Un village drômois

Étoile-sur-Rhône 39-45

Base documentaire de la période de la guerre

Faits d’hier et mémoires d’aujourd’hui

 

Vivre de son passé, c’est se ruiner.
Vivre sans son passé, c’est s’appauvrir.
De Lattre de Tassigny

 

Ces pages rassemblent qu’une partie de l’Histoire de la commune d’Étoile-sur-Rhône (Drôme), elles rappelleront à quelques-uns des souvenirs pas si lointains  de leur famille, de leurs amis ou de leurs voisins. Elles permettront aussi à ceux qui, par curiosité ou pour partager, s’en saisiront pour qu’à leur tour apporter une pierre à l’édifice de nos connaissances.Pendant la deuxième guerre mondiale, Étoile-sur-Rhône est un village de 2 000 habitants à une dizaine de kilomètres de Valence.

À vos claviers, numérisez vos documents, partagez…

Que reste-t-il à Étoile, quatre-vingts ans après la libération de la Drôme ?
Chaque habitant a son histoire. L’Histoire de la commune, c’est la somme de ces récits rassemblés pour le plaisir de partager.

Documentation
Des documents, peu nombreux qui ont été écrits au jour le jour, c’est-à-dire avant toutes altérations, toutes déformations, toutes interprétations et adaptations, quand l’évènement suivant modifie, un peu, la réalité.
Tout le monde connait, lors d’un accident par exemple, quand plusieurs témoins ne racontent pas exactement le même déroulement, la même scène, interrogés quelques heures ou quelques jours après.
Et puis, c’est une période où il fallait éviter d’écrire pour ne pas laisser de traces que l’ennemie aurait pu utiliser, éviter de mettre en danger un ami, un voisin. Par exemple, la composition des compagnies FFI n’a été établi qu’après la guerre, souvent plusieurs semaines ou plusieurs mois. Les demandes de reconnaissance (attestation) ou de préjudices, ont parfois fait évoluer les listes pendant plusieurs années.

La, les mémoire(s)
2024, les témoins directs sont peu nombreux !
Pour les souvenirs personnels, il faut avoir une dizaine d’années durant la guerre, les enfants n’étaient pas mêlés aux agissements des grandes personnes et leur mémoire se nourrissait plus d’émotion que d’information.
Il reste parfois une image, une peur, auxquels s’ajoutent les récits des adultes, plus ou moins vérifiables, racontés à de rares occasions.
Il faut prendre ces Petites Histoires, pour permettre aux lecteurs de revivre (un peu), de comprendre, les vécus de cette période difficile.


Pour tout Étoile-sur-Rhône 39-45 :

Note 1 : Pour la compréhension de certains témoignages, des notes ont été ajoutées entre crochets […] ou des renvois en fin de l’article.

Note 2 : J’ai choisi de laisser les textes, les témoignages, bruts. Avec des répétitions, des différences d’interprétation dues au décalage de lieux ou des défauts de mémoire. Des faits, rien que des faits au service de l’Histoire et des historiens.

Le dimanche 3 septembre 1939, la guerre est déclarée à l’Allemagne. Dans la campagne d’Étoile, les gros travaux sont terminés. Le poids des réquisitions de l’armée pour nourrir plus de deux millions et demi de militaire se fait déjà sentir. Il va falloir apprendre à mettre de côté le nécessaire pour faire vivre la famille, et à travailler sans les plus jeunes qui sont parties.
Les nombreux travailleurs au chemin de fer PLM, voient depuis quelques mois des trains chargés de matériels et de nombreux soldats qui ne rêvent que de victoires faciles et de retours rapides à la maison.
Tout le monde connait le docteur Jean Planas qui est mobilisé depuis le 23 août comme Médecin-Lieutenant, il a dû fermer la petite clinique créée l’année précédente, ce n’est pas le moment de tomber malade !
Même Monsieur le Maire, le Capitaine Jules Bellier, à 72 ans, reprend du service comme volontaire.
La communauté Protestante partage la tristesse du Pasteur Peloux, son fils Samuel est mobilisé, quand est-ce qu’il reviendra ?
Dans l’église, les fidèles prient avec l’abbé Kayser, tous les jours depuis le début septembre, pour la paix, pour les morts de guerre. Ils font appel à Saint-Michel, Sainte Jeanne d’Arc, Saint Louis.

Les enfants attendent la reprise de l’école, ils ont encore un mois à poursuivre leurs jeux en cachette de leurs parents préoccupés.

