Dans cet ouvrage « Suicide de l’occident, suicide de l’humanité ? » paru en février 2015, Michel Rocard fait le bilan d’une société dominée par le capitalisme financier et comment nous en sommes arrivés là.
S’appuyant sur de nombreux penseurs, philosophes et économistes, et en référence avec son expérience personnelle de militant Politique, il trace l’évolution de la société.
À plusieurs reprises, Michel Rocard parle des nécessaires réformes. Il est bien loin de toutes ces personnes politiques qui, il y a peu, faisaient référence à Michel Rocard le réformiste.
Mais ont-ils bien compris Michel Rocard ?
Quand Michel Rocard parle de réformes, c'est pour faire reculer le capitalisme dominant, loin de ceux pour qui « réformes » veut dire adapter la société au capitalisme.
Parmi les nombreuses références, Michel Rocard puise dans les textes et réflexions de penseurs, philosophes, économistes.
Dans le chapitre Le dieu Marchandise : il cite Albert Camus : « Délibérément, le monde a été amputé de ce qui fait sa permanence : la nature, la mer, la colline, la médiation des soirs. Il n’y a plus de conscience que dans les rues, parce qu’il n’y a plus d’histoire que dans les rues, tel est le décret ».
Et d’Aldous Huxley (le Meilleur des mondes) « La dictature parfaite serait une dictature qui aurait l'apparence de la démocratie, une prison sans murs dont les prisonniers ne songeraient pas à s’évader. Un système d’esclavage où, grâce à la consommation et au divertissement, les esclaves auraient l’amour de leur servitude ».
Dans le chapitre : La longue saga des émergences subversives, Michel Rocard développe la création du crédit-bail : sur notre continent, la conception initiale en est un coopérateur français, Lucien Pfeiffer, décédé voici une décennie, et qui fut notamment membre de la communauté de travail Boitiers de Montres du Dauphiné, Boimondau. L’invention est de nature industrielle et concerne d’abord l’industrie, beaucoup plus que les banques. Il n’en dit pas plus sur la communauté Boimondau, au lecteur d’approfondir.
Il faut réguler le capitalisme ! Michel Rocard propose « des outils pour demain ».
Il croit toujours que l’autogestion est possible : « une société autogestionnaire, c’est une société où les hommes sont capables de prendre en main leurs propres affaires, de prendre eux-mêmes les décisions qui concernent leur travail, leur cadre de vie, leur formation, leurs relations et toute leur vie quotidienne ». Je [Michel Rocard] ne pense pas que cette définition, issue du « manifeste pour l’autogestion du Parti socialiste unifié » en 1972, ait pris autant de rides que ces rédacteurs : l’autogestion est toujours d’actualité ! Elle est, aujourd’hui comme hier, une nécessité pour sortir des difficultés rencontrées dans le mode d’organisation du système économique ».
Michel Rocard précise : « Aujourd’hui, l’essor de l’économie sociale et solidaire, qui est une forme dérivée, ainsi que la reconnaissance scientifique des bienfaits de l’autogestion, avec notamment la remise du prix Nobel d’économie à Elinor Ostron en 2009 pour ses travaux sur la gestion des biens publics, laissent augurer de perspectives plus favorables à cette idée ».
Michel Rocard est décédé le 2 juillet 2016