La Paillasse), le lieutenant Michel Riory (habitant Chabeuil), chargée de commander ce groupe.
Deux groupes sont formés, Yves prend la direction d’un groupe et se dirige vers le Grand moulin.
Mais l’expédition tourne court par manque d’expérience et de coordination, les armes sont perdues, deux résistants sont tués : Michel Riory et Jean Durand ainsi que deux civils, madame Régina Combe et son fils François, André Cleyssac est blessé.
Après le coup de main raté à La Paillasse, Yves quitte la 4ème compagnie des FFI et s’engage dans l’armée des Alpes pour le temps de la guerre.

[1] Beaucoup d’ascendants de Christian portent le prénom Artème.
Artème tire son histoire de « Artémis », une divinité de la mythologie grecque. Déesse de la chasse, des animaux, de la lune. Divinité de la nature, elle protège les animaux (l'ours, la biche, le cerf, les chiens), contrairement à sa sœur Athéna, qui est la déesse de la guerre. Ses parents sont Zeus et Léto.
Saint Artème, prénom de garçon, est fêté le 25 janvier

Le retour prématuré de Roger Margerie fait que la famille est au complet lors de l’invasion de la France par les troupes Allemandes en mai-juin 1940, il a loupé de quelques jours la naissance de son premier fils Christian.
Le père et grand-père de Christian et leurs épouses, sont rassemblés pour affronter l’avenir incertain.

Artème et Roger adhérent à la Légion des Combattants, comme une très grande partie de la population, ils ont confiance au Maréchal pour mettre fin au conflit le plus rapidement possible.
Après la bataille de Stalingrad, reddition des soldats Allemands en février 1943,  les habitants sentent que le vent tourner. Il est possible que les Allemands soient battus et cela, le Maréchal n’y est pour rien

Toutes les fermes doivent répondre à l’inventaire régulier de leurs productions que la mairie déclare au district de ravitaillement de Livron dont dépend Étoile.
L’épouse du grand-père est originaire de Marseille, sa famille, qui ne paie pas le train, vient souvent leur rendre visite et repart avec des valises pleines de légumes et de cochonnailles.

Globalement, avec le recul des années passées, la vie pendant la guerre dans la ferme n’a pas beaucoup changé. Ce sont les saisons qui rythment le travail, il faut juste adapter le discours : trop chaud, trop frais, et les inondations qui apportent désolation. Et l’année 1944 catastrophique entre les bombardements et le passage incessant des soldats entrainant la peur et les pillages.

Christian Margerie : Le matin du 6 juin, c'est Louis Robin, boucher à Étoile qui vient prévenir mes parents aux Josserands que les alliés avaient débarqué. Il passa à moto devant les Allemands qui gardaient le passage à niveau des Contents (qui a disparu depuis) avec une mitraillette en bandoulière et une bonne cuite qu'il tenait depuis la veille ce qui le rendait complètement inconscient du danger. Les Allemands le laissèrent passer, le prenant probablement pour un milicien.
Mes parents, atterrés par son audace, lui donnèrent un sac de pommes de terre pour cacher sa « Sten » sur son porte-bagage. II remonta au village sans problème.

Aux Josserands, René Perrier [2], instituteur, avait pu dérober et refaire les tampons officiels de la préfecture, ce qui lui permettait de faire de nombreux faux papiers pour les résistants. Une anecdote à ce sujet : un jour, un soldat allemand égaré vint sonner à la porte de l'appartement de l’école, la bonne prévint René Perrier qu‘un allemand était là. Celui-ci affolé, croyant qu’on venait l’arrêter brûla tous les papiers qu’il était en train de confectionner ainsi que les tampons dans la cuisinière et sauta par la fenêtre. Ouf, c'était une fausse alerte, mais il fallut refaire les tampons.

Paul et Madeleine Verd qui habitaient l'actuelle maison de Monsieur Traversier cachaient un résistant valentinois, Fernand Bouchier [3]. Celui-avait apporté un poste émetteur-récepteur et communiquait avec Londres. Dénoncé, prévenu à temps, c‘est mon grand-père Artème qui le fit passer le Rhône avec le barcot [4] d’Henri Fahy en pleine nuit, pendant ce temps, Madame Verd enterrait le poste dans son jardin, Ni vu, ni connu.

Après l’opération malheureuse du maquis du village au hameau de La Paillasse les Allemandes, alertés, demandent des renforts à Valence, C'est l'institutrice de La Paillasse qui vient prévenir René Perrier et mon père du danger que courent les sections du maquis d'Étoile déployées autour de La Paillasse. Aussitôt René Perrier et mon père partent à bicyclette prévenir le Capitaine Planas à son P.C. du village. Celui-ci leur donne l'ordre de replier la section de mon oncle Yves Margerie qui se trouvait aux alentours de Pouzol. On connaît le drame qui se passait à ce moment-là avec la mort du lieutenant Riory et les occupants de la maison Combes : Jean Durand, Régina Combe et son fils François trouvent la mort.
Mission accomplie, ils revinrent à travers champs suivant les bordures boisées. J'entends encore mon père raconter que les branches, sectionnées par les balles qui venaient de toutes les directions, lui tombaient sur la tête. Combien de fois a-t-il dit, après le remembrement dans les années soixante, que les arbres et les haies leur avaient sauvé la vie.

