La Communauté Marcel BARBU dans la Résistance

midy Par Le 13/10/2024 à 15:44 0

Visite de Combovin le 6 octobre 2024


Dimanche 6 octobre à 14 h 30
COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION

COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION

 

Cette visite fait partie de plusieurs visites organisées par « Pays d’Art et d’histoire » de l’Agglo Valence-Romans, et rappelle la libération de la Drôme en août 1944.
À la mise en place du STO, Combovin, qui abrite la communauté de travail Boimondau depuis le début de l’année 1943, devient un foyer de la Résistance. Jusqu’alors relativement épargnée, la commune subit les représailles allemandes qui détruisent le cœur du village et occasionnent de nombreuses victimes parmi les civils et les résistants.
Les Compagnons de la Communauté Marcel Barbu apportent aide et soutien à la population et à la Résistance.

COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION

Photo : c’est dans la ferme « Gambetta » que c’est déroulée la formation des cadres de la Résistance.

Quelles sont ces personnes qui, en début 1943, viennent troubler la quiétude des habitants de Combovin ?
La communauté Marcel BARBU, c’est d’abord une entreprise : Boitiers de Montres du Dauphiné, qui donnera le nom de Boimondau après la guerre. C’est aussi un groupe de personnes qui veut créer une autre société : une communauté d’hommes et de femmes, mobilisée pour changer de vie, basée sur la confiance, la solidarité…
L’entreprise n’est que le moyen de subvenir aux familles, mais en période de guerre, ce n’est pas suffisant : la population manque de tout.

Tout se passe bien pour les compagnons pendant le premier semestre 1942 : la production réalisée dans les ateliers de Valence augmente et l’esprit collectif évolue. Les familles se rencontrent souvent et apprennent à se connaitre.

Le 22 juin 1942, Pierre LAVAL annonce la mise en place de La Relève, c’est-à-dire, que trois travailleurs français volontaires vont travailler en Allemagne pour permettre le retour d’un prisonnier français. L’objectif est d’atteindre le retour de 50 000 prisonniers grâce au départ 150 000 ouvriers français.

Vif débat dans la Communauté. Marcel BARBU, maréchaliste comme beaucoup de Français, pense dans un premier, temps que la Communauté ne peut être amputée d’un de ses membres.

Tous les membres doivent se déclarer volontaires si l'un d'entre eux recevaient, du gouvernement, l'ordre de partir. Les membres de la Communauté ne se proposant pas comme volontaires, mais étant décidés, par discipline, à obéir à un ordre du gouvernement.
MOTIFS :    

1°) Nous avions donné notre confiance au Maréchal.
2°) Le Maréchal semblait couvrir le gouvernement.
3°) Le gouvernement seul avait en mains les éléments d'appréciation
4°) Ayant fait confiance au Maréchal, nous avions le devoir de lui obéir sans discuter.

Lettre de la Communauté au maréchal PÉTAIN

Bien vite, le doute s’installe.
Fin août 1942, la Communauté s’oppose à l’envoi d’un de ses membres en Allemagne dans le cas de la Relève.

Avant la fin de l’année 1942, les évènements s’accélèrent :
Marcel BARBU est incarcéré à Fort-Barraux par l’arrêté du Préfet de la Drôme du 28 octobre 1942 :

 

COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION 

Considérant que Mr BARBU, industriel à VALENCE, a engagé ses ouvriers à opposer un refus aux demandes d'engagement pour le recrutement de main d'œuvre en Allemagne.
Qu'ainsi qu'il reconnaît, il s’est entendu avec son personnel pour opposer par tous les moyens aux mesures prévues par le Gouvernement en vue de la "Relève".
Que cette attitude est non seulement inadmissible nais encore dangereuse pour l’ordre public.

 

Le 11 novembre, la zone sud est envahie par les troupes italiennes et allemandes.
 