Depuis les hauteurs du village, la vue plonge sur la vallée, qui s’étend du bas de plateau, à l’Est, aux rives du Rhône, à l’Ouest, parsemée d’importantes et riches fermes. Au Nord, la plaine butte sur la commune de Portes-lès-Valence et au Sud, la commune de Livron. Les livres d’histoire se rappelleront des nombreux bombardements de la gare de Portes et les mitraillages de l’armée allemande en retraite bloquée entre Loriol et Livron, car les ponts qui enjambent la rivière Drôme ont sauté.

Comment la commune, qui a vu naitre la Première Fédération Provinciale en 1789 dans cette vaste plaine, va accueillir pendant plus de quatre ans les vas et viens de soldats de toutes nationalités ?

Pendant la Deuxième Guerre mondiale, Étoile-sur-Rhône est un village de 2 000 habitants et se situe à une dizaine de kilomètres de Valence.

D’après le recensement de 1936, le dernier avant la guerre, 600 familles (220 en agglomération et 380 en dehors de l’agglomération) se retrouvent principalement dans deux secteurs d’activité : l’agriculture et le chemin de fer.

Agriculture : Propriétaire, exploitant agricole, cultivateur, fermier, ouvrier et journalier agricole, domestique de ferme = 438 personnes, les épouses ne sont pas comptées (Profession = Néant)
Charron, maréchal-ferrant = 9
Moulin, minoterie (Moulin Paul PESTRE et Georges LAURENT) = 14
Négociant pour l’agriculture = 2
PLM (chemin de fer Paris-Lyon-Marseille) = 69

Les élections municipales du 5 et 12 mai 1935 sont les dernières avant le déclenchement de la guerre. Les élus resteront en poste jusqu’à la mise en place de la section d’Étoile du Comité Départemental de Libération (CDL) qui aura en charge d’organiser les élections municipales de 1945.

 
Les 21 élus : Louis AMBROSSE, Jules BELLIER, Camille BLACHE, Aimé BLARD, Jean BOISSONNAT, Célestin BRETOUZE, Jules BRUNET, Frédéric DESBOS, Henri DIDIER, Raoul DUCROS, Pierre GAUTHIER, Henri GIRAUD, Auguste GRÉGOIRE, Louis MARGERIE, Léon MOUDRAN, Jean PIALOUX, Alphonse POMAREL, Louis REVIRAND, Paul REY, Jules SAILLANT, Lucien VIOLLET,

Jules BELLIER est reconduit maire, depuis 1904. Le 1ᵉʳ adjoint : Jules SAILLANT. Le 2ᵉ adjoint : Jean PIALOUX. Le 3ᵉ adjoint : Louis MARGERIE. Le 4ᵉ adjoint : Raoul DUCROS.

La lecture du graphique ci-dessous, nous remarquons de très nombreux décès en 1937 (52 décès), aucun rapport avec la guerre, et en 1944 (62 décès). Pour 1944, il y a eu 4 décès « inconnus », des décès liés au 6 juin 1944, et des décès du fait de l’évacuation de l’armée Allemande.
Naissances et mariages, chutent les années 1939-1940 (en dessous des moyennes, 29 naissances et 12 mariages), mais, rattrapage en 1942 (39 naissances et 20 mariages).


Étoile-sur-Rhône 39-45

Quelques dates et évènements dans lesquels s’inscrit l’histoire d’Étoile :
Dimanche 3 septembre 1939, Royaume-Uni (à 11 heures) et de la France (à 17 heures) déclarent la guerre à l’Allemagne suite à
l'invasion de la Pologne.

Rien d’important se passe jusqu’au 10 mai 1940, ça s’appelle « la drôle de guerre »

Vendredi 10 mai 1940, la bataille de France démarre par l'invasion par les Allemands du Luxembourg, de la Belgique et des Pays-Bas, jusqu'alors tous neutres.

Lundi 17 juin 1940 à midi, le Maréchal Pétain demande la cessation des combats :
« Il faut cesser le combat »
«  Français, à l'appel de M. le Président de la République, j'assume aujourd'hui la direction du gouvernement de la France. Sûr de l'affection de notre admirable armée, qui lutte avec un héroïsme digne de ses longues traditions militaires contre un ennemi supérieur en nombre et en armes ; sûr que par sa magnifique résistance, elle a rempli nos devoirs vis-à-vis de nos alliés ; sûr de l'appui des anciens combattants que j'ai eu la fierté de commander, sûr de la confiance du peuple tout entier, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur.
En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. C'est le cœur serré que je vous dis aujourd'hui qu'il faut cesser le combat.
Je me suis adressé cette nuit à l'adversaire, pour lui demander s'il est prêt à rechercher avec moi, entre soldats, après la lutte et dans l'honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités.
Que tous les Français se groupent autour du gouvernement que je préside durant ces dures épreuves, et fassent taire leur angoisse pour n'écouter que leur Foi dans le destin de la Patrie ».

