L’armistice du 22 juin 1940 coupe la France en deux zones. C’est dans la zone sud, non occupée, que se retrouvent une partie de la jeunesse qui a fui l’avancée de l’armée allemande (10 millions de Français du nord, sur une population de 40 millions, feront le chemin nord-sud). Les Compagnons de France s’adressent d’abord à ces jeunes hommes.
Sous l’impulsion d’Henry Dhavernas, inspecteur des finances et commissaire général par intérim des Scouts de France (1939-1940), et avec le soutien de dirigeants des mouvements de jeunes, trente-huit hommes et huit femmes représentants les mouvements catholiques et protestants, les associations sportives et organisations politiques (jeunesse unioniste, Scout, auberges de jeunesse, JOC, la CGT, le Parti Socialiste …) décident de créer une association loi 1901, qui ne ressemble pas aux mouvements de la jeunesse hitlérienne ou la jeunesse fasciste, en dehors de toutes idées politiques, centrée sur les questions sociales. Les statuts sont déposés le 26 juillet 1940 et les objectifs sont fixés dans son premier article conformes aux idées du gouvernement de Vichy : Le rassemblement de jeunes Français désireux de participer au relèvement matériel et moral du Pays en offrant leur concours aux services d’Aide aux réfugiés et aux prisonniers ; et, généralement, toutes initiatives et réalisations propres à associer les jeunes au service du Pays sous l’égide du ministère de la Famille et de la Jeunesse.
Ces mouvements se retrouvent du 1er au 4 août pour élaborer la « Charte de Randan » qui répond aux soucis de chaque mouvement : continuer d’exister.
Considérant que le malheur de la France et le désarroi de la jeunesse imposent qu’un effort vigoureux soit immédiatement entrepris pour :
1° Aider chaque adolescent à répondre à sa vocation personnelle d’homme et de Français ;
2° Lui faire prendre conscience de la mission propre de la France ;
3° L’engager dans une action enthousiaste et fraternelle pour le relèvement de son pays.
Considérant que les associations existantes qui ont fait la preuve de l’efficacité de leur action éducative doivent, d’une part intensifier cette action au service de la France dans leurs domaines respectifs et suivant leurs méthodes particulières, d’autre part rappeler à ce service la partie de la jeunesse qu’elles n’ont pas atteinte.
1° Estiment nécessaire le maintien et le développement de ces associations, la reconnaissance par l’État de leur autonomie, le soutien effectif des pouvoirs publics ;
2° Approuvent la création du mouvement autonome et indépendant « Les Compagnons de France » dont les buts sont les suivants :
Service de la France
Formation de la personnalité dans le respect et l’approfondissement des convictions de chacun ;
3° Affirment qu’ils sont prêts à contribuer à l’organisation des Compagnons de France en demandant à leurs associations de désigner parmi leurs dirigeants qualifiés des personnes capables d’assurer le lancement et la direction de ce mouvement et de donner des consignes précises à leurs dirigeants régionaux et locaux pour qu’une entente intervienne entre eux dans un esprit de collaboration au service de la France en vue de favoriser partout la création et le développement des Compagnons de France.
Henry Dhavernas est le premier président.
Le siège social, fixé à Vichy au début, est transféré à Crépieux-la-Pape (ville qui est dans le département de l’Ain, avant d’être rattaché au département du Rhône en 1967) près de Lyon en octobre 1940 pour se soustraire du « poids politique local », où « tout doit se dire à voix basse ».
Dans la foulée de la rédaction de la Charte dans la forêt de Randan (près de Vichy), le premier stage de formation pour les Chefs Compagnons se déroule du 9 au 14 août 1940. Après leur stage d’une semaine, les nouveaux chefs compagnons rejoignent leurs « pays » pour créer les premiers groupes. Après une dizaine de stages, le développement du mouvement peut se faire sur l’ensemble de la France non occupée. En cette période de chômage, les candidats ne manquent pas et il faut faire vite, aucun contrôle des candidats, dans les premiers stages se mêlent officiers, militants CGT, socialistes, hauts fonctionnaires, anciens chefs de la jeunesse, ce qui posera quelques problèmes d’unité du mouvement dans les mois suivants.
En 1941, Guillaume de Tournemire est le deuxième chef du mouvement, jusqu'à la dissolution de l'association en janvier 1944.