Depuis Fort-Barraux, BARBU ne baisse pas les bras.
Témoignage de Roger STÉPHANE :

 

12 novembre 1943 : Car depuis deux jours, BARBU ne médite rien de moins qu’une évasion collective, précédée, si cela est nécessaire, d’une révolte. Et il voulait savoir combien Uriage pourrait héberger de fugitifs, et ce que l’on en pourrait faire.
14 novembre : La révolte couve. BARBU ne veut pas d’un mouvement dont tous les politiques ne bénéficiaient pas.
… Sa bonhomie, son courage, son intransigeance ont surpris les communistes eux-mêmes.

 

[Pages 259-260 « Chaque homme est lié au monde, Roger STÉPHANE]

La Relève n’a pas donné les résultats escomptés, instauration du STO par la loi du 16 février 1943

Après deux mois d’emprisonnement, Marcel BARBU décide de « mettre à l’abri » les hommes de la communauté qui risquent d’être obligés de partir. Chose faire par l’achat de la ferme de Mourras, il envoie une lettre à Pétain.

Le 2 mars 1943,
Décision unanime de pousser ce refus jusqu'à la perte de nos libertés et même de nos vies.
1°) Dans des conditions que nous ne pouvons relater, nous avons acquis la certitude absolue de ce que le Maréchal considérait la relève comme une duperie et voudrait pouvoir conseiller publiquement l'abstention (chose qu'il ne pouvait matériellement pas faire).
2°) Les événements nous ont démontré (occupation de la zone libre, volontariat forcé, départs massifs en Allemagne) que nous ne pouvions même plus continuer à considérer le Maréchal comme étant en mesure de défendre et diriger librement notre pays.
3°) Aimant avec passion notre pays, nous considérons :
1°) Que nous ne devons rien attendre de l'étranger quel qu'il soit et que seuls les Français sauveront la France, que c'est donc un devoir, pour un français, de tout risquer pour demeurer à son poste, en France.
2°) Qu'il n'est pas question, pour la France, d'une victoire militaire, de qui que ce soit à son profit.
3°) Qu'il est heureusement d'autres victoires plus utiles et plus durables que la victoire militaire.
4°) Que la mission de la France est de trouver, pour le reste du monde qui se bat, la solution qui, après la bataille, lui procurera la paix sociale.
5°) Que le communisme n'est dangereux que dans la mesure où l'on ne peut le dépasser par des réalisations sociales plus juste et plus humaine que les siennes.
6°) Qu'il nous faut préférer une franche oppression à cette fausse et donc honteuse collaboration.
7°) Que nous ne pouvons plus accepter le principe du chantage aux "représailles" au moyen duquel le vainqueur peut nous faire accepter toutes les lâchetés.
8°) Qu'un retour au passé est absolument impossible. Qu'on ne nous parle donc pas d'aménagement du capitaliste ni du libéralisme.

Combovin accueille ainsi des personnes « libres, résistantes et révolutionnaires ».

Pendant le premier semestre 1943, toutes énergies sont tendues vers le développement de l’activité de la ferme et la rédaction de la Règle communautaire.


Marcel BARBU est contacté pour participer à la mise en place d’une école de cadres de la Résistance. La communauté assure la logistique : repas, animations.
Cette aide à la Résistance permet d’organiser cette école rapidement et dans de bonnes conditions.


COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATIONLe camp école fut installée à la ferme Gambetta à moins de deux kilomètres de la ferme de Mourras. Le responsable de la formation est le lieutenant Roger GUIGOU. Les stages durent quinze jours, il y a eu trois sessions entre juillet et août 1943.
Ce lieu a été choisi parce que la Communauté Barbu apporte son aide matériel, principalement le ravitaillement. Les repas sont préparés par la Communauté.
Les stagiaires couchent à proximité de la ferme Gambetta, et passent leur temps libre, principalement les dimanches, à la Communauté, pour participer à des conférences, la messe le dimanche.

Témoignage de Léopold ROSTAND, troisième session
 

… Après une bonne heure de marche et d’escalade… nous débouchons, sans transition, sur le plateau. C’est un vaste espace qui comporte des terres labourées, des amoncellements de grosses pierres, des prairies naturelles et qui est ceinturé au loin par des falaises rocheuses et des collines à la végétation rabougrie et parsemée de bosquets d’arbres de taille moyenne.

