Marcel : Les terres d’Étoile appartenaient à M. Georges Champel de Montmeyran.
Mon père était fermier métayer, c’est-à-dire qu’une partie du fermage était monétaire, et en plus, chaque année, nous devions lui donner un cochon de 140 kg, la moitié de la vigne en vin, du bois, des pommes de terre, etc.
Tous les quatre, nous logions dans une petite maison, elle était salle, noire de fumée.
Le propriétaire s’était bien engagé à faire des travaux. Avant la guerre il a fait le minimum, et pour les travaux d’agrandissement promis, tout est devenu trop cher, (le ciment surtout) et le propriétaire a renoncé. La maison comprenait un fourneau et une cheminée que ma mère maintenait toujours allumée, c’était important, car il fallait garder la dernière allumette dans sa boite en cas de besoin.
Avec ma sœur Berthe nous dormions dans le grenier.
La ferme comprenait 12 hectares de prés, plus 3 hectares de bois. Dans le quartier, il y avait une ferme qui faisait 20 hectares, mais les autres c’était plutôt 6 ou 8 hectares. Les autres fermes appartenaient à Brunel, Chabannes, Roch...
Les voisins : Vinel travaillait à la Cuivrerie de Sud-Est. Bouvard, a fait la guerre de 14-18 et avait une petite ferme et Guillaume travaillait au chemin de fer.
Lors des veillées, 3 pendant l’hiver, M. Moulin, un voisin, avait un poste de TSF et parfois il amenait le poste, on mettait l’antenne dans un seau d’eau pour une meilleure réception des ondes et nous écoutions les messages de la radio anglaise, tout en cassant des noix, effeuiller le maïs avant de le pendre. Pour les plus âgés, c’était l’occasion de discuter de la guerre de 14-18. Parfois les hommes jouaient aux cartes.
Dans les prés il y avait du blé, de l’avoine, de l’orge, en rotation.
Un bœuf et un cheval pour le travail.
Nous avions un troupeau de moutons, et la basse-cour comprenait : poules, lapins, agneaux, un cochon qu’il fallait cacher.
Georges Champel a 5 fermes qu’il loue en fermage métayage, il n’a pas besoin de travailler.