Les bancs d'utopie

L’exposition se compose de reproductions à l’identique de bancs issus de sociétés communautaires européennes. Pour Francis Cape, les bancs « opposent l’individualisme au communautarisme, et prônent des valeurs différentes du matérialisme individualiste dominant.

L'exposition est coproduite avec le Familistère de Guise et le Frac Franche-Comté, elle a été en plus exposée à Saint-Étienne et Reims.

Banc d'utopie, Guise

Il y a treize bancs dans cette exposition. Ces bancs proviennent de douze communautés implantées dans différents pays de l’Europe : cinq en France, deux au Royaume-Uni, deux en Italie, une en suisse, une en Autriche et une en Israël.

Les valeurs de ces communautés sont tout aussi différentes. Plusieurs d’entre elles sont fondées sur un idéal écologique, d’autres sur une expérience spirituelle, d’autres encore sur un modèle social issu du mouvement libertaire ou socialiste utopique. Et dans la plupart des cas, ces valeurs se superposent. Neuf de ces communautés sont encore actives aujourd’hui, même si elles ont souvent évolué avec le temps vers une vie communautaire plus restreinte. Lorsqu’il est question de société utopique, on est habituellement tenté de penser qu’elles appartiennent à une autre époque, ou à un autre territoire que le nôtre. Mais cette diversité nous prouve le contraire.

(Extrait de la plaquette d’exposition : Olivier Vadrot)

NEW LANARK, Royaume-Uni/Écosse, 1800-1825

LE FAMILISTÈRE DE GUISE, France/Aisne, 1859-1968

MONTE VERITÀ, Suisse/Tessin, 1900-1920

HAZORE’A, Israël/district nord, depuis 1934

FINDHORN, Royaume-Uni/Écosse, depuis 1920 (2 bans pour l’exposition)

ARDELAINE, France/Ardèche, depuis 1972

LE BÉAL, France/Drôme, depuis 1972

UTOPIAGGIA, Italie/Ombrie, depuis 1982

TORRI SUPERIORE, Italie/Ligurie, depuis 1989

LA FERME DU COLLET, France/Alpes-Maritimes, depuis 2001

HOFKOLLEKTIV WIESERHOISL, Autriche/Styrie, depuis 2001

BOIMONDAU, France/Drôme, 1941-1971

Boimondau (BOItes de MONtres du DAUphiné) est l’une des expériences la plus longue et la plus poussée parmi les communautés de travail en milieu industriel français. Pendant les six premières années de son existence (1941-1947), elle porta le nom de son fondateur, Marcel Barbu, parti de Besançon sous l'occupation pour rejoindre la zone française libre, à Valence.

La communauté refusa de se plier en 1942 aux normes du Service de Travail Obligatoire en Allemagne, elle entra en clandestinité puis dans la résistance au maquis du Vercors. Durant cette période où les compagnons s'installèrent à la Ferme du Mourras pour exploiter les terres et les bois, la communauté fut totale.

Bancs Boimondau, cours d'histoireC'est à cette époque que furent pensées et écrites les règles de la vie communautaire (service social, vie culturelle, groupes de quartier, sport, contre-effort, etc.). Après l'arrestation et la déportation de Marcel Barbu, c'est Marcel Mermoz qui prit sa succession et imposa progressivement une vision plus marxiste, et moins chrétienne.

Boimondau reprend certains points d'organisation des utopies socialistes l'ayant précédée, mais avec l'intention de s'inscrire dans une réalisation concrète et réaliste dans un contexte capitaliste dur. La gestion de l'entreprise est au centre des préoccupations, mais les décisions et les bénéfices sont partagés, et les compagnons peuvent par exemple exercer des activités annexes, culturelles ou sportives, sur leur temps de travail hebdomadaire. Au début des années 1950, la communauté vivait selon des règles économiques et sociales très définies et rassemblait plusieurs centaines de “compagnons” venus d'horizons très différents. Mais en changeant de statut pour devenir une Société Coopérative Ouvrière de Production (SCOP), l'esprit communautaire s'estompa lentement. Les activités économiques prirent de plus en plus de poids par rapport aux activités sociales, et la concurrence accrue aboutira finalement en 1957 à la suspension des avantages sociaux, trop coûteux. L'entreprise, divisée entre les anciens compagnons et les nouveaux venus sera de plus en plus difficile à gérer, jusqu'à sa liquidation en 1971.

(Extrait de la plaquette d’exposition : Olivier Vadrot)

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Date de dernière mise à jour : 20/08/2024

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