Mardi 18 juin 1940, depuis Londres, refusant de cesser le combat, le général français de Gaulle lance un appel à le rejoindre pour poursuivre la lutte contre l'Allemagne :
« Les chefs qui, depuis de nombreuses années, sont à la tête des armées françaises, ont formé un gouvernement. Ce gouvernement, alléguant la défaite de nos armées, s'est mis en rapport avec l'ennemi pour cesser le combat.
Certes, nous avons été, nous sommes submergés par la force mécanique, terrestre et aérienne de l'ennemi.
Infiniment plus que leur nombre, ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui nous font reculer. Ce sont les chars, les avions, la tactique des Allemands qui ont surpris nos chefs au point de les amener là où ils en sont aujourd’hui.
Mais le dernier mot est-il dit ? L'espérance doit-elle disparaître ? La défaite est-elle définitive ? Non !
Croyez-moi, moi qui vous parle en connaissance de cause et vous dis que rien n’est perdu pour la France. Les mêmes moyens qui nous ont vaincus peuvent faire venir un jour la victoire.
Car la France n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle n'est pas seule ! Elle a un vaste Empire derrière elle. Elle peut faire bloc avec l'Empire britannique qui tient la mer et continue la lutte. Elle peut, comme l'Angleterre, utiliser sans limites l'immense industrie des États-Unis.
Cette guerre n'est pas limitée au territoire de notre malheureux pays. Cette guerre n'est pas tranchée par la bataille de France. Cette guerre est une guerre mondiale. Toutes les fautes, tous les retards, toutes les souffrances n'empêchent pas qu'il y a, dans l'univers, tous les moyens pour écraser un jour nos ennemis. Foudroyés aujourd'hui par la force mécanique, nous pourrons vaincre dans l'avenir par une force mécanique supérieure. Le destin du monde est là.
Moi, général de Gaulle, actuellement à Londres, j'invite les officiers et les soldats français qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, avec leurs armes ou sans leurs armes, j'invite les ingénieurs et les ouvriers spécialisés des industries d'armement qui se trouvent en territoire britannique ou qui viendraient à s'y trouver, à se mettre en rapport avec moi.
Quoi qu'il arrive, la Flamme de la Résistance Française ne doit pas s'éteindre et ne s'éteindra pas.
Demain, comme aujourd'hui, je parlerai à la radio de Londres. »

Samedi 22 juin 1940, signature de l’armistice dans la clairière de Rethondes, en forêt de Compiègne, à 18 h 50 (heure d’été allemande).

Une autre vie pour les français, une autre vie pour les étoiliens

Dès 1940, la commune connait les bombardements de l’armée allemande qui ne font pas de victime, c’est la commune de Portes-lès-Valence qui était visée. En juin, les familles sont informées des premières victimes de la guerre, morts sur le front : Georges Lièvre, le 30 mai 1940 ; Paul Montellier, le 7 juin 1940 ; Henri Bois, le 12 juin 1940 ; André Jacquamet, le 19 juin 1940 ; Julien Clair le 20 juin 1940.

Et puis, c’est la débâcle qui assomme toute la population, suivie par l’armistice le 22 juin 1940. L’armée allemande bute sur la rivière Isère et s’arrête à Romans. On retient son souffle.
On se serre un peu pour faire de la place à quelques familles lorraines que la guerre et l’annexion de leur région ont jeté sur les routes en direction du Sud.
On cherche les rescapés, ceux qui reviennent ou donnent rapidement signe de vie, et les nombreux prisonniers qui laissent les familles de longs mois dans l’incertitude.

La vie reprend son cours.

Les paysans, les plus nombreux sur la commune, n’ont pas suspendu les travaux des champs, les premières moissons ne peuvent attendre quelle que soit l’évolution de la guerre et de l’occupation. On s’entraide. Par exemple au quartier des Josserands, Marie-Louise Bois reste deux ans sans nouvelles de son mari Henri, (la commune est prévenue de son décès qu’en mai 1942), Paul Verd, paysan voisin, et son garçon de ferme André Montellier vont l’aider pendant cette période, jusqu’à ce que Marie-Louise décide de vendre.
Aux premières décisions du gouvernement qui s’est engagé à payer un lourd tribut aux vainqueurs, les fermes préparent leur résistance.

