Éditoriaux et articles, 1944-1947
Édition établie, présentée et annotée par Jacqueline Lévi-Valensi
Entre le 21 août 1944 et le 3 juin 1947, Albert Camus est rédacteur en chef et éditorialiste à Combat. Ses 165 articles - signés, authentifiés, ou légitimement attribuables - nous transmettent le témoignage lucide d'un journaliste conscient de ses responsabilités dans une époque où, au sortir de l'Occupation, il faut à la fois réorganiser la vie quotidienne et dessiner l'avenir de la France et de l'Europe. Sur de multiples sujets, la politique intérieure ; l’épuration ; la politique étrangère ; les droits, les devoirs et le rôle d'une nouvelle presse ; la politique coloniale, et, en particulier, la nécessité de doter l'Algérie d'un nouveau statut, Camus informe et réagit. On entend dans ces textes la voix passionnée d'un écrivain dans l'histoire, épris de justice, de liberté et de vérité ; mais aussi obstinément soucieux d'introduire la morale en politique et d'exiger le respect de la dignité humaine.
Du 19 au 30 novembre 1946, Albert Camus publie dans le journal Combat 8 articles dans la série « Ni victimes ni bourreaux »
Dans l’article paru le 29 novembre 1946, sous le titre « Ni victimes ni bourreaux » et le sous-titre « Un nouveau contrat social », et à la page 665 (édition folio) le paragraphe suivant, nous trouvons :
« Le mouvement pour la paix dont j’ai parlé devrait pouvoir s’articuler, à l’intérieur des nations, sur des communautés de travail et, par-dessus les frontières, sur des communautés de réflexion, dont les premières, selon des contrats de gré à gré sur le mode coopératif, soulageraient le plus grand nombre possible d’individus et dont les secondes s’essaieraient à définir les valeurs dont vivra cet ordre international, en même temps qu’elles plaideraient pour lui, en toute occasion ».
Albert Camus, né le 7 novembre 1913 à Mondovi (aujourd’hui Dréan), près de Bône (aujourd’hui Annaba), en Algérie, et mort le 4 janvier 1960 à Villeblevin, dans l'Yonne en France, voir la suite
Nota 1 : Comment Albert Camus a-t-il eu connaissance de l’expérience communautaire de Valence ? Nous trouvons dans ces carnets (cahier IV, de janvier 1942 à septembre 1945) qu’Albert Camus était à Valence en juin 1943 pour rencontrer une amie d’Alger. Est-ce pendant ce voyage qu’il fit connaissance de Marcel Barbu ?
Nota 2 : La communauté de travail Marcel Barbu prendra le nom de Boimondau en 1947