Jacques Bergez, né à Besançon, résistant, arrêté à 17 ans et déporté. Il habitait à Besançon en 1940 avec sa mère et ses jeunes frères et sœurs :
« J’avais 14 ans et demi en juin 1940.
On dit que l’armée allemande est aux portes de la ville. Les appartements du quartier sont silencieux : dans un triangle avec rue Pierre Leroy, la rue Félix Vielle et la rue Labbé, il y avait 3 maisons - Habitations Bon Marché (HBM) construites en 1933, sur les 24 appartements, nous restons les derniers.
Le 15 juin, ma mère ferme la porte de notre appartement au 1 rue Pierre Leroy, à quelques pas de l’école d’horlogerie. Nous portons chacun deux valises, plus petites pour mon frère et ma sœur. Péniblement, nous nous frayons un passage dans le flot ininterrompu de femmes, d’enfants, de vieillards et de militaires en retraite venant de Belfort, Vesoul et Gray, et nous prenons la direction de la gare Viotte.
Sur la première voie, un train attend pour partir. Nous parvenons à trouver quatre places. Nous hissons les bagages et attendons le départ. Après deux à trois heures, tenaillés par la faim et la soif, ma mère décide de retourner à l’appartement.
Retour à l’appartement. Les volets restent fermés. Les valises sont défaites. Maintenant, il va falloir vivre :
« On lui a dit et répété qu’il ne fallait pas faire de réserves de provisions, en tant que femme d’officier, elle devait être exemplaire ».
Mais maintenant comment vivre ?
Par une fente dans les volets, je vois arriver les Allemands, une brève fusillade éclate avenue Charles Siffert. Surtout ne pas bouger et attendre.
Le lendemain, comme d’autres, je m’aventure et je vois 4 à 5 corps de militaires français le long de la société des Compteurs.
Dans la ville, c'est le désordre, la population est abandonnée. Il n’y a plus de responsables, ils ont déserté
Marcel Barbu a pris les choses en mains, de sa seule initiative.
Il s’est déjà occupé des cadavres que personne ne voulait approcher.
Puis, il s’est attelé au ravitaillement. Et il s’est imposé pour faire régner l’ordre.
Il s’est occupé de tout, même des prisonniers français à la caserne Vauban, je voyais bien ce qui se passait, la caserne est proche d’où nous habitions.
Après avoir consommé le peu que nous avions, ma mère a pris contact avec Marcel Barbu dont la famille habitait le même quartier. Si nous avons pu avoir à manger, c’est grâce à l’action de Marcel Barbu.
En 1965, lors de sa candidature aux élections présidentielles, je n’étais pas toujours d’accord sur ce que disaient des journalistes. Je me suis permis d’écrire à l’un d’eux. Ils ne connaissaient pas l’homme, ce qu’il avait fait.
Pour ma mère, Marcel Barbu reste un homme extraordinaire. »