Il n’y a aucun signe qui dit que la population d’Étoile a souffert de pénuries alimentaires. Les fermes nombreuses, les lopins de terre que cultivent les ouvriers, employés et artisans, et ici et là, quelques poulaillers et clapiers, permettent de passer les moments difficiles. Ainsi que les cours d’eau : le Rhône, la Véore et autres ruisseaux assurent un complément non négligeable  à ceux qui pratiquent la pêche.

À Étoile-sur-Rhône, nous retrouvons, comme dans beaucoup de villages ruraux, des pétainistes, mais peu s’en vantent. Des maréchalistes, qui ont connu la guerre de 14-18, plus nombreux, que l’on retrouve dans la Légion française des Combattants (170 adhérents en 1941). Ils ont confiance au Maréchal qui saura bien sortir le pays de cette situation. Ce sont les plus zélés de la Révolution Nationale que l’on retrouvera en 1944 dans la Résistance armée.

La paroisse catholique, qui représente une grande majorité de la population, donne le ton. L’organisation de la kermesse, pendant les deux premières années 1941-1942, fait référence au Maréchal, « elle est tout à fait dans la pensée du Maréchal et des organisations des fêtes qui, dans la France entière, vont se célébrer ce jour-là ».

Une grande majorité de citoyens attendent de voir avant de se déclarer et quelques-uns, peu nombreux, qui refusent la défaite et la politique du nouveau gouvernement, commencent à tisser des liens, et par leur opposition discrète, aident ceux qui refusent le STO et préparent la Résistance.

La légion Française des combattants, les Compagnons de France, ces deux nouvelles organisations s’engagent dans la Révolution nationale chère à Pétain. Collectes pour les prisonniers, quêtes pour le Secours national et l’organisation de fêtes, conférences, de rassemblements à de multiples occasions.

À partir de 1943, la zone dite « libre » est occupée par l’armée italienne, puis par l’armée allemande. Le temps tourne, on rentre la tête, quelques « collabos » donnent de la voix. Discrètement, chacun à sa manière, cherche comment rejoindre, sans prendre de risques, ceux qui, depuis des mois, font entendre une autre version de l’Histoire.

Et le 6 juin 1944, jeunes et moins jeunes qui s’entrainent depuis quelques mois à démonter et à remonter les armes sans pouvoir tirer un seul coup de Sten, se lancent dans la Résistance armée sous les ordres du Docteur Jean Planas. Période dangereuse où il faut encore subir la loi du plus fort.

À la libération, presque tout le monde est content. Il y a bien un couple, qui disait, haut et fort, leurs préférences pour les Allemands, qui a subitement disparu…

Sur ce site, plusieurs articles, témoignages, sont consacrés sur cette période.

D’après Henri Amouroux : « il y a eu 40 millions de Français pétainistes en 1940 qui sont devenus 40 millions de gaullistes en 1944 ! ».
 

Nous pouvons aussi relater la présentation que fait Henri Frenay, cofondateur du mouvement de résistance Combat et futur Compagnon de la libération, dans une lettre de mars 1944 à une personne de l’entourage de de Gaulle à Londres pour expliquer la situation des Français (Une jeunesse française, page 586) :
« Le drame de la France a fait que des hommes honnêtes et désintéressés ont cru, pendant un certain temps, au maréchal Pétain et ont placé en lui leur confiance. Sans doute ont-ils été trompés, mais ils ont été trompés sincèrement et, s’ils ont fait une erreur, on ne peut pas leur imputer comme un crime. Or, vous savez comme je le sais moi-même, que l’immense majorité du peuple français, pendant plus ou moins longtemps, a fait confiance au maréchal Pétain. Vouloir refuser systématiquement de faire route avec ceux-là n’aboutirait, en définitive, qu’à isoler une poignée d’hommes de la nation. C’est donc vers une politique d’union et d’union sincère que nous devons pencher ».

Nous retrouvons cette évolution chez les habitants de la commune d’Étoile-sur-Rhône. En réalité la grande majorité s’est réfugiée dans l’attentisme au moins jusqu’en 1943. Une centaine d’anciens combattants 14-18 ont espéré que le Maréchal, qui avait si bien réussi à Verdun, pouvait, peut-être, être une solution, ne disait-on pas qu’il jouait double jeu ?