Nous distinguons bientôt la ferme de Mourras vers laquelle nous nous dirigeons.
Nous constatons, à mesure que nous nous rapprochons, qu’autour du bâtiment principal, existent des constructions plus légères et nous commençons à percevoir le bruit d’un moteur à explosion, bruit qui est vraiment insolite en ce lieu où tout semble calme.
C’est donc cela « l’usine de la Communauté BARBU », dont m’a parlé longuement parlé MICOUD : il s’agit d’ateliers de fabrication de boites de montres.
Nous n’avons pas le temps de nous étonner de cette présence « industrielle » sur ce plateau isolé. Dès notre arrivée, un homme jeune, en uniforme d’officier, nous fait signe d’approcher. Il est entouré de quelques garçons de notre âge. Il vérifie, d’après nos dires, que nous sommes bien ceux qu’il attend et se présente :
Lieutenant DARFEUIL, responsable du stage de formation de l’Armée secrète.
[Roger GUIGOU]

Nous mangeons dans le réfectoire commun avec les ouvriers-Compagnons de l’usine BARBU.

Ensuite, nous reprenons nos sacs, nous traversons une partie du plateau pour monter en pente douce vers une clairière située à 1 500 mètres au sud-ouest de la ferme de Mourras.

[L’histoire des maquis PIERRE, Pages 100 à 117, Thierry CHAZALON  COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION]

Photo ci-dessus : Dessin de Roger GUIGOU réalisé en 2024 par l’artiste Christian GUÉMY , sur un mur de l’ancienne poste de la commune de Saint-Julien-en-Vercors (Drôme). Voir plus de détails dans le bulletin municipal, page 37  COMBOVIN 1944, L’ÉTÉ DE LA LIBÉRATION

Tous les habitants, doivent aller, à leur tour, garder les voies de communication.
Au début de l’année 1944, les plus jeunes des compagnons ont l’idée d’empêcher le transport des gardes voies.
Tôt le matin, ils attendent le camion prêt du pont à l’entrée de Combovin, ils arrêtent le camion et le mettent en panne. Cette action fait écho à la lettre du maire de Combovin au préfet de la Drôme le 25 janvier 1944 : J’ai affirmé à mes concitoyens que j’obtiendrai pour eux la dispense d’aller garder les voies. Je les affecterai à la garde de leurs foyers. Ils ne peuvent, et je les comprends, accepter de voir partir tous les hommes valides du village au risque de trouver en rentrant, leurs familles massacrées.

Texte de Gabriel MONNET :
PREMIERS RAYONS D’UNE AUBE


Les pauvres gens doivent demain garder les voies.
On leur dit : « vous le devez »… et ils le croient.
Inondés de devoirs, aveugles de leurs droits
Ils iront…
Mais qui donc gardera leur maison ?

Il est quatre heures du matin, la circulation est encore interdite.
Un moment noir avec du brouillard et les maisons dorment encore.
Six ombres étranges ont cheminé sur les sentiers noirs et boueux.
Elles sont maintenant près du petit pont à l’entrée du village.
Brrr ! Qu’il fait froid !
Mais ils chantonnent, les oiseux de la nuit,
Avec de temps en temps, un chuchotement complice… et joyeux.
Chut ! Le bruit d’un moteur.
Ce doit être sans doute le véhicule confortable improvisé pour les gardes voies infortunés.
Le voilà !
Les deux phares dans la nuit, comme deux yeux stupides !
Halte !
Les six sont en travers de la route.
On ne passe pas !
L’un d’entre eux
Qui n’a, morbleu, pas froid aux yeux,
S’approche du chauffeur et lui tient ce langage :
Monsieur… il ne faut pas entrer dans le village
On vous attend ? Fort bien
Mais il faut justement, vous faire tant attendre
Que l’on ne vous attende plus.
Ayez donc la bonté de rebrousser chemin.
Le bonhomme, ahuri, en perd sa contenance…
Un frisson le parcourt, de la nuque au derrière !
C’est assez inquiétant, de faire machine arrière.
Apaisez-vous, ami, vous ne craignez rien
Stop ! Arrêtez-vous là, sur le bord du chemin.
Montrez-nous maintenant quelle panne sérieuse
Nous pourrions infliger à votre mécanique.
Et tous, de rechercher, quelque organe vital du petit animal.
Ce petit machin là ? D’accord… cric-crac ! Cassée la mécanique.
Vous pourrez alerter dans deux heures, pas moins,
Les gens qui vous envoient, soyez discret surtout.
Nous comptons sur vous… Au revoir, bonne chance.

