Et de suite, M. le Maire ayant chargé le colonel de faire prêter le serment civique, ce dernier, à midi précis, a dit et haute voix :
Citoyens français, et vous, gardes nationales, levons la main ä la face de l'Être Suprême, et prêtons le serment que à tous nos frères prêtent en cet instant, d’être fidèles à la Nation, à la Loi et au Roi ; de vivre et mourir libres ; de verser, s`il est nécessaire, jusqu’à la dernière goutte de notre sang pour le service de la Patrie et l’exécution des décrets de l’Assemblée nationale. Faisons aussi le serment de regarder tous les Français comme nos frères et enfants d'une même famille !
Alors les assistants, pénétrés de la grandeur du serment, ont répondu avec enthousiasme : Nous le jurons! Nous le jurons!
Cette cérémonie religieuse étant finie, la troupe s’est mise en marche dans le même ordre qu’elle était venue, et aux cris de : Vive la Nation ! Vive la Loi ! Vive le Roy ! Jusque sur la place d’Armes. La troupe et les citoyens se sont partages eu quatre parties égales et sont allés prendre en commun un repas civique et fraternel, où les santés les plus chères ont été portées. L’effusion du cœur, de l’amitié et de lu fraternité y ont régné dans toute leur pureté.
Cette fête, à jamais mémorable pour ce bourg, s’est terminée par un feu de joie et une brillante illumination générale qui a duré toute la nuit. Les citoyens, en général, de tout sexe, après avoir fait plusieurs farandoles au son des instruments, se sont retirés pour se reposer et reprendre, demain, leurs travaux de la campagne, sous une Constitution qui leur assure la liberté, regrettant que leur fortune et les pressants travaux ne leur aient pas permis ile célébrer cette auguste fête pendant plusieurs jours et avec plus de pompe.
De tout quoi, nous avons dressé le présent procès-verbal. M. le Maire, et M. le Colonel des gardes nationales, étant chargés d’en adresser deux copies collationnées au Président de l'Assemblée nationale, avec prière d’en vouloir bien présenter une à nos augustes représentants, qui ont tant de droit, par leurs vertus, à notre reconnaissance, nous glorifiant d’avoir été les premiers Français qui aient juré sur leurs armes de soutenir leurs décrets dans la Fédération qui eut lieu dans notre plaine d’Ét0íle, le 29 novembre 1789, et l’autre que nous le prions aussi de vouloir bien faire agréer à Sa Majesté, comme un tribut que nous devons aux vertus de ce grand monarque, qui est le restaurateur de la Liberté et qui, ii ce titre, mérite tous nos hommages et respects. Enfin, une troisième sera transmise à M. de LAFAYETTE. commandant général des gardes nationales de Paris, en témoignage de ce que nous devons à ses vertus, à ses talents et son patriotisme à toute épreuve, le priant de vouloir bien la Communiquer il nos chers Frères, les gardes nationales de la capitale, en les assurant, de notre part, que nos biens, nos vies sont à leur service, et avons signe :
MELLERET, ROUX, maire ; MARGERIE, BORNE, DESAYMARD, CHAIX, curé et aumônier ; CROZAT, notable ; Marcellin FREYSSIN, SERVAT, CHARIGNON, SAYN, officier municipal ; MARTIN, RAMUS, BORNE, Jullien MELLERET, SAUSSE, CHAMON, MELLERET, grenadier ; ROBERT, major de place ; CHARIGNON, Jean POINT, etc.