De nombreux maréchalistes sont des antiallemands convaincus, l’occupant est et reste l’ennemi. La première période est la prudence, la population s’adapte aux nouvelles règles décidées par l’État Français, avec plus ou moins de zèle, quelques habitants s’engagent résolument dans la voie de la collaboration.

1943, le vent dans la vallée du Rhône change de sens et devient incertain, il colporte de plus en plus les idées de De Gaulle qui sont portées aux oreilles des Étoiliens. Il y a ceux qui persistent dans la voie tracée par Pétain, ils ont encore confiance au Chef... il saura trouver une solution comme à Verdun... mais il a 87 ans. Ils y a ceux qui, avec audace, s’organisent, créent des groupes qui se reconnaissent et préparent déjà demain. C’est le temps de la prudence et de la méfiance.

1944, la vie devient de plus en plus difficile, la Résistance fait parler d’elle, il faut se positionner et prendre des risques, c’est la naissance de groupes armés de la Résistance. Et comme la plupart des Français, il y a ceux qui attendent des jours meilleurs, s’adaptent au jour le jour, et quand c’est possible tirent profit de la situation. Mais comme nous pouvons le constater, l’engagement de personnalités, nées à Étoile, a largement dépassé le cadre communal.

Étoile-sur-Rhône 1939-1945 

Le village d’Étoile et particulièrement la plaine des Josserands ne sont pas visés directement par les bombardements. La gare de triage sur la commune de Portes-lès-Valence empiète sur le Nord d’Étoile et à chaque bombardement des voies et des ateliers, des bombes tombent sur la plaine suivant l’altitude où elles sont lâchées et la précision du pilote.

Au Sud, ce sont les Communes de Loriol et Livron qui sont visées, principalement les deux ponts : le pont routier sur la nationale 7 et le pont ferré, qui enjambent la Drôme entre ces deux villages. Donc suffisamment éloignées pour que peu de bombes « perdues » tombent sur Étoile.

Le vent, qui soit du Nord (la Bise, le Mistral) ou du Sud (vent du Midi), charrie sur la plaine des Josserands, les bruits, les poussières, et les odeurs de la poudre, des incendies et parfois de la chair brulée, et plus tard de la pourriture, des corps laissés là plusieurs jours et les carcasses des chevaux par dizaines. Des nuits, la plaine est éclairée comme en plein jour par les fusées éclairantes larguées sur Portes-lès-Valence.

Les premiers bombardements des alliés commencent le 2 au 6 août 1944 sur la gare de triage de Portes-lès-Valence. Le but est d’obliger l’occupant à garder des troupes sur place pendant que les armées débarquées de Normandie avancent bon train et repoussent l’ennemie vers l’Est.
Le 3 août fut particulièrement difficile pour la population de Portes ou plus de la moitié des habitants ont fui leurs maisons.
100 à 150 forteresses volantes ont déversé un tapis de bombes dont 25 sur Étoile.

C’est au tour des ponts sur le Rhône, au Pouzin et à La Voulte d’être détruits par l’aviation alliée.

Le 15 août 1944, c’est le débarquement allié en Provence, les allemands s’y attendaient, mais ils sont préoccupés par le recul, depuis le 6 juin, de leurs soldats qui se rapprochent de Paris.
Le 16 août 1944, Hitler donne l’ordre de retrait à la 19e armée allemande, il faut qu’elle abandonne le Sud pour aller prêter main forte à l’armée de l’Est. Ce sont 210 000 militaires qui se pressent sur les Nationales 7 et 86 (de chaque côté du Rhône), pas toujours dans le bon ordre, à moto, camions, chars et autres chenillettes, et certain à cheval ou vélos, en tirant ou poussant de lourdes armes, afin d’arriver au plus vite en contact avec l’armée qui se regroupe dans l’Est de la France.