Ce matin-là, une aube se levait, grise certes encore.
Les paysans ne comprenaient pas très bien pourquoi
Ils étaient encore là, et le sourire si doux des gens d’en-haut
Qui leur disaient : « Bonjour ».


[Le Lien N° 10 du 25 février 1944]

Un jeune homme est assassiné à Combovin par des soldats allemands le 21 janvier 1944.
Le maire a peur, la population se terre.
Le corps est criblé de balles. Aucun papier sur le cadavre ne permet de l’identifier. Il est inconnu de la population et de la Communauté Marcel Barbu, qui est absent de Combovin. À son retour, il est furieux, la peur des représailles ne justifie pas que le corps de cet inconnu soit enterré en catimini.
La Communauté prend les choses en main ! Elle organise une cérémonie à l’église de Combovin.
Elle prend contact avec le maire, le curé, le pasteur
Mobilise la chorale de la communauté, qui répète les chants pour la cérémonie religieuse.
Informe toute la population et envoie des invitations écrites à ceux qui sont trop éloignés.
Après la messe, toute la population se rassemble au cimetière autour de la tombe recouverte de fleurs et d’un drapeau français.

Un autre événement ce même jour que le maire retrace dans sa lettre au préfet de la Drôme :

Le 21 janvier, vers 11 heures du matin, plusieurs camions chargés de soldats allemands sont arrivés à Combovin.
Ces camions se sont arrêtés à la hauteur de la ferme de Monsieur PLANEL, sur la route qui conduit du village à la plaine de Marquet. Les soldats allemands se sont dirigés vers la ferme de Mr. PLANEL. Les chiens de cette ferme donnèrent l’alarme. Mme PLANEL vint pour calmer ses chiens. Les soldats allemands  ouvrir alors le feu contre les chiens, sans raison apparente et sans se soucier de la présence de Mme PLANEL. Un chien fut tué, mais, et ceci est plus grave, Mme PLANEL fut blessée d’une balle à la jambe.


[Lettre du maire de Combovin au préfet de la Drôme le 25 janvier 1944]

À sa façon, Gabriel MONNET, compagnon communautaire, nous raconte l’histoire.
SOUFFRANCES

 

Le vent d’hiver est comme un long gémissement de lassitude lourde.
Dans la cour de sa ferme,
Un du village tient sa mère dans les bras…
Elle a du sang tout plein son bras,
Que semble encor lécher le bon chien couché sur les flancs.
L’œil terne.

Dans le bois d’alentour,
Il y a là,
Sur le sol de mousse et de feuilles mortes,
Un cadavre pitoyable.
On distingue à peine en cette fin de jour :
Un inconnu, visage de vingt ans,
Déchiré par les balles et barbouillé de sang…
Et des vêtements misérables.

Le ciel d’hiver est venu comme un grand silence,
Les yeux des paysans disent la triste acceptation
Ils ont vu tout à l’heure des soldats, des camions.
Des armes le long du chemin.
Étonnement, brutale stupéfaction.
Est-ce possible !
Cet appareil de mort en ce lieu si paisible.
Et maintenant qu’ils y pensent : tout ça pour un gamin ?
Et pourquoi la blessure à la vieille maman du copain ?
Mais, pourquoi ?…
Qu’est-ce qu’ils sont venus faire.
Les hommes verts et puis la guerre ?

