La Règle communautaire
Durant l’année 1943, Marcel Barbu et les compagnons ont étudié la première Règle de la première Communauté de Travail qui portait le nom de Marcel Barbu. Elle est entrée en vigueur en janvier 1944. La publication (et la vente) est faite en fin de l’année 1946.
Ci-dessous l’avertissement émis par Marcel Barbu accompagné d’un formulaire :
AVERTISSEMENT
Le document qui est mis entre vos mains, date de janvier 1944 et a été élaboré au cours de l'année 1943, alors que nous tentions l'essai de vie communautaire totale décidé pour un an au cours d'une session de l'Assemblée Générale qui avait duré trois jours, du 27 au 29 décembre 1942.
La règle est, pour nous, un instrument vivant. Elle ne fait que codifier la manière de vivre, les usages admis à l'unanimité par les membres de la Communauté.
C'est un « instantané » qui fixe le visage de la Communauté à un moment donné de son histoire. Elle constitue un guide, un étalon par rapport auquel on détermine la ligne à suivre. C'est un simple instrument de travail.
La règle n'a pas, chez nous, le caractère sacro-saint qu'on lui prête dans la vie religieuse ou qu'on reconnaît à la loi dans la société bourgeoise (au moins en théorie).
Les hommes qui font la loi, c'est-à-dire nous tous, sont au-dessus de la loi. La loi est au service des hommes. Elle ne vaut qu'en fonction du but qu'elle poursuit, nous permettre de mieux vivre, de nous épanouir. Chacun, conseillé par la règle, doit ensuite la traduire dans son comportement personnel, particulier, de chaque instant.
La règle n'engage jamais l'avenir. Elle constitue une limite minimum.
Ce long préambule a pour but de vous faire comprendre que depuis 1944, bien des points se sont précisés. C'est ainsi que la morale minimum commune s'est encore enrichie. Le système de rémunération a été plusieurs fois retouché et continue de l'être. Aucun principe fondamental n'a été renié. La vie en a confirmé en tout point la valeur.
Qu'on ne s'étonne donc pas si dans nos conférences, nous ne reproduisons pas fidèlement les traits de la présente règle. Nos conférences, donnent l'image du jour.
Enfin les circonstances tragiques au cours desquelles la règle a été établie n'ont pas permis de la terminer complètement.
C'est ainsi que nous n'avons pu retrouver que des fragments du chapitre VI (organisation exécutive), nous le reconstituons et il sera publié ultérieurement. Les chapitres 9, 10, 11, 12, n'ayant jamais été terminés, seront refondus et publiés au cours de l'année 1947.
Telle quelle, la règle donne déjà des indications précieuses sur le fonctionnement de la Communauté et sera utile à ceux qui veulent comprendre notre esprit, la profondeur, de la réforme que nous proposons et sont décidés à passer à l'action.
A la fin du chapitre II « Acte de constatation » est inscrit la liste des compagnons et de leur famille, et la liste des postulants, comme étant signataires de cette règle rédigée en 1943. Il faut se remettre à cette époque : les compagnons sont dispersés, certains à la ferme de Mourras ou à l’usine à Valence, d’autres à Besançon à l’entreprise de Marcel Barbu, d’autres dans des fermes amies, pour se cacher, et ceux qui ne risquaient pas de partir en Allemagne, travaillaient dans des ateliers clandestins à Valence.
Certains compagnons ont « découvert » la Règle bien après la fin de la guerre.