Dans la nuit du 16 au 17 août, le pont de Livron sur la Drôme est détruit. Pendant la journée du 17 août, peu de soldats remontent la nationale 7 depuis Loriol, c’est le 18 août que le gros de la 19e compagnie dépasse Montélimar et vient buter sur la rivière Drôme. Depuis la commune d’Étoile, on entend le roulement incessant des bombes qui tombent sur la 19e armée allemande entre Montélimar et Loriol. Les soldats qui ont pu traverser la rivière, fatigués, ne trainent pas et veulent rejoindre Valence le plus rapidement possible, où ils pensent pouvoir se regrouper et se reposer, un peu. Ils traversent la plaine des Josserands par tous les chemins, à l’abri des muriers ou des noyers, ils privilégient les berges du Rhône. Les ponts sur la rivière Véore sont intacts. Le pont des Petits Robins (lire le témoignage de Rambert Georges Étoile-sur-Rhône, un village drômoi)et de la nationale 7 sont particulièrement sollicités et bien gardés par la garnison allemande qui occupe depuis le début de l’année le château de La Paillasse.

Le 22 août 1944, l’armée allemande fait une incursion dans le village d’Étoile. Quelques obus sont tirés sur le clocher de l’église provoquant des fêlures sur la grosse cloche. Sur le temple, ils détruisent la porte d’entrée et quelques bancs à l’intérieur. La villa Mirabel, située à l’angle de la route Étoile-Beauvallon et la route Étoile-Gare est incendiée, les soldats croyant voir des maquisards.
Le toit de l’école des filles est mitraillé et le portail abimé par un char.

Du 22 au 26 août 1944, tous les jours la gare d’Étoile est mitraillée par les alliés. La libération de Paris le 25 août arrive avec retard parmi la population des Jossernads qui passe la plupart de son temps à se cacher.
Dans la nuit du 27 août, un violant orage a fait monter l’eau dans la Drôme, rendant encore plus difficile sa traversée.
Le 29 août, encore un mitraillage de la gare, les commandes des panneaux de signalisation détruits. Les soldats allemands pillent la gare et le logement du chef de gare.
Le flux des militaires allemands diminue, le matin, l’armée américaine est aux portes de Loriol, et à 14 H, elle entre à Livron. C’est la débâcle pour les derniers militaires allemands.


Le 30 août, journée étouffante, quelques soldats allemands, perdus, se hâtent ou se cachent. Ils ne rejoindront jamais leur compagnie d’origine.

L’armée Américaine arrive à Étoile, fait une halte et se prépare à entrer dans Valence le lendemain matin.

Le 31 août, de nombreux jeunes de la commune, principalement dans la 4ᵉ compagnie FFI Étoile-sur-Rhône, un village drômoi (par la National 92, depuis Saint-Marcel) et 6ᵉ Étoile-sur-Rhône, un village drômoi compagnie  (par la Départementale 68, depuis Chabeuil), participent à la libération de Valence, tôt le matin. Ils auront le plaisir d’accueillir les soldats américains.

La plaine des Josserands a peu souffert du passage des soldats allemands. Les alliés (surtout l’aviation et l’artillerie américaines) ont privilégié la gare de triage de Portes-lès-Valence et l’étranglement causé par la destruction des ponts sur la Drôme.

Bibliographie


Étoile-sur-Rhône 39-451981, Lucien MICOUD
Nous étions cent cinquante Maquisards
De la libération de Gigors à la libération de Valence
Peuple Libre


Étoile-sur-Rhône 39-45

2009, APER, Les Amis du Patrimoine Étoilien et de la Ruralité
Chroniques étoiliennes au 20ème siècle
Imprimerie du crestois

 


Étoile-sur-Rhône, un village drômois2012, COLLECTIF
Août 44 - Témoignages due la libération du canton de Loriol, d’Allex et de Grâne
Éditions Mémoire de la Drôme

 


Étoile-sur-Rhône 39-452015, Michel Chaudy,
Les Compagnons de France du Valentinois 1940-1944
Éditions CASTELLI

 


Étoile-sur-Rhône 39-45

2018, Michel CHAUDY
Nous voulons vivre !
Gravé dans le marbre, Étoile-sur-Rhône
Auto édition


ARCHIVES DÉPARTEMENTALES DE LA DRÔME (SALLE DE LECTURE)


Série 9J : Fonds André VINCENT-BEAUME
Série 97J : Fonds de la fédération des Unités combattantes de la Résistance et des Forces Françaises de l'Intérieur, de la Drôme
Série 132J : Fonds André VINCENT-BEAUME
Série 409J : Fonds Jean et Michel PLANAS
Série 2827W : Fonds du comité départemental de la libération
Série 6M : Population-Affaire économique-Statistiques
Série 1R : Affaires militaires, organismes de temps de guerre
Sérier CP210 : La Dépêche dauphinoise
Série CP219 : La République du Sud-est
Série J 712 : Pièces isolées