Le même soir, à la veillée, c’est le même silence
Une confusion douloureuse dans ses âmes tant rudes,
Ils ne savent plus… plus…
Ils avaient une ferme, des bois, un village, une France
C’était à eux,
Il faisait bon sentir tout ça dans son cœur
(Mais l’avaient-ils un jour senti ?).
Hélas !
Ils allaient se coucher en haussant les épaules
Et laisser faire, et laisser dire et travailler
Et puis pleurer et puis crever !…
Le vent d’hiver est comme un long gémissement de lassitude lourde.


[Le Lien N° 10 du 25 février 1944]

Bombardement de Combovin le 22 juin 1944.
Les témoignages directs sont peu nombreux sur cette journée, mais la Communauté a apporté son aide dans la limite de ses moyens.

Témoignage de Marcel [Gilles] MERMOZ, qui avait 15 ans au moment du bombardement de Combovin.


Je suis descendu à Combovin pour aller chercher du pain. Les avions piquaient sur Saint-Raymond et suivaient, avec beaucoup d’habilité, la vallée pour attaquer Combovin.
Je me suis replié à Saint-Raymond, où j’ai retrouvé Guy ROLLAND.
Sur avis de Marcel MERMOZ, nous sommes montés sur le plateau.
J’étais à côté d’un chef du maquis qui avait une mitrailleuse 12,7.
Les Allemands ont mis deux heures avant d’envoyer une dizaine de camions bâchés. On voit monter les camions sur la pente qui allait sur le plateau, il y a eu un seul tir de mitraillette, puis le tireur s'est retiré.
Je ne sais pas si des grenades ont été envoyées sur les camions allemands.


[Propos recueillis le 10 novembre 2010, à Paris]
[Marcel MERMOZ, fils, signe ses articles Gilles MERMOZ]

Témoignage de Marcel MERMOZ.


Désormais, c'est la vie fiévreuse des troupes. Exercices de tir, liaison, sentinelle, garde. On nous affecte à la défense de la pointe de Chalamet.
Le 22 juin, alors que nous nous apprêtons à monter sur le plateau, huit Messerschmitt passent et repassent au-dessus de nous et bombarde le village de Combovin. Une heure après, trois autres mitrailleurs attaquent le plateau et forcent le passage. Ils incendient cinq camions, brûlent la ferme de MARQUET et font sept morts, dont les postiers MOUNIER et LOYENNET.
Avant de partir, les allemands tirent des coups de feu sur Saint-Raymond et incendient la ferme BOISSONNIER.
LESBORDES et le groupe de la Communauté éteignent l'incendie.

René LADET, qui occupe le plateau de Marquet avec ses hommes ;
 

Le lendemain, lorsque madame FAURE est passée, assise sur la banquette de la charrette qui transportée le cercueil de Lucien, Marcel MERMOZ tenant le cheval par la bride et marchant au pas de la bête.  

Après le 6 juin 1944, les relations entre la Résistance et la Communauté s’intensifient.
Sous l’autorité de Marcel MERMOZ, BARBU est à la prison de Fresnes depuis le 17 avril 1944, la Communauté fournit une aide précieuse dans le ravitaillement, le transport d’armes ou pour accompagner les blessés.

Dans ses mémoires, René LADET relate trois faits :
Le ravitaillement :

Je prends contact avec Marcel MERMOZ, responsable de la Communauté BARBU, replié à la ferme Saint-Raymond,, ou l'on accède par une route partant du village de Combovin, en suivant une vallée, sous le plateau Marquet MERMOZ est bien organisé, ses hommes sont armés et connaissent parfaitement le secteur. Nous faisons des échanges, saucissons-conserves, contre lait, beurre et quelques légumes.

Aide pour transporter le matériel :

Le 11 juin au matin, nous nous installons à la ferme BOISSONNIER Firmin à côté de Mourras. Le brouillard très dense enveloppe tout le plateau, ce qui ne facilite pas notre marche. MERMOZ, avec trois de ses hommes, nous donnent un coup de main ; avec un traîneau tiré par une paire de bœufs, il transporte notre ravitaillement en plusieurs voyages.