Ce jour-là, le 6 juin, les volontaires du maquis des Josserands devaient rejoindre leurs camarades mobilisés à Étoile dans la maison du Docteur Planas transformée en caserne. Ils ne purent franchir la Nationale 7 qui était sous haute surveillance de la part des Allemands. Ils durent rester sur place pendant que le maquis d’Étoile se repliait à Ourches. Leur rôle se borna à surveiller les agissements des Allemands notamment le long de la Nationale 7 et de réceptionner les messages qui parvenaient d’autres maquis. Messages que ma mère était chargée de porter à Étoile pour les faire parvenir au Capitaine Planas. Elle les cachait dans la poignée en bois du guidon de sa bicyclette et avec une peur épouvantable dont elle tremble encore, elle passait devant les sentinelles Allemandes du passage à niveau des Contents qui lui demandaient ses « papirs ».

[2] René Auguste Perrier, alias Casimir dans la résistance, né le 06 janvier 1906 à Viviers (Ardèche)

 [3] Né le 31 octobre 1898 à Lus-La-Croix-Haute (Drôme), mort le 12 février 1971 à Valence (Drôme) ; instituteur, puis directeur de la Sécurité sociale de la Drôme ; secrétaire départemental du SNI de la Drôme en 1933-1934 ; secrétaire de la fédération SFIO de la Drôme de 1936 à 1940, puis d’octobre 1944 à novembre 1945 ; vice-président, puis président du CDL de la Drôme (1944-1946).
Révoqué le 25 novembre 1940 par Vichy, Fernand Bouchier, qui trouva un emploi en février 1941 aux Assurances sociales, fut vite actif dans la Résistance, dont il fut une figure importante dans le département.
Membre du premier conseil municipal de Valence libérée, nommé par le préfet le 10 septembre 1944, il fut élu adjoint au maire le 16 septembre. Il était second sur la liste « d’entente socialiste et démocratique » aux municipales d’avril 1945. Vice-président du CDL de septembre à décembre 1944, il fut élu à l’unanimité le 29 décembre 1944 président du CDL, remplaçant Claude Alphandéry démissionnaire.

[4] Barcot : Embarcation à fond plat de la Vallée du Rhône

Christian : Jusqu’en août, il ne se passa plus grand chose aux Josserands. Puis vient la débâcle : l'armée Allemande remontait la vallée du Rhône talonnée par les Américains. C’est là que survint l’épisode de la courroie du sac à dos.

Avant le 6 juin, Louis Romezin, (habitant Les Josserands) a apporté avec son tombereau un chargement d’armes et d’équipements. Ne sachant où les cacher, ils les déposèrent au milieu d'un champ d’avoine.

Quelques jours plus tard, ma mère en gardant les brebis eu l’impression qu'un avion tournait au-dessus du champ. La nuit, Louis Romezin et mon père déménagèrent le matériel dans une maison inhabitée. Mais voilà, survint… la débâcle. La XIXème armée Allemande remontait la vallée du Rhône talonnée par les Américains. Les soldats en retraite, empruntaient tous les chemins, pénétraient dans toutes les maisons demandant à boire et à manger. Ils allaient découvrir les armes … Aidé de quelques voisins, mon père les camoufla dans une meule de fourrage. Les Allemands arrivèrent comme des fourmis. Malgré mes quatre ans, je m’en souviens très bien. Ma grand-mère n’arrêtait pas de confectionner des omelettes. Mon père leur portait à boire avec l’arrosoir sous les arbres où ils se reposaient quelques instants et autour des meules et là, il aperçoit une courroie de sac qui pendait mal cachée par le fourrage. Aussitôt, il prévint ma mère qui nous emmène avec ma sœur chez la voisine Madeleine
Verd … Heureusement, aucun soldat n'aperçut la courroie.

Peu avant la débâcle allemande, les avions Américains bombardaient sévèrement la vallée. La nuit, on se réfugiait à la cave. Je vois toujours ma grand-mère blottie sous la « patière » (coffre en bois, sur pieds, pour faire monter la pâte à pain) une bassine sur la tête… Mon grand-père, lui, restait couché, prétendant qu'il ne craignait pas plus là qu'ailleurs.
 
Une nuit, je me suis réveillé dans un ruisseau derrière la maison. Il y avait là la plupart des habitants des Josserands. Des bombes qu'un avion Américain a larguées « au petit bonheur » sont tombées tout près. Le raid visait le pont de La Voulte. Le jour, quand les raids aériens redoublaient, on se réfugiait dans une tranchée creusée en plein soleil et recouverte de bottes de paille. La chaleur était intenable et du ciel, on pouvait la voir. Une balle incendiaire dans cette paille ? Mon père et mon grand-père en creusèrent une autre sous les arbres, l’idée était meilleure.

Mon souvenir ensuite, c’est la fête aux Josserands. Tous les gens qui dansaient…


Après la guerre, comme dans beaucoup de fermes, un jeune prisonnier de guerre Allemand est accueilli, il s’appelle Helmut [BRÜRIER], caporal, il avait gardé ses idées nazies. Il est resté un à deux ans.

Étoile-sur-Rhône 1939-1945 

Quelques années après, Christian ayant repris la ferme, en labourant un champ il trouve une culasse rouillée de Mauser.

Date de dernière mise à jour : 28/10/2024

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