ARCHIVES D’ÉTOILE-sur-RHÔNE


Cote 1D2 et 1D3, délibérations du Conseil Municipal

Série 5H, cote 38 à 52 (anciennes cotes) : Guerre 39-45

Calendrier et agendas de la paroisse d’Étoile


WEBOGRAPHIE


Archives Départementales de la Drôme Etoile-sur-Rhône 39-45

Archives Départementales du Rhône Etoile-sur-Rhône 39-45

Service Historique de la Défense Etoile-sur-Rhône 39-45

Musée de la Résistance en ligne, 1940-1945 Etoile-sur-Rhône 39-45

GALLICA Etoile-sur-Rhône 39-45

Mémoire des Hommes Etoile-sur-Rhône 39-45

Le Maitron Etoile-sur-Rhône 39-45


RENCONTRES, ÉCHANGES, TÉMOIGNAGES ET DOCUMENTATIONS, AVEC LES HABITANTS D’ÉTOILE ET AUTRES AIDES, QU’ILS EN SOIENT REMERCIÉS


Claude BLACHIER, Christian BRUN, Guy BRUNEL, Joëlle CAPDEVIOLLE, Alice CHAMPEL, Maurice CHASTANG, Renée CLAIR, André CLEYSSAC, Léone COLEUR, Engel FORASIEPY, Joseph GRÉGOIRE, Joëlle GUEZE, André MANTELLIER (MONTELLIER), Bruno MARGERIE, Christian MARGERIE, André MARQUET, Gabriel MICOUD, Lucien MICOUD, Marcel MOUNIER, Andrée PARADIS, Daniel PERMINGEAT, Michel PLANAS, Anne-Marie et Paul POMA, Adrienne POMAREL, Christine PRANEUF, René REY, Simone ROUSSIER, Jean Marie SABATIER, René SABATIER, Annick et Michel SERRE, Robert SERRE, Serge SOUBEYRAN, Joël VACHON, Pierre VERD, Bernard VIOLET, Christophe WOEHRLE

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Gardes des Voies et Communications

Le 22 octobre 1943, un jeune homme s’approche du guichet et demande un billet. Pendant que le chef de gare est absorbé par sa tâche, le jeune résistant lui tire un coup de révolver à la figure, mais trop pressé et maladroit, le chef de gare n’est que légèrement blessé, celui-ci préfère quitter la région.
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La guerre se prépare

Le jour de la déclaration de la 2ème guerre mondiale, le territoire d’Étoile-sur-Rhône a été choisi pour fabriquer du pain pour l’armée des Alpes et l'installation d'un Dépôt de Remonte Mobile d’Armée.
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Cité rurale Compagnons

La Compagnie d’Étoile est le première compagnie rurale des Compagnons de France : « Ils ont trouvé dans ce cadre villageois l’ambiance nécessaire à la réussite de cette entreprise ».
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La ferme de La Mare : une terre et un toit

Le quartier de la Mare, à Étoile-sur-Rhône, est situé loin du centre du village. C’est quelques fermes dispersées sur le plateau qui s’étend jusqu’à Montmeyran. Et surtout, très loin de la plaine à l’Est, passage obligé du Sud au Nord.
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Légion Française des Combattants

Par la loi du 29 août 1940, toutes les associations d’anciens combattants sont dissoutes, et doivent fusionner leurs moyens et leurs biens dans un nouveau mouvement : La Légion Française des Combattants dont le rôle est de comprendre et faire comprendre la Révolution Nationale.
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Deux parachutistes au hameau du Chez

Le 29 août 1942, deux parachutistes atterrissement au quartier du Chez, c’est le premier parachutage connu dans la Drôme.
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Prisonniers en 1940, déportés, travailleurs STO

Le plus grand nombre des prisonniers militaires de la commune sont ceux qui lors de leur incorporation dans l’armée sont nés ou ont une adresse sur Étoile. À défaut d’une liste précise des prisonniers, en croisant plusieurs sources, permettent, peut-être, de connaitre tous les prisonniers.
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Se tenir prêt pour le 6 juin

Gabriel André Micoud incorporé aux chantiers de jeunesse du 21 mars 1941 au 10 octobre 1941. Fait partie des FFI de la Drôme du 6 juin 1945 au 27 juillet 1944. Blessé au combat à Gigors le 27 juillet 1944, avec blessures multiples par les éclats d’obus. Engagement volontaire en septembre 1944, démobilisé le 29 juillet
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La 4ème Compagnie FFI de la Drôme

La 4ème compagnie était composée de 132 membres au 6 juin 1944. Volontaires recrutés principalement à : Étoile, Portes-lès-Valence, Beaumont-lès-Valence, Montoison, Petits-Robins (commune de Livron).
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Naissance de la 6e compagnie FFI

Ce témoignage sans prétention est, certes, une œuvre personnelle ; mais il est surtout une entreprise collective dont le signataire a voulu d'abord être le coordinateur.
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Opération Overlord

Pendant que se déroulait la formidable « Opération Overlord » à laquelle participait la France avec les bateaux et les fusiliers-marins des Forces Navales Française Libres que se passait-il en France et en particulier à Étoile ?
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La tentation du lapin

Marcel Édouard Mounier, est né le 3 avril 1921 à Étoile. Ces parents sont agriculteurs dans cette même commune. Pendant la période 40-44, il participe aux Compagnons de France, aux chantiers de jeunesse, membre de la 4ème compagnie FFI, il est arrêté et transféré en Allemagne comme « travailleur volontaire ».
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6 juin 1944 à Étoile

En ce lieu, le 6 juin 44, lors d'un premier combat pour la Liberté, sont tombés au champ d'honneur, Michel RIORY, Jean DURAND, appartenant à la 4ème compagnie des FFI
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Journal du la 4ème Compagnie

Suivant la place prise entre juin et août 1944, acteurs ou simples spectateurs, les témoignages sur le déroulement de la Résistance à Étoile-sur-Rhône ont plusieurs visions.
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Août 44 à la Poulate

Le témoignage ci-dessous est signé de Rambert GEORGES, habitant la ferme de La Poulate. Le mois d’août 1944 n’a nul part été simple mais encore plus difficile pour la population habitants de part et d’autre du Rhône.
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La vie aux Josserands

La plaine est parsemée de fermes, souvent des fermes importantes qui ont passé la période de la guerre sans trop de difficultés et ont su mettre de « côté » quelques réserves. Les nombreux chemins de chaque côté de la nationale 7, ainsi que la rive du Rhône, ancien chemin de halage, permettent aux soldats de se déplace
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Albert Bébert Rémy

Le dimanche 9 juillet 1944, comme tous les dimanches, il met sa tenue de ville et se rend à pied au village à une distance de 7 km. Mais cette fois, ce n’est pas seulement pour rencontrer des amis au café, c’est aussi pour faire la distribution de quelques tracts parachutés la veille pour le maquis.
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Paul Verd

Ces témoignages (oraux et écrits) prouvent que Paul Verd a participé activement, peu de temps après l’armistice de 1940, à l’organisation de la Résistance en Drôme, qui le mènent, en septembre 1944, à la présidence du Comité Local de Libération d’Étoile.
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Réapprendre la Liberté

La libération de la Drôme le 31 août 1944 n’efface pas les effets de la guerre sur la commune. Il y a des bons moments qui accompagnent la liberté retrouvée. Le tri nécessaire entre ceux qui se sont fait remarquer par leur soutien à Vichy et leurs relations avec l’occupant.
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Sinistres de guerre

En juin 1940, peu de dégâts, la Wehrmacht bute sur la rivière Isère, au nord de Valence. Mais l’année 1944 fut terrible par les destructions, surtout à Portes-lès-Valence, auxquelles il faut ajouter les vols et pillages dû à l’armée allemande qui stationne sur la commune ou lors de la retraite de la 19ᵉ compagnie.
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Jules Bellier

Jules André Marie Bellier est né à Étoile le 19 septembre 1867. Par sa mère née Melleret, il est d’une illustre famille de militaires d’Étoile.
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Jean Planas

Une courte vie bien remplie. Combattant pendant les deux guerres mondiales, 14-18 et début 1940 en tant que médecin, de retour à Étoile il reprend ses activités de médecin et participe activement à l’organisation de la Résistance. Le fil rouge de sa vie est la médecine « sociale », il innove, crée des lieux de soins…
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Lucien Micoud

Enseignant, Résistant, Journaliste
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L’abbé Maxime Marnas

Maxime Marnas est né à la Chapelle-en-Vercors le 5 février 1903, dans une famille très religieuse. Son père, bourrelier, d’origine de Lussas au Sud de l’Ardèche, appartient à une famille qui a donné plusieurs prêtres à l’Église. Le frère de Maxime, Gaston Clément, né l’année suivante, reprend l’atelier de son père.