Dix Gammons explosent, le 28 juin 1944 :

Alors que nous allions prendre nos emplacements de combat, il se produit une violente explosion. Le sac de dix gammons que porte SIMERY a sauté ! Élisée SIMERY est tué sur le coup, son corps est déchiqueté par l'explosion.
Alexandre BEAUFRETON, Édouard LECAM, Léonce FERRIER, sont blessés ; deux autres hommes sont plus légèrement touchés. Je suis gravement blessé, car j'étais à un mètre cinquante de SIMERY ; je lui expliquais la position qu'il devait occuper avec ses camarades. Je suis K.O. perte de l’œil droit, traumatisme crânien, tendon de la cheville droite sectionné et de très nombreux éclats aux membres inférieurs. J'ai perdu connaissance.
Les jeunes Sous-Lieutenants Gérard LEHMANN et Michel PLANAS, qui font leurs études de médecine, nous soignent et nous protègent de leur corps à chaque passage des chasseurs allemands qui nous mitraillent.
J'ai de courts instants de lucidité et je comprends que l'on est assez inquiet sur mon état. Ce pessimisme de PLANAS et de LEHMANN me trouble. J'ai le temps de passer le commandement de la Compagnie au Sous-Lieutenant Dominique SANTELLI alias Bruno, en lui demandant de poursuivre le combat jusqu'à la victoire, d'embrasser pour moi ma famille et ma fiancée ; puis à nouveau, c’est le trou noir. (Je ne reprendrai connaissance que le 1er juillet à l'hôpital de Die).

J'ai appris, par la suite, que l'on m'avait descendu à la ferme de Saint-Raymond, que MERMOZ et ANSINELLI m'avaient veillé toute la nuit, que le lendemain 29 juin, la camionnette, qui avait transporté le corps d'Élisée SIMERY au cimetière de Combovin, est venue me prendre, pour me transporter, ainsi que les trois hommes blessés de ma Compagnie, à l'hôpital de Die où nous sommes arrivés le 30 juin dans la soirée, après avoir passé la nuit à l'infirmerie de l'Escoulin.

Dès notre arrivée à l'Hôpital de Die, nous avons été opérés par les docteurs RIGAL et LAIGLE, tous deux chirurgiens à la Clinique Saint-Joseph à Valence. Ces deux médecins ont rejoint le Maquis le 6 juin 1944. Avant cette date, ils étaient dans la Résistance et soignaient nos blessés à la Clinique Saint-Joseph où ils les camouflaient.
Je tiens à souligner le courage et le patriotisme de ces praticiens, des infirmières également, qui n'ont pas hésité à prendre des risques énormes, pour se mettre, sans restriction, au service de leurs amis de toute la Résistance.

À mon réveil, je suis d'abord très surpris de me retrouver dans un lit et surtout dans des draps blancs. Je ne sais où je suis.

La bonne figure de notre jeune ami Édouard BRAVAIS me rassure. Il était à mes côtés depuis mon arrivée…

[René LADET, Ils ont refusé de subir, La résistance dans la Drôme]

Par tous les moyens, Marcel BARBU tente de créer une « bulle » dans laquelle sa communauté naissance peut se développer.
Il se méfie de tout ce qui peut mettre en danger les Compagnons et leurs familles, et son projet communautaire.

-les entreprises capitalistes qui voient d’un mauvais œil l’entreprise Marcel BARBU, qui embauche, paie mieux ses salariés et les forme.
-les autorités et administrations civiles, qui veulent s’immiscer dans la vie de l’entreprise.
-Les troupes d’occupation allemandes et leurs collaborateurs français, qui répondent par la destruction.
-mais aussi les Résistants, qui occupent Combovin et attirent les représailles.

Marcel BARBU et ses Compagnons résistent, s’opposent, à tout ce qui peut entraver leur marche en avant. Ils ont pris leur part dans l’organisation de la Résistance.
Ils ont choisi leur camp, être du côté des opprimés.

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