PFEIFFER, Lucien
Libre entreprise et socialisme
Éditions ENCRE
Février 1986
194 pages
L’entreprise n’a pas d’existence légale ! Cette affirmation, Lucien PFEIFFER l’explique par l’histoire des hommes qui entreprennent.
L’entreprise primitive quand nos ancêtres s’associent pour chasser, pêcher ou cueillir ensemble. L’entreprise rassemblait des femmes et des hommes pour poursuivre un but commun.
Beaucoup plus tard, pour financer les entreprises guerrières ou les entreprises maritimes, les coûts étant importants, il faut s’associer à des prêteurs. L’un prenait le risque de perdre la vie, l’autre de perdre sa mise. Chaque partie ayant son domaine de compétence.
Quelques prêteurs ayant bien réussi (ceux qui se sont ruinés sont vite oubliés), les risques sont mieux partagés, les prêteurs veulent participer aux décisions, prévoir des règles d’admission et de retrait. Le résultat est partagé.
L’entreprise n’est plus une aventure glorieuse, née alors l’entreprise « fabricante », l’entreprise pérenne quotidienne : mines, manufactures, commerces. C’est le début du salariat, les travailleurs ne sont pas des associés. Les associés sont ceux qui ne tirent pas leurs revenus de leur travail, mais de l’argent. On passe de l’entreprise des hommes à l’entreprise des capitaux.
Au 19ᵉ siècle, les capitaux nécessaires au développement industriel ne peuvent être fournis par une personne, les besoins sont énormes. Il faut s’ouvrir à de personnes qui ne se connaissent pas, il faut aussi répartir les risques. Du dirigeant qui connait les actionnaires et l’entreprise, du fait de la dispersion, tous les actionnaires ne purent influer sur le destin de l’entreprise, de là nait les « managers ».
Les capitalistes perdent de leurs moyens, sont remplacés par les épargnants. Si le capitalisme accepte de perdre son avoir, ce n’est pas de même pour l’épargnant. Le capitalisme accepte le revenu aléatoire de son capital, l’épargnant refuse cet aléa. Les épargnants se désintéressent de l’entreprise
Les épargnants individuels disparaissent, ils sont regroupés dans des institutions d’épargne et de placement : (SICAV, caisses de retraite, compagnies d’assurances, Fonds commun de placement…) qui se font une règle de ne pas intervenir dans la gestion des entreprises.
Quand les capitaux ne sont plus suffisants, c’est l’État qui va prendre les risques : sidérurgie, spécial, informatique, aéronautique.
Aujourd’hui, les fortunes sont entre les mains de quelques personnes, via des établissements financiers, l’entreprise n’est que le moyen de bons retours sur leurs investissements. L’entreprise : « des hommes qui produisent des biens ou proposent des services », assume toutes les charges, seuls les résultats va aux propriétaires de capitaux.
Lucien PFEIFFER propose de revenir à l’entreprise. Le Code civil, le Code de commerce, le Code du travail ne connaissent que la « société ». La société est un contrat par lequel deux ou plusieurs personnes conviennent de mettre en commun des biens ou leur industrie en vue de partager le bénéfice ou de profiter de l’économie qui pourra en résulter. Les associés s’engagent à contribuer aux pertes : article 1832 du code civil.
Il faut une loi qui permet la création d’entreprises avec tous les pouvoirs entre les mains des travailleurs associés. Le capital, nécessaire à la création et au développement, serait assuré par du crédit-bail.