Le 6 juin 1944, Marcel se rend au village pour avoir des informations sur la situation, comme il le fait régulièrement parce que dans la ferme de ses parents il n’y a pas d’électricité, donc pas de radio.
Et c’est dans l’après-midi qu’il apprend le débarquement. Il sait, comme une dizaine de jeunes comme lui que c’est le moment de rejoindre Vaunaveys-la-Rochette, il est temps de prendre les armes.
Les armes, il les connait car depuis quelques semaines il se retrouve avec une dizaine de jeunes dans une salle de la mairie, en l’absence du maire Jules BELLIER, là il apprend le montage et le démontage et comment s’en servir, mais il n’a jamais tiré un coup de feu. Il est nommé caporal d’ordinaire par le docteur PLANAS capitaine de la 6e Compagnie du 2e bataillon des FFI de la Drôme, c’est-à-dire chargé du ravitaillement de la compagnie. Il a à sa disposition un camion gazogène avec un chauffeur originaire de la Somme, [René Léon BARAIZE, né le 2 janvier 1922 à Sommedieu. 2ème classe chauffeur] et un jeune, 2e classe [René MAZARD, né le 16 octobre 1924 à Montoison (Drôme), 2ème classe].
Tous les jours il descend dans la plaine et va dans les fermes d’Étoile, Montoison, Montmeyran, d’autres si nécessaire, et achète des poireaux, salades, carottes, parfois des cerises, mais en juin, il n’y a plus de pommes de terre.
Quelquefois, il a la chance de pouvoir acheter un agneau. Au début il paie avec l’argent que lui donne le capitaine PLANAS, mais ça ne dure pas, il fera des reçus. Il n’est pas bien accueilli partout, beaucoup de gens se méfient.
Le 22 juin 1944, le capitaine lui demande d’aller chercher des containers vides chez DROGUE, entre Montoison et Étoile, à 500 mètres de chez ses parents. Un jeune garçon [Antoine Hubert HUGUES, né le 10 décembre 1926 à Marseille (Bouches-du-Rhône), 2ème classe armurier], réfugié à Étoile avec sa mère et sa sœur, qui avait rejoint le maquis, lui demande en pleurnichant, de l’emmener avec lui au village pour donner des nouvelles à sa famille.
Avec beaucoup de réticences, Marcel accepte bien que ce soit contraire aux ordres. Les voilà partis de bon matin, tous les quatre, du camp de Vaunaveys-la-Rochette en direction d’Étoile. Passant à proximité de la ferme de ses parents, quartier des Queyras, entre Ambonil et Étoile, ils font une halte, c’est l’heure du petit déjeuner.
Après une petite heure ils pensent à repartir. Pas de chance, le camion refuse de démarrer. Dans une ferme, tout le monde connaît la mécanique, ils démontent le ventilateur et derrière se trouve le compresseur, la plaque du devant est sortie, les rivets ont lâché, plus de pression de gaz, c’est la panne totale.
Ils décident d’emmener la pièce au garage BÉRANGER au centre du village qui peut la réparer mais il faut attendre une heure.
Le jeune marseillais va voir sa famille, les trois compères font le tour du village et finissent au bistro pour passer le temps.
Au bout d’une heure les quatre se retrouvent au garage, récupèrent la pièce, la remontent sur le camion et ils peuvent repartir. Mais c’est l’heure du déjeuner et la mère de Marcel a préparé un lapin, une telle invitation ne se refuse pas !