SOMODEL

 

Jean LINOSSIER, Paul HOIBIAN, Jacques CHATET

Préface de Jacques DEMARGUE et Hubert BOUCHET

Travailler autrement, SOMODEL, 1954 - 1971

Une expérience de démocratie industrielle à l’époque des « trente glorieuses »

Éditeur : l’Harmattan - 2006

1954 - Ces hommes vous invitent à suivre leur affaire

Ils sont six, et viennent de créer une entreprise d’équipements électriques, en forme de coopérative communautaire cogérée : SOMODEL, laquelle, 15 ans plus tard, dépasse 150 personnes, et ses références professionnelles impressionnent.

Trois anciens responsables retracent les grandes étapes de l'entreprise. Bien loin de la langue de bois, ils racontent leurs premiers pas dans la profession, la découverte du monde des affaires, le marché, la concurrence, le banquier incontournable...

Ils décrivent leur méthode et leurs efforts pour gérer ensemble un bien commun, concilier l’épanouissement des personnes et la rentabilité indispensable, initier « E4 ››, association professionnelle à géométrie variable, enfin affranchir le propre Bureau d’Études

SOMODEL pour en faire une entité indépendante : le CEDRE. Au bout du chemin, ils n'éludent pas la fin dramatique de leur expérience, après des succès spectaculaires...

Aujourd’hui, face à une situation pessimiste de l’entreprise et de l’emploi le lecteur ne sortira pas indemne de son voyage en terre de cogestion.

SOMODEL

Notes de lecture :

SOMODEL - Société MODerne d’Équipement Électriques fondée en février 1954 par six jeunes hommes sous le statut de « Coopérative - Communauté ». Le siège est au 153 rue Anatole France à Drancy (France).

Dès le départ, la démarche veut s’inscrire dans l’expérience de la Communauté de Travail Boimondau, ils adhèrent à l’Entente Communautaire.

Développement industriel :

Les quelques chantiers en 1954, dans la région parisienne, donnent beaucoup de travail aux six associés. La qualité des prestations est rapidement reconnue. Les formations techniques permettent de répondre à des appels d’offres plus diversifiées

Quatre secteurs d’activité : travaux publics, réseaux basse tension, équipement et secteur immobilier. Bien vite, les chantiers se déplacent principalement dans le sud de la France, avec la création d’un établissement à Toulouse.

Effectifs salariés et sociétaires :

-           1954 : 6 personnes, tous associés

-           1957 : 30 personnes

-           1958 : 60 personnes

-           1964 : 70 personnes dont 20 associés

-           1965 : 83 personnes dont 29 associés

-           1970 : 80 personnes dont 37 associés

Le nombre d’associés sera toujours en dessous de 50 %, les efforts d’information n’a jamais réussi à intéresser les salariés, répartis dans les chantiers, loin du siège de l’entreprise et donc éloignés des pratiques démocratiques.

Fonctionnement communautaire

Le capital de l’entreprise est détenu par les associés individuels (capital nominatif) et par le Comité d’entreprise (capital indivis).

Les assemblées générales rassemblaient les sociétaires et le secrétaire du Comité d’Entreprise qui représentait les non-sociétaires. Un postulant ne pouvait pas dépasser cinq ans comme non associé.

Les associés élisent les huit membres du Conseil d’Administration, qui élisent un président.

Le Conseil d’administration assume la responsabilité gestionnaire, le Comité d’entreprise assure la défense des salariés.

Beaucoup de formations sont proposées au personnel leur permettant une promotion professionnelle et l’enrichissement culturel permettant l’exercice de la responsabilité.

Bulletin d’information : Le court-circuit, fin de la parution en 1960. Difficile de transmettre une information bien comprise quand les compagnons sont dispersés et ne peuvent pas suffisamment échanger.

Pratiques communautaires :

Pour comprendre comment les salariés participaient à la vie de la communauté de travail, deux approches sont nécessaires : le métier qui oblige les compagnons à la dispersion sur des chantiers, et l’époque, quelques pratiques communautaires en 1954 ?

À Boimondau, les compagnons sont sur le même site de travail, tous les jours, la communauté est rassemblée. Ce n’est pas le cas à SOMODEL, les rencontres ont lieu chaque vendredi, à la fin du travail, au siège à Drancy

En 1954, la Règle communautaire de Boimondau a dix ans, Marcel Barbu, l’inventeur, se lance dans la construction de logements sociaux à Sannois (région parisienne), Marcel Mermoz, son successeur depuis 1946, quitte à son tour Boimondau en 1950 et pratiquement tous les compagnons de la première heure sont partis. Que reste-t-il du respect de la Règle par la première Communauté de Travail qui sera suspendu en 1958 ?

Dans ces conditions, comment les salariés de SOMODEL font vivre leur communauté ? Ils ont le désir d’entreprendre autrement, mais sont loin de s’inscrire dans l’esprit « communautaire de Marcel Barbu ».

Quelques exemples : Pas de règle communautaire propre, la famille ne fait pas partie de la communauté, pas de salaire à la valeur humaine, même si, pendant quelques mois, le salaire est égal pour tous, etc.   Ils s’en remettent à l’Entente Communautaire, c’est elle la garante de l’esprit communautaire.

Dans le livre, on parle souvent de cogestion, autogestion plus que vie communautaire.

Conclusion

Pour revenir à la réalité, la volonté des créateurs d’entreprendre autrement est à l’origine de SOMODEL. Ils s’inscrivent dans les Communautés de Travail de l’époque et l’obligation de pérenniser et de développer l’entreprise devient leur priorité. Une Communauté de Travail ne peut exister que si l’entreprise fonctionne bien et dégage des moyens pour faire vivre l’esprit communautaire.

SOMODEL dépose le bilan en 1971.

Pour aller plus loin ensemble

Date de dernière mise à jour : 21/08/2024

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