Un bienfaiteur du Patro : 1940-41
Fin 1940, le rationnement s'instaure. L'hiver, le Patro a son port d'attache au 37 dans la maison à gauche de l'escalier en pierre du fond de la cour (qui mène à la cour du dessus). Dans les escaliers de bois pour monter dans la grande salle, c'est une galopade effrénée qui soulève un nuage de poussière. Lorsqu'il pleut, la terre colle aux semelles des chaussures, les escaliers et les planchers en sont bien pourvus. On n'ose même pas balayer, car le plafond est assez bas. Cela fait partie de l'ambiance !
Un jour, je me souviens de l'apparition d'un monsieur de trente-trois ans, fort gentil, accompagné de ses enfants et de sa femme. Il nous offrit un bon chocolat chaud, une véritable aubaine pour les petits gars de Battant toujours affamés ! Les abbés et quelques grands qui les aident sont heureux de ce soutien inespéré.
Ce monsieur s'appelait BARBU, ce qui nous fit rire, car il était sans barbe ! Vite nous eûmes du respect pour ce bienfaiteur et animateur occasionnel du Patro. Il aimait les enfants et notre nombreuse troupe ne lui faisait pas peur.
Il réitéra ses apparitions appréciées en meublant nos après-midi pluvieuses d'hiver par diverses activités. On apprit des chants de Noël et d'autres, on vit des Tintin projetés sur un drap ; il nous apprit des jeux de groupe, en s'investissant beaucoup au milieu de la marmaille heureuse. Monsieur BARBU m'a laissé le souvenir d'un homme bon, dévoué et désintéressé… Un jour, nous ne le revîmes plus… et